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intégrative, qui place le patient au cœur du traitement, que le CHU de Liège ouvrira bientôt – dans le nouveau centre intégré d’oncologie – “Oasis”, un centre de bien-être, où les personnes traitées pour un cancer pourront bénéficier de massages, de soins esthétiques, de séances de relaxation et de yoga ou encore d’ateliers diététiques. « Notre objectif est d’offrir un continuum au patient, commente Didier Maquet. J’ai entendu un jour une malade expliquer que la période la plus difficile était celle qui suivait le traitement. Au moment du diagnostic, bien sûr, on est abattu mais on bénéficie du soutien du milieu médical et de l’entourage. Ensuite, quand le traitement permet de venir à bout de la maladie, on a un sentiment de victoire mais, en même temps, il y a une séparation qui a lieu tout à coup d’avec le milieu médical et, parallèlement, une diminution du soutien de l’entourage. On se retrouve donc souvent seul dans une situation où rien ne va plus comme avant… » CITOYEN SPORTIF Dans cette optique de continuité, Didier Maquet et son équipe ont également développé le projet “Citoyen sportif, j’agis pour ma santé”. « Dans la majorité des cas, les patients retirent tellement de bénéfices du programme de revalidation qu’ils ne veulent pas arrêter ! Par ailleurs, ils nous rapportent qu’ils ne trouvent pas nécessairement ce qu’ils recherchent dans le milieu associatif ou sportif traditionnel », observe-t-il. Volontiers orientée vers la performance, la pratique sportive telle qu’elle se décline dans les clubs et salles de sport n’est pas toujours adaptée à l’affection chronique. Pour autant, poursuivre une activité physique sur le long terme est essentiel pour continuer à en éprouver les bénéfices. « Grâce à un soutien de la Fondation contre le cancer, nous avons donc inauguré fin 2019 le projet “Citoyen sportif” pour promouvoir le sport après un cancer au niveau locorégional. Nous avons travaillé avec trois communes pilotes : Ans, Chaudfontaine et Waremme », raconte Didier Maquet. Objectif : aller à la rencontre des patients là où ils vivent pour leur proposer une activité de groupe d’une heure et demie par semaine, encadrée par du personnel du CHU et totalement gratuite. « Chaque participant reçoit également un kit de matériel sportif. Au fil des semaines, l’idée est de l’encourager à reproduire une activité autonome, chez lui, grâce à des fiches explicatives et des vidéos. » À terme, l’idée est que le patient devienne autonome dans sa pratique, choisisse un sport qui lui plaît et s’y tienne. « Le plaisir est un élément essentiel, souligne Didier Maquet. Sinon, on laissera forcément tomber. Même quand on est en bonne santé, combien de fois s’est-on dit : demain, je m’y remets ? Alors quand on est malade… » Un soutien de la Fondation Léon Fredericq a récemment permis au projet de s’étendre à de nouvelles communes (Ouffet, Amay, Nandrin, Marchin et Hannut). « Il y a vraiment un engouement et on espère que le programme pourra prendre de l’ampleur rapidement, parallèlement au développement de l’activité de recherche dans le sport santé. Le pouvoir politique est aujourd’hui conscient de l’importance de l’activité physique. Une personne qui va mieux est aussi une personne qui s’absentera moins du travail. Investir dans le sport fait partie de la santé publique. » Car si on sait que le sport est “bon pour la santé”, les obstacles à la pratique demeurent nombreux, qu’ils soient environnementaux, motivationnels ou liés à la douleur. En ce sens, les vœux pieux et autres injonctions ne suffisent pas : l’éducation du patient est essentielle. « La fatigue chronique est l’un des symptômes les mieux documentés dans le cancer et l’un des mieux soulagés par la pratique sportive. Mais il faut prendre le temps d’expliquer aux patients que le repos n’a jamais soulagé la fatigue chronique, qui est destructive à tout niveau, et qu’il faut donc casser ce cercle vicieux », note Didier Maquet. De même, le spécialiste attire l’attention sur l’ambivalence du terme “actif”, qui pourrait faire croire à bon nombre d’entre nous qu’ils “bougent” suffisamment… « Aujourd’hui, beaucoup de gens qui courent toute la journée ont l’impression d’être “actifs”. Or, il est recommandé (en l’absence de contre-indication et de facteurs agissant sur le rythme cardiaque) de pratiquer 150 minutes d’activité physique par semaine à 50 ou 75 % de sa fréquence cardiaque maximale théorique, à savoir 220 moins son âge, soit 180 pulsations par minute pour une personne de 40 ans. Sur une journée éreintante entre le boulot, les enfants et les courses, généralement, on n’effectue pas une seule minute à cette fréquence, c’est-à-dire entre 90 et 135 pulsations par minute pour une personne de 40 ans. » Aller à la rencontre des patients là où ils vivent 50 mai-août 2022 / 282 ULiège www.ul iege.be/LQJ univers cité

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