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Débordé donc ne veut pas dire actif… PATIENT PAS PASSIF Pour de nombreux patients, le cancer constitue d’ailleurs un coup d’arrêt,·vécu parfois comme salvateur. Une occasion de se remettre en question, de revoir ses priorités et de changer de rythme de vie. « Certaines personnes de 70 ans n’avaient jamais fait de sport de leur vie et le découvrent à cette occasion », raconte Didier Maquet. « Faire du sport après un cancer, c’est aussi prendre du temps pour soi », relève Guy Jérusalem. Jean-François Kaux observe pour sa part que si certains patients parviennent à retrouver leurs capacités antérieures, d’autres les dépassent ! « Des patients, qui étaient sédentaires, ne pratiquaient aucune activité physique et avaient parfois d’autres comorbidités comme l’alcoolo-tabagisme réussissent à atteindre une condition physique meilleure après leur maladie. C’est pourquoi l’exercise medecine est une approche en plein essor : on développe aujourd’hui des collaborations en diabétologie, dans les maladies inflammatoires chroniques, dans la chirurgie bariatrique, et ce afin que les patients prennent conscience de l’importance de l’activité physique. Un projet de prise en charge de patients greffés est à l’étude aussi. » La réhabilitation fonctionnelle après un cancer témoigne, par ailleurs, d’une nouvelle dynamique relationnelle entre patient et médecin. « Avant, on était très paternaliste ou maternaliste. Certains médecins restent directifs, mais ils sont de plus en plus nombreux à écouter les patients », analyse Guy Jérusalem. « Dès le moment du diagnostic, le patient devient dépendant du milieu médical et le médecin exerce inévitablement un certain pouvoir sur le patient, estime Didier Maquet. Bien sûr, le patient peut aussi exercer un pouvoir sur le médecin, mais il y a tout de même à la base un déséquilibre majeur, d’autant que le patient est en situation de vulnérabilité. C’est pourquoi il faut encore beaucoup travailler à expliquer les choses pour qu’il puisse être véritablement acteur de ses soins. » La longue expérience d’oncologue de Guy Jérusalem lui a par ailleurs appris que le succès des médecines parallèles s’expliquait en partie par le désir du patient de faire quelque chose pour lui-même, et non seulement d’obéir à son médecin. « Ce que je ressens avec mes patients qui se tournent vers les médecines parallèles, c’est qu’ils veulent faire quelque chose, que la famille veut faire quelque chose. Il faut les laisser exprimer ça. Et si la médecine parallèle est bien accompagnée, qu’il ne s’agit pas de dépenser des sommes colossales et que ça n’interfère pas avec les traitements, j’y suis tout à fait ouvert. Mais malheureusement, il y a tellement de charlatans qui s’enrichissent aux dépens des patients… Je crois en tout cas que si le patient pouvait être davantage acteur dans ses soins, il y aurait peut-être moins de recours à la médecine parallèle. » Parce qu’il permet une mobilisation active et conjointe du corps et du mental, l’exercice physique participe à ce changement de paradigme, où le patient n’est plus passif et où l’empathie et le dialogue sont au cœur du lien thérapeutique. « En faisant du sport, on n’est plus le malade qui subit dans son lit. On se bat contre la maladie. Et une fois qu’on retrouve confiance en son corps, on trouve de l’énergie pour aller de l’avant », estime encore Guy Jérusalem. Quand le mouvement engendre le mouvement… Au-delà du CHU, le projet “Citoyen sportif, j’agis pour ma santé” entend favoriser une activité sportive encadrée et gratuite mai-août 2022 / 282 ULiège www.ul iege.be/LQJ 51 univers cité

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