LQJ-277

E n avril 2018, le Théâtre des Tanneurs à Bruxelles s’apprête à nommer un nouveau directeur (le précédent ayant été limogé à la suite de plusieurs plaintes). Une short-list de quatre candidats, comptant trois femmes, est présentée mais c’est la candidature masculine qui obtient le poste convoité. Six mois après l’écla- tement de l’affaire Weinstein, en pleine défer- lante #MeToo, cet événement est vécu comme le camouflet de trop pour les femmes du sec- teur. Le groupe militant F(s) voit le jour dans la foulée et combat depuis lors le sexisme dans la culture. « D’autres initiatives précédaient F(s), raconte Elsa Poisot, actrice, autrice et metteuse en scène à la tête d’Écarlate La Compagnie. Avec Bérénice Masset, nous avions initié les recherches de subventions pour le projet “La Deuxième Scène” quelques mois plus tôt. Mais sans F(s), et sans un “ras-le-bol” imprégné d’une émula- tion mondiale, nous n’aurions probablement pas obtenu l’audience dont nous avons bénéficié. Aujourd’hui, nous travaillons en dialogue avec F(s), ainsi qu’avec d’autres initiatives, comme “Pouvoirs et Dérives”, qui investissent la lutte en termes d’organisation de groupes de réflexions, de concertations et de propositions de mesures pour résoudre le problème au niveau politique. » La Deuxième Scène porte plusieurs actes 1 . Les deux premiers ont été montés en partenariat avec le Théâtre national et La Bellone, en cheville avec les cinq écoles supérieures de Théâtre en Belgique francophone. Le premier acte consis- tait en une journée de conférences sur l’histoire de la professionnalisation des femmes et de leur contribution aux arts vivants. « On sait beaucoup de choses sur les hommes, sur les corporations, etc. Mais l’arrivée des autrices – mot considéré à tort comme un néologisme, étant donné qu’il Depuis avril 2018, les voix des femmes actives dans les arts de la scène se font entendre avec davantage de résonance. Ce n’est pas pour autant que les mécanismes de discrimination s’étiolent. Elsa Poisot, d’Écarlate La Compagnie, entend réhabiliter un “matri- moine culturel” oublié et quantifier la présence des femmes au sein de sa profession. Un travail d’envergure pour lequel elle a sollici- té l’aide de l’ULiège. L’étude est inédite, les résultats interpellent et attirent déjà l’attention de certaines administrations. Ils seront présentés le 5 octobre à La Bellone à Bruxelles. Aperçu. ARTICLE PHILIPPE LECRENIER - dessin julien ortega 1 Pour en voir les traces, se rendre sur https://ecarlatelacie.be/bord-de-scene/ septembre-décembre 2020 / 277 ULiège www.uliege.be/LQJ 65 univers cité

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=