LQJ-271

Dès la fin des années 1960, la diffusion des moyens contraceptifs et la planification des naissances ont libéré les femmes des contraintes physiolo- giques de grossesses non désirées. Mais à l’aube du XXI e siècle, différentes études scientifiques estiment que l’infertilité des couples devient préoccupante. Face à la demande croissante de couples en mal de bébés, le monde médical améliore constamment les techniques de procréa- tion, suscitant moult questions éthiques. Alors que la France prépare une nouvelle loi de bioé- thique prévue pour la fin de l’année, le LQJ fait une incursion dans la “nouvelle fabrique des bébés” 1 . DOSSIER PATRICIA JANSSENS C ’est un euphémisme que de souligner que la “pilule” a provoqué en cascade la remise en ques- tion des structures familiales et donné une liberté nouvelle aux femmes. Celles-ci ont eu la possibilité d’en- tamer des carrières autrefois réservées aux hommes. Mais elles n’ont pas renoncé pour autant à porter des enfants. Jusque dans les années 1980, une méthode – et une seule – avait fait ses preuves pour faire un enfant : lors d’un rapport sexuel entre un homme et une femme, un spermatozoïde rencontrait un ovule. L’œuf ainsi conçu se développait en embryon, puis en fœtus dans l’utérus et, neuf mois plus tard généralement, si tout se passait bien, donnait lieu à un bébé. Cette méthode n’a cependant jamais été et n’est toujours pas efficace à 100%. Selon certains chiffres récents de l’OMS, l’infertilité des couples est en hausse et devient un problème de santé mondial. Elle concernerait un couple sur cinq en Belgique. Une des explications, semble-t-il, tient au fait que, dans les pays occidentaux, les jeunes décident d’avoir un enfant de plus en plus tard. Or la qualité des gamètes décline avec l’âge et si l’espérance de vie a augmenté très sen- siblement, celle des ovaires n’a pas suivi la même courbe ascendante, loin s’en faut. 50 ans après la diffusion des moyens contraceptifs qui ont donné aux femmes la maî- trise des naissances, c’est à un désir éperdu de grossesse que les médecins font face actuellement. Faisant fi de tout romantisme, les laboratoires s’invitent dans la sphère de notre intimité. Détail intéressant : aujourd’hui, la lutte contre l’infertilité est devenue un marché mondial évalué à 2 milliards de dollars 2 . 1980, LA RÉVOLUTION En matière de procréation, le tournant se situe à la fin des années 1970. C’est en effet en 1978, le 25 juillet exactement, que naissait en Angleterre Louise Brown, premier “bébé-éprouvette” au monde. Puis viendra Amandine en France (1982) et, l’année suivante, le pre- mier “bébé-éprouvette” belge est déclaré à Louvain. La Belgique fait partie des États pionniers dans ce domaine : le taux de “procréation médicalement assistée” (PMA) par habitant y est l’un des plus élevés d’Europe. « La loi belge de 2007 qui la concerne est assez libérale , explique Géraldine Mathieu, maître de conférences en faculté de Droit (ULiège et UNamur). Elle n’intervient qu’à la marge, laissant une grande liberté de condition aux hôpitaux et aux parents. Les techniques sont accessibles à toutes les septembre-décembre 2018 / 271 ULiège www.uliege.be/LQJ 31 /1%6,(* .%&# 1 Natacha Tatu, La fabrique des bébés , Stock, Paris, février 2017 2 L’OBS, n°2784, 15-21 mars 2018

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