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aux Jeux olympiques de Tokyo, l’équilibre entre les sexes ait été atteint avec 48,8 % de femmes parmi les athlètes participants. Le texte collectif fut également signé par l’extenniswoman Justine Henin ou l’ex-karatékate Laurence Rase. « C’est un progrès, certes, mais ce chiffre est-il pour autant synonyme d’égalité et d’équité ? Au sein des délégations sportives, quelle est la proportion d’entraîneures, arbitres, responsables, officielles, gestionnaires, administratrices, docteures, kinés, commentatrices, journalistes et chroniqueuses sportives ?, questionnaient les signataires. Le sport aurait-il été créé par les hommes pour les hommes ? Le fait que les femmes peinent encore tant à briser ce plafond de verre le laisse bel et bien penser. » Championne d’Europe de t aekwondo en 2006 e t quart-de-f inal iste aux JO d’Athènes, Laurence Rase a ensuite évolué vers des postes à responsabilité dans le haut niveau. Membre de la commission des Athlètes du COIB de 2005 à 2013, puis secrétaire générale de la Cour belge d’arbitrage pour le sport de 2012 à 2013, la Montoise a également été directrice Topsport de Taekwondo Vlaanderen de 2010 à 2021, avant de devenir conseillère auprès du ministre wallon des Infrastructures sportives depuis l’an dernier. Cette double carrière en tant que professionnelle du sport, puis comme cadre, lui confère un regard avisé sur la problématique. « Le souci principal, c’est le manque de prise au sérieux, avec des réflexions laissant entendre que je n’y arriverai pas. Que ce soit en tant qu’athlète ou en tant que dirigeante. C’est un problème que rencontrent toutes les femmes dans un milieu qui demeure très conservateur. Et lorsque les fédérations misent sur une dirigeante, c’est vu comme un coup de poker et donc on attend d’elle des résultats plus rapides, ce qui génère une forte pression. » COMPARER LES PERFORMANCES Un état d’esprit qui percole également dans l’appréciation des performances. « Le sport féminin est encore apprécié comme une sorte d’apéritif avant les compétitions masculines, considérées comme plus sérieuses. Un jour, un dirigeant m’a affirmé qu’une médaille chez les femmes valait moins que chez les hommes. Or une médaille, c’est une médaille ! Il est certain que, en taekwondo, les femmes ne seront jamais aussi fortes physiquement que les hommes. Mais elles sont plus souples, par exemple. Dans son sport, Nicole Flagothier, multiple championne de Belgique, disait qu’il s’agissait de deux judos différents, qui mettaient en œuvre deux ensembles de qualités qui n’étaient pas identiques. » Une différenciation également mise en avant par Camille Bernier, joueuse et coach du Fémina White Star Woluwé qui a évolué en Ligue nationale française durant son adolescence avant de venir en Belgique pour faire ses études. « Le jeu des garçons est davantage basé sur la force physique, musculaire et sur la performance individuelle. Chez les filles, on est plus tactiques et axées sur l’effort collectif mieux réfléchi. » Confirmation au “3 Lands Events”, le plus grand tournoi belge 100 % féminin organisé sur cinq terrains synthétiques à La Calamine où ce sont les encouragements qui fusent et pas les critiques. Des altérités, on en observe dès l’enfance avec des dist i nc t i ons mo t r i ce s . De nombreuses études montrent que, de manière générale, les garçons présentent un meilleur contrôle des objets, qui se manifeste particulièrement dans les tâches de lancer et de rattraper (mais aussi frappes avec des raquettes, shoots, dribles, tenue d’une crosse de hockey). Les filles, quant à elles, ont une maîtrise corporelle légèrement supérieure qui implique des mouvement de l’ensemble du corps (courses, sauts, rotations, etc.). Cette maîtrise ressort particulièrement dans les tests d’équilibre. Mais les différences énoncées restent souvent faibles et n’atteignent pas toujours la signification statistique dans toutes les études. Il est toutefois intéressant de remarquer que, de manière générale, les filles présentent également une meilleure motricité fine. À côté de ces observations, force est aussi de constater que le comportement genré des parents accentue ces différences et que l’enfant lui-même a tendance à aller vers les comportements les plus socialement admis. Ainsi, une jeune fille persuadée que le football est un sport au masculin, ne s’y intéressera pas. « La souplesse est supérieure chez les femmes, confirme Boris Jidovtseff, professeur au département des sciences de la motricité de l’ULiège. Cela explique en partie le fait qu’il y a beaucoup plus de pratiquantes gymnastes, par exemple, car une plus grande amplitude permet de réaliser des figures complexes et participe à l’esthétique gestuelle.» Et, de fait, les chiffres sont éloquents dans notre partie du pays : en 2020, la Fédération francophone Le système sportif est conçu par des hommes pour des hommes septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 27 omni sciences

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