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placée sous administration provisoire et une consultation populaire y est organisée dès janvier 1920. Celle-ci est immédiatement perçue, à raison, comme un simulacre d’exercice démocratique. Non secrète et organisée dans le contexte d’une lutte de propagande acharnée entre Belgique et Allemagne, la “petite farce belge” ne récolte que 272 refus sur 33 726 potentiels, sans jamais reflé- ter le sentiment des populations d’Eupen-Malmedy. « La majorité, intimidée par de possibles représailles, d’ailleurs avérées, s’était en réalité résignée à l’inéluctabilité de cette annexion », constate Christoph Brüll. PETITE INTÉGRATION L’égard de la population belge pour cette annexion n’était guère meilleur, dans une période marquée par un très vif sentiment germanophobe. L’idée d’un rattachement de territoires allemands plus important, comme l’auraient sou- haité certains nostalgiques de “la Grande Belgique”, aurait sans nul doute été mal accueillie. « Cette annexion n’était pas du tout, pour la Belgique, une sorte de mission nationale, de devoir patriotique comme pouvait l’être, à la même époque en France, l’Alsace- Moselle. Le pays ne mit d’ailleurs pas beaucoup d’éner- gie à intégrer ces nouvelles populations dans ses rangs. Le territoire étant petit, l’intégration fut sommaire », résume Christoph Brüll. Et de citer Léon Delacroix, premier ministre belge, qui écrivit en janvier 1920 au gouverneur provisoire Baltia : “Prenez soin que tout marche sans problème et que les couts restent raisonnables. Vous serez comme le gouverneur d’une colonie qui est directement en contact avec la patrie.” La rétrocession de ces territoires et de ses “Nouveaux Belges ” – dont quelque 1800 pères, frères et fils étaient tombés sous l’uniforme allemand – sera d’ailleurs évoquée à deux reprises dans le courant des années 1920 et son intégration dans l’État belge effective seulement après la Seconde Guerre et la disparition de l’alternative allemande. POUR VOIR PLUS LOIN En 1917 et 1918, une équipe allemande d’environ trente historiens de l’art, photographes et architectes ont sillonné tout le pays pour photographier les monuments les plus importants de la Belgique occupée. Ils ont réalisé plus de 10 000 prises de vue. Dix ans après la fin de la guerre, les négatifs originaux – tous sur plaques de verre – ont pu être achetés par l’État belge. Depuis lors, les “clichés allemands” sont conservés et récemment numérisés par l’Institut du patrimoine artistique (Irpa) à Bruxelles. * http://balat.kikirpa.be/tools/14-18/indexfr.php 76 janvier-avril 2019 / 272 ULiège www.uliege.be/LQJ futur antérieur Entrevue avec l’écrivain colombien Pablo Montoya Que Liège est étrange ! EXTRAIT DE L’ENTRETIEN MENÉ PAR NICOLAS LICATA ET TAMARA CONROD (ULIÈGE) Sofia de la Rosa

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