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P ublié pour la première fois en 1978, l’ouvrage du Pr Lucien François, Le problème de la définition du droit , présente de manière sys- tématique ses idées en matière de théorie du droit. Réédité fin d’année 2021, force est de constater qu’il “n’a pas pris une ride nonobstant quelques traits qui témoignent de l’époque où il fut rédigé”, selon les termes du Pr Nicolas Thirion (faculté de Droit, Science politique et Criminologie), qui en signe la préface. Pourquoi cette réédition aujourd’hui ? « Sous l’impulsion de deux jeunes chercheurs, Quentin Cordier et Antoine Vandenbulke, l’unité de recherche “Cité” de notre Faculté vient de lancer, au sein des Presses universitaires de Liège, une nouvelle collection, intitulée “Normes”, qui entend interroger la notion de la norme sous le prisme de différentes disciplines : droit, science politique, cri- minologie, mais aussi sociologie, anthropologie ou histoire. À côté de textes inédits, nous avons choisi de remettre à l’avant-plan des livres mémorables, issus du fonds éditorial de l’ancienne collection scientifique de la faculté de Droit, en les accompa- gnant d’une préface qui en actualise le propos », explique Nicolas Thirion. Quel est le rôle du pouvoir dans une société ? Comment l’État impose-t-il des contraintes aux individus qui lui sont assujettis ? Telles sont les questions qui sous-tendent l’ouvrage du Pr Lucien François. « Paru à la fin des années 1970, période d’effervescence militante, même en faculté de Droit, le livre met à nu certains mécanismes de pouvoir et offre des armes pour penser la réalité et pour agir sur elle, peut-être. Surtout, il apporte une réflexion sur le droit en tant qu’exercice de ce pouvoir et montre que la réalité n’est pas toujours le discours officiel que l’on tient sur elle. » Lucien François propose une définition originale de la norme juridique. Selon lui, elle consiste en tout vœu impératif assorti d’une pression, et au besoin, d’une menace de sanction. Sur cette base, l’auteur rend compte de phénomènes juridiques de plus en plus complexes, jusqu’à la notion d’État, en y englo- bant des ordres sociaux apparemment étrangers au droit dans l’opinion commune, tels que la famille, l’entreprise, voire même l’organisation criminelle. « Décrire le droit tel qu’il est et non tel qu’il devrait être est l’ambition de l’auteur. Le problème de la définition du droit , rédigé d’abord pour les étu- diants, constitue la première présentation complète de sa théorie et deviendra un “classique”. » « En insistant sur le lien étroit entre droit et pouvoir et en mettant en lumière les artifices et méca- nismes utilisés pour renforcer l’efficacité des normes juridiques, c’est-à-dire leur capacité à être obéies par leurs destinataires, l’auteur donne des outils aux lecteurs pour décrypter les enjeux sous- jacents des normes et, éventuellement, penser leurs actions. » Ce propos résonne particulière- ment dans la situation actuelle, où une myriade de contraintes assorties de menaces de sanctions pèsent sur notre quotidien. Lucien François, Le problème de la définition du droit , coll. “Normes“, Presses universitaires de Liège, Liège, 2021. Lucien François est professeur émérite de l’université de Liège où il a enseigné la philosophie du droit et le droit du travail. Il a en outre été chef de cabinet du ministre de la justice Jean Gol (de 1981 à 1985), conseiller d’État (de 1985 à 1989) et juge à la Cour constitutionnelle de Belgique (de 1989 à 2004). Réédition Le problème de la définition du droit article PATRICIA JANSSENS 77 futur antérieur janvier-avri l 2022 / 281 ULiège www.ul iege.be/LQJ