LQJ-271

I l y a cinq ans, l’offre socio-culturelle liégeoise connaissait un renouveau saillant, avec la création de la Maison des sciences de l’homme (MSH) et de la Cité Miroir ainsi qu’avec l’installa- tion du Théâtre de Liège face aux bâtiments universitaires de la place du 20-Août. À regarder dans le rétroviseur, on se dit sans trop craindre l’illusion d’optique que ce laps de temps fut aussi particu- lièrement éprouvant pour les valeurs d’ouverture et de mul- ticulturalité défendues par ces trois acteurs. De la politique migratoire de l’Europe à la dif- ficile transition écologique, de la montée des extrémismes aux initiatives citoyennes por- teuses d’espoir : entre 2013 et 2018, le sentiment diffus d’un moment de bascule face auquel la responsabilité de chacun est engagée n’a cessé de croître. Dans le contexte où la fébri- lité le dispute à la nécessité de prendre du recul, les colla- borations que ces trois struc- tures ont nouées entre elles mais aussi plus largement avec le monde universitaire, de même qu’avec d’autres partenaires culturels, asso- ciatifs ou économiques appa- raissent, comme un atout majeur. « Je pense qu’à Liège, nous avons collectivement cette capacité de réagir à ce qui est inacceptable » , estime Jacques Smits, administrateur délégué de l’asbl Mnema qui gère la Cité Miroir. Pour Serge Rangoni, directeur du Théâtre de Liège, la synergie est réelle et croissante en Cité ardente : « Ce qui a changé au cours des dernières années, c’est que ces acteurs travaillent bien davantage en connexion qu’en concurrence. » L’urgence des enjeux, certainement, n’y est pas étrangère. « Nous devons en faire davantage dans un contexte où l’enjeu éthique à la fois inquiète et fait vibrer, et où l’indignation s’articule parfois difficilement à un engagement au long cours », estime à ce propos Rachel Brahy, coordinatrice de la MSH. Pour que l’engagement reste signifiant, rien ne sert de courir. Il y a cinq ans, on partait de rien; aujourd’hui, il s’agit de ne pas perdre de vue la ligne d’horizon. « Lorsque nous avons fondé la MSH, rappelle Rachel Brahy, le terme de citoyenneté était encore assez rare. Maintenant, il est très utilisé jusqu’à être parfois dévoyé. Il existe une dérive populiste à laquelle il faut être attentif. La citoyenneté ne peut pas devenir uniquement un argument marketing. » Jacques Smits l’affirme également : la notion de citoyen- neté n’a de sens que reliée à l’action. « La citoyenneté est étroitement liée à l’émancipation. Exercer sa citoyenneté, c’est être libre d’exprimer une position construite sans idée toute faite et en se fondant sur le libre examen. Mais À Liège, nous avons collectivement cette capacité de réagir à ce qui est inacceptable J.-L. Wertz Rachel Brahy septembre-décembre 2018 / 271 ULiège www.uliege.be/LQJ 52 /1%6,(* .%&#

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