LQJ-281

L ’épidémie a sévi en Europe au XIV e siècle. Venue d’Asie centrale – on la recense vers 1340 –, elle accom- pagne les marchands le long de la route de la soie et traverse les mers en leur compagnie. En 1348, elle est à Marseille, à Gênes et en Belgique ; deux ans plus tard, la peste atteint la Russie. Semant la désolation tout au long de ce parcours, elle aurait causé la mort de 25 millions de personnes. Son surnom de “Grande peste” n’est pas usurpé. Causée par le bacille Yersinia pestis (du nom de son inventeur, Alexandre Yersin de l’Institut Pasteur en 1894), cette zoo- nose est transmise par les puces que véhiculent les rats en abondance. Quand il contamine les humains, le bacille pro- voque une septicémie, se manifeste sous l’apparence de bubons ou revêt une forme pulmonaire particulièrement contagieuse. Dans tous les cas, on en meurt. En Europe, la peste fut éradiquée au XVIII e siècle, mais elle représente avec la famine et la guerre l’un des fléaux les plus redoutés dans la mémoire collective : les danses macabres, la popularisation du thème des cavaliers de l’Apocalypse trouvent leur origine dans cette épidémie médiévale. À l’aune de la crise de la Covid 19, une exposition au musée Wittert interroge la façon dont les populations du passé ont regardé l’épidémie. « La peste apparaît dans des tableaux qui la représentent comme un désastre et dans les images pieuses des saints thaumaturges, saint Roch notamment , relève Geneviève Xhayet, commissaire scientifique de l’ex- position. De façon plus indirecte, elle est également associée à des éléments de thérapie (certaines plantes), aux odeurs nauséabondes qui, croyait-on, la véhicu- laient (la pourriture, les eaux stagnantes) ou, dans une pratique artistique et reli- gieuse, aux danses macabres révélant l’omniprésence de la mort et la nécessité de s’en remettre à Dieu. » Ce “cœur de corpus” issu des collections du musée Wittert s’enrichira de docu- ments illustrant les mêmes thématiques pesteuses et témoignant de la richesse et de la diversité des collections uni- versitaires (Herbarium, bibliothèques, département de minéralogie, Aquarium- Museum), désormais valorisées dans le cadre du Pôle muséal et culturel de l’université de Liège. « Penser l’épidé- mie et vivre la maladie constitueront les deux fils rouge du parcours », reprend Geneviève Xhayet. Et, en écho à notre actualité, des étudiants de l’ESA Saint- Luc Liège proposeront, à l’extérieur du musée, une intervention sur la théma- tique des épidémies, à la lumière de la crise actuelle, tant est grande la simili- tude des réponses et des réactions. Mortalitas. Vivre et représenter la peste aux Temps modernes Exposition du 30 avril au 27 août, au Musée Wittert, place du 20-Août, 7, 4000 Liège. En collaboration avec le service de Muséologie, le Pôle muséal et culturel de l’université de Liège et l’ESA Saint-Luc (architecture d’intérieur). Exposition Grande peste 58 janvier-avri l 2022 / 281 ULiège www.ul iege.be/LQJ ici et ailleurs

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