LQJ-283

Des techniques dont le chercheur a fait sa spécialisation : via la télédétection par satellites ou l’utilisation de drones, il a mis en évidence que l’observation de la canopée offre un bon aperçu de l’état de la forêt tropicale. « En mesurant la hauteur des arbres et la taille de la couronne, en observant les trouées, on a en réalité une bonne estimation du volume de bois, de son niveau de maturité, de l’âge de la forêt ou de son peuplement. » Avec des chercheurs du monde entier, Jean-François Bastin a également participé à un inventaire mondial des forêts. En plus de revoir à la hausse le nombre d’espèces d’arbres existantes (plus de 73 000), les scientifiques ont également estimé à près de 9000 celles encore inconnues. Un chiffre d’autant plus important qu’il recouvre pour une bonne partie des espèces rares, dans des forêts largement dominées par quelques essences, ce qui les rend particulièrement vulnérables face aux menaces actuelles. Quel que soit le continent, en effet, les scientifiques dressent un constat sans appel : les forêts souffrent. La forêt boréale tout d’abord. Ces grandes forêts de conifères, situées majoritairement au Canada et en Russie, mais également dans les pays scandinaves, ont pourtant l’habitude des perturbations, avec de grands écarts de température entre l’hiver et l’été. « À l’heure actuelle, les forêts boréales émettent plus de carbone qu’elles n’en stockent, ce qui signifie qu’elles se dégradent, et je suis très inquiet pour leur survie. Elles sont une des dernières grandes forêts primaires, et un des grands réservoirs de carbone de la planète », indique Christian Messier. Les causes de cette dégradation sont multiples, avec en premier lieu la pression humaine. « En Russie, et dans une moindre mesure au Canada, les forêts sont surexploitées, avec peu de considération pour le maintien de la biodiversité. On observe alors une perte de qualité d’habitat pour de nombreuses espèces », révèle le scientifique québecois. Ce qui est également le cas dans les pays scandinaves, qui ont depuis longtemps procédé à une simplification des forêts, en vue d’une exploitation intensive. « Or, aujourd’hui, en réduisant la forêt à quelques essences et en éliminant le bois mort, des milliers d’espèces de champignons, d’insectes et d’oiseaux sont menacées », détaille-t-il. Cette pression se conjugue à celle du climat, dont les effets se font déjà durement ressentir. « L’augmentation des températures a pour effet d’augmenter dramatiquement la taille M.B. Morin 13 septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ à la une

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