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de gymnastique comptait 28 400 affiliées contre seulement 6 300 affiliés. Avec la Ligue équestre Wallonie-Bruxelles, qui comptabilisait la même année quasiment 30 000 cavalières pour un peu plus de 6000 cavaliers, il s’agit des deux sports où le déséquilibre est le plus marqué en cette matière. Certaines disciplines approchent ou atteignent l’équilibre comme l’athlétisme (17 000 hommes et 15 000 femmes) et la natation (9700 hommes et 9700 femmes). Le tennis, lui, dénombre deux fois plus de joueurs que de joueuses. Sans compter le foot où l’on voit un peu plus de 12 gars sur les terrains… pour une seule fille. « Quand on compare, il s’agit de différencier l’échelle absolue de l’échelle relative, poursuit Boris Jidovsteff. Est-ce qu’en force une femme va être capable de soulever la même charge qu’un homme ? Non. Par contre, si on regarde en échelle relative, est-ce que pour une même quantité de muscles on a une force identique chez l’homme et chez la femme ? Au niveau scientifique, il semble qu’il n’y a pas de disparité vraiment significative. Les différences de masse musculaire et de morphologie, liées aux hormones, avantagent les hommes au niveau de la force, de la vitesse et de l’endurance. Pour cette dernière qualité par contre, comme l’a expliqué la Pr Louise Deldicque (UCLouvain) pendant le colloque, cet écart a tendance à se réduire avec la distance. Plus l’épreuve devient longue, plus la différence est infime et plus l’impact des qualités spécifiques et de l’entraînement est énorme. Sur les trails de longue distance, il est courant de voir des femmes devancer des hommes très entraînés. La composante psychologique joue également, qui souligne une meilleure capacité pour les compétitrices à aller chercher loin dans leurs réserves. » En 2019 et en 2020, deux femmes ont d’ailleurs successivement remporté la Big Dog Backyard, une course américaine par succession de boucles de plus de 400 km au total, avec des temps de repos lié à la performance lors de chaque tour. Maggie Guterl et Courtney Dauwalter ont à chaque fois remporté l’épreuve devant les hommes. Autre illustration : les fans de l’émission française de téléréalité et d’aventure peuvent constater à loisir, depuis leur canapé, que les épreuves de Koh-Lanta conçues dans un esprit de mixité n’avantagent pas forcément les mâles. Celle des poteaux faisant foi. LE SPORT POUR LE SPORT Et il n’y a pas que la compétition. « Basé sur la performance, le système sportif est construit par des hommes, pour des hommes et c’est sans doute un problème, reprend le Pr Jidovsteff. Si les femmes sont autant attirées par l’activité physique que les hommes, elles semblent moins attachées à la compétition pure. C’est probablement lié aux hormones. Il faut que les fédérations se rendent compte que nombre de personnes préfèrent le bien-être, le social ou le participatif. On l’observe notamment dans le programme de mise en condition physique par la course à pied “Je cours pour ma forme”, dont le succès auprès des dames repose davantage sur l’aspect social que sur l’optique compétitive. » Et de citer toute une série de disciplines qui ont connu un certain essor ces dernières années, où la pratique a déjà cheminé vers l’inclusivité et intègre la notion de performance sans pour autant miser sur la dimension compétitive : fitness, yoga, ultimate frisbee… et même l’escalade. « C’est un sport à la fois individuel et collectif. Et j’y vais aussi pour l’ambiance », explique Justine, une grimpeuse du club universitaire de Liège qui s’est essayée à un bon nombre de disciplines avant de se mettre à la varappe. « J’ai fait de la gym, de la natation, de la danse classique, du ju-jitsu, de la course à pied et même de la salle de sport. Mais dans l’escalade, j’apprécie le fait de mettre tout en œuvre, à savoir force, concentration, équilibre, mental… sans avoir à me battre. Je ne suis en compétition avec personne. » Marine, sa monitrice, relève qu’un esprit collaboratif prévaut entre les pratiquantes afin de soutenir chacun et chacune dans la réalisation de ses objectifs. À ce jeu-là, les Canadiens semblent avoir une longueur d’avance grâce à leur modèle “développement à long terme par le sport et l’activité physique”, qui cible le développement de chaque enfant, jeune ou adulte, à travers un encouragement à participer pleinement à des activités physiques et sportives, dans un engagement à vie au bénéfice de sa santé. “Les femmes sont moins compétitives que les hommes ?” : Laurence Rase ne le croit pas vraiment, elle qui a combattu plusieurs fois avec une main cassée. « Mais il est possible que les filles soient moins centrées sur la compétition : beaucoup arrêtent à l’adolescence car elles se sentent moins bien dans leur corps, puis lorsqu’elles ont des enfants. Les accueillir dans un environnement avec plus d’entraîneures, dans un climat sain et bienveillant donnerait probablement des résultats positifs. Certaines d’entre elles décrocheraient moins et continueraient leur pratique sportive. » Une adaptation aux caractéristiques des athlètes est plus importante aujourd’hui que jamais, souligne Jennifer Foucart, psychologue et professeure associée à l’université de Liège. L’on observe en effet chez 28 septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ omni sciences

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