LQJ-280

La Conférence mondiale des Humanités organisée par l’Unesco à Liège en 2017, sur le thème “Défis et responsabilités pour une planète en transition”, avait réuni 250 scientifiques du monde entier et quelque 1200 délégués. En conclusion des tra- vaux, elle avait adopté une declaration affirmant “le role irremplacable des humanites pour aider les societes contemporaines a relever les defis critiques qui se rapportent aux valeurs, comprehen- sions et tendances a long terme”. La pandémie récente a donné un relief supplé- mentaire à cette déclaration en questionnant le savoir et ses modes de construction et de diffu- sion. Dans le prolongement de cette rencontre sous l’égide de l’Unesco, le premier vice-recteur Jean Winand, avec le soutien de la ville et de la province de Liège, a déposé une candidature pour l’obtention d’une chaire intitulée “Pour une science ouverte ! Les humanites, moteur de l’in- terdisciplinarite”. Celle-ci a retenu l’attention de l’organisation internationale. La chaire sera officiellement lancée lors d’une séance académique prévue le 26 octobre. « La démarche part d’un double constat, explique le Pr Jean Winand . Celui de l’extraordinaire inflation des informations, souvent non verifiees qui per- turbent la compréhension et le jugement, et celui du role des universites dans la construction et la diffusion des savoirs qu’il faut réaffirmer. Car les connaissances scientifiques sont de plus en plus confrontees au relativisme, aux “verites alterna- tives” ( alternative facts ) ou encore aux informations fallacieuses ( fake news ). Dans ce contexte general, l’internet qui permet à tout un chacun de diffuser et de produire des informations agit comme un accelerateur, transformant le champ mediatique en un maquis qui fait de moins en moins de sens. » Par ailleurs, le desir du public d’obtenir des reponses immediates et tranchées s’accorde mal avec la temporalité de la démarche scientifique, qui s’inscrit dans une progression non lineaire, laissant place à un doute methodologiquement ne- cessaire. « Cependant, admet le Pr Jean Winand, si le discours scientifique peine parfois à trouver sa place, c’est peut-être aussi parce qu’il affiche une préminence hierarchique, particulièrement dans le domaine des sciences exactes à haut degré de technicité. D’autres disciplines dans le champ des sciences humaines (philosophie, anthropologie culturelle, theorie critique, rhetorique de la science, etc.) suggerent aujourd’hui d’envisager les savoirs comme les produits d’une coconstruction, incluant des acteurs en dehors du monde academique. » Grâce à la chaire Unesco et fidèle à ses engagements, l’ULiège pourra développer des par- tenariats locaux et internationaux dans le domaine des humanités, mener des recherches de haute qualité et imaginer des dispositifs d’enseignement innovants. Le questionnement sur la production des savoirs, qui est au cœur de la chaire, recoupe aussi les préoccupations du Pôle muséal et culturel de l’Université (voir p.30). Une de ses missions est de montrer l’intérêt et la nécessité de conserver les sources premières (ecrits, sites, objets, matieres, son, donnees d’observation, experimentales ou non) qui, par leur matérialité, ancrent la recherche scientifique dans une réalité contrôlable et véri- fiable, ce qui s’avère nécessaire dans le relativisme généralisé qui semble marquer notre époque. www.chaire-unesco-uliege.be Chaire Unesco Pour une science ouverte L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) attribue une chaire au Pr Jean Winand. ARTICLE PATRICIA JANSSENS septembre-décembre 2021 / 280 ULiège www.ul iege.be/LQJ 23 omni sciences

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