LQJ-283

« La Chine possède un biome* qui ressemble beaucoup à l’Europe et l’Amérique du Nord. Par conséquent et en l’absence de contrôles sanitaires, de nombreux insectes et virus présents dans ses forêts trouvent chez nous un milieu accueillant… Et vierge de prédateurs adaptés ! C’est là une source de dégâts très importants. Outre-Atlantique, une nouvelle espèce invasive apparaît environ tous les cinq ans. D’après certains calculs, les forêts d’Europe et d’Amérique du Nord pourraient perdre de cette façon jusqu’à 50 % de leurs arbres d’ici à 2050 », s’alarme le chercheur. Enfin, des tropiques à l’équateur se trouvent les forêts tropicales, véritables temples de biodiversité animales et végétales. Plus de la moitié des espèces animales du globe et plus de 60 % des espèces végétales se trouvent au cœur de l’Amazonie, des forêts de l’Afrique centrale, ou encore des îles d’Asie du Sud-Est comme Bornéo. Qui plus est, entre 1,2 et 1,5 milliard d’êtres humains dépendent aujourd’hui directement de ces forêts. Pourtant, moins d’un quart d’entre elles sont encore considérées comme intactes, quand 30 % sont dégradées et 46 % fragmentées. POINT DE NON-RETOUR « Actuellement, la principale cause de déforestation est due à leur conversion en non-forêt, que ce soit en cultures fourragères au Brésil, en palmeraies en Indonésie, ou en agriculture vivrière en Afrique centrale, détaille Jean-François Bastin. Cette dernière région nous inquiète beaucoup, en raison de l’explosion démographique à venir, qui va lourdement peser sur la déforestation. » Et, en plus d’avoir un impact sur le climat, la déforestation a également un impact sur la santé humaine : plus de 30 % des nouvelles maladies apparues depuis les années 1960 sont attribuées à la conversion des forêts en terrain exploitable. De plus, et contrairement à celles présentes sous nos latitudes, les forêts tropicales sont habituées à des conditions climatiques identiques tout au long de l’année. Or, avec la perturbation du cycle de l’eau au niveau mondial, ces forêts font face à une saisonnalité de plus en plus grande, susceptible de les affaiblir. « Combinée à la dégradation de la forêt, cela peut entraîner un véritable basculement », estime Jean-François Bastin. Ce basculement dont parle le chercheur est aujourd’hui au cœur des préoccupations de l’ensemble de la commu- * Un biome fait référence à une vaste zone géographique qui partage un climat, une flore et une faune similaires. septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 15 à la une

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