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du sommeil, la fonction cardio-respiratoire et musculaire, la composition corporelle (en permettant de limiter l’augmentation de la masse grasse), etc. » Une thèse de doctorat – “Étude fonctionnelle et de qualité de vie des patientes traitées pour un cancer du sein : intérêt de la prise en charge rééducative multidisciplinaire” –, défendue en 2018 par Anne-France Leclerc, permet de synthétiser et de documenter ces résultats. « Nous avons obtenu des effets assez spectaculaires, à large spectre, sur différents paramètres », poursuit Didier Maquet. DES EFFETS DOCUMENTÉS Une telle approche s’inscrit dans le courant en plein essor de l’“exercise medecine”, soit « l’adaptation d’une activité physique progressive et adéquate dans l’objectif de contrecarrer les effets néfastes d’une maladie et d’agir en prévention secondaire sur les récidives. L’activité physique permet d’améliorer la santé et les paramètres psychosociaux associés », détaille Jean-François Kaux, chargé de cours à l’ULiège et chef de service en médecine physique et traumatologie du sport au CHU de Liège. « Ce genre de prise en charge existait déjà pour d’autres maladies, avec la revalidation cardiaque par exemple », précise le spécialiste. L’amélioration des traitements et de la survie des patients oncologiques a récemment permis de leur ouvrir ce type de prise en charge. « Les patients oncologiques sont particulièrement fragilisés par la maladie et les traitements, poursuit Jean-François Kaux. Il y a une composante de fatigue et d’épuisement beaucoup plus grande que dans d’autres maladies, avec un déconditionnement majeur et une fonte musculaire significative, de même qu’une atteinte fréquente des nerfs (polyneuropathie) liée aux traitements. C’est une prise en charge assez intense, qui nécessite de rester particulièrement précautionneux. » Un investissement payant puisque les bénéfices à long terme sont aujourd’hui largement documentés. « La littérature internationale montre que non seulement les patients qui suivent ce genre de programme présentent moins de rechutes, mais qu’ils vivent plus longtemps », détaille Guy Jérusalem, professeur à l’ULiège et chef du service d’oncologie au CHU de Liège. Ces bénéfices s’expliquent d’une part par les effets du sport sur le surpoids, considéré comme un facteur de risque dans le cancer, mais aussi par son action sur différents paramètres métaboliques. « La pratique d’exercices physiques réguliers agirait sur la réduction des taux d’insuline et autres facteurs de croissance avec une hausse de la sensibilité à l’insuline et de la captation du glucose par le muscle », précise Didier Maquet. Sans compter les effets positifs de l’activité physique sur le système immunitaire et la gestion du stress. « Si on pouvait mettre le sport dans une gélule médicamenteuse, ce serait certainement la gélule la plus prescrite dans le monde ! », résume Didier Maquet. En raison de ces divers atouts, l’activité physique est aussi, il faut le rappeler, un élément central dans la prévention primaire, avec une réduction des risques de cancer de 10 à 20 %. « Les effets du sport dans la prévention du cancer sont bien démontrés, en particulier pour le cancer du sein, du côlon et de l’endomètre », rappelle Guy Jérusalem. « Bien sûr, il ne s’agit pas de faire culpabiliser les patients : ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas bougé qu’ils ont eu un cancer, souligne Didier Maquet. Celui-ci a des causes multifactorielles. Néanmoins, quand on sait que les effets du sport sur la prévention valent aussi en termes de limitation du risque de récidives, cela peut être motivant. » LE SPORT, UN BON PSY Si la prise en charge proposée par l’ULiège et le CHU de Liège est ouverte à tous les patients en oncologie – qu’ils aient été ou non traités au Sart-Tilman – , les patientes ayant eu un cancer du sein y demeurent majoritaires. Cela s’explique par l’incidence de ce cancer et le taux de guérison élevé ainsi que par les répercussions spécifiques du cancer du sein sur le quotidien. « Le cancer en soi, c’est déjà difficile mais, avec le cancer du sein, on touche à toute une série de symboles pour la femme, la féminité, la sexualité, etc., commente Guy Jérusalem. Il n’y a pas que Pr Didier Maquet 48 mai-août 2022 / 282 ULiège www.ul iege.be/LQJ univers cité

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