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les jeunes de la génération Z une tendance à évoluer plus lentement (rapports sexuels plus tardifs, autonomie retardée, etc.) où les filles semblent avoir une propension plus marquée à être dépendantes de leur smartphone et ce alors qu’elles expriment un plus grand besoin de soutien social. Illustration : elles se désaffilient en plus grand nombre de la Ligue francophone de hockey, contrairement aux garçons. QUELLE PART DE GÂTEAU ? Reste la question des conditions d’entraînement et de travail. Trop d’équipes ou d’athlètes féminines doivent encore s’entraîner en soirée lorsque les installations sont libres. Cela arrive à de nombreux clubs de foot féminin, nous confirment plusieurs joueuses tant à Liège qu’à Bruxelles. L’on sait également que les inégalités salariales concernent quantité de secteurs professionnels et n’échappent pas à celui du sport. « Une rapide comparaison des contrats des clubs, des sponsorings ou des “prize money” des catégories féminines et masculines le montre rapidement. Si les contrats subsidiés (Adeps, Bloso, ACS ) sont identiques pour toutes et tous, les fédérations sportives ont peu de comptes à rendre concernant la gestion de leurs budgets provenant, rappelons-le, de fonds publics. Nous avons constaté des différences d’investissements injustifiées : une programmation sportive moins élaborée pour les femmes, une absence de kinés aux stages féminins, des bourses individuelles plus importantes pour les hommes, etc. », notaient les figures de proue du sport belge dans leur carte blanche. Dans le milieu du foot, les joueuses ne sont généralement pas payées et celles qui le sont un peu dépendent du budget global du club, principalement alimenté par les revenus générés par les joueurs masculins. « Nous, on évolue en D2, et, à ce niveau-là, on paie une cotisation annuelle de 400 euros… alors que les hommes, eux, reçoivent un salaire. C’est lié au fait qu’on ne joue pas en Jupiler League et qu’on reçoit peu de subventions. Oui, il y a l’aspect social dans le sport et l’opportunité de se faire des amis et amies, mais on a aussi besoin de modèles féminins pour donner envie, faire que ça soit de plus en plus normal et créer un mouvement vertueux », relève Camille Bernier qui, avec sa vareuse rouge mouillée de transpiration, envoie sacrément bien sur le terrain. Comme on sait, les sommes d’argent redistribuées aux élites dépendent aussi de la visibilité médiatique des compétitions. Même si, en 2021, la RTBF a proposé 505 heures de direct consacrées au sport féminin sur un total de 2000 heures dédiées au sport en général, soit 25 %, ce n’est pas encore assez pour rééquilibrer l’ensemble. Certes, la première édition du “Tour de France femmes“ fin juillet a été bien médiatisée. Oui, l’absence de Mondial de foot masculin cet été (décalé en raison des fortes chaleurs au Qatar) a également offert un espace de visibilité accru aux Red Flames avec leur participation à l’Euro féminin en Angleterre. La précédente coupe en France avait déjà bénéficié d’une meilleure visibilité et suscité des vocations chez les jeunes. Cela va permettre corollairement une augmentation du financement dans le sport féminin. Mais, côté rémunérations, il n’était de toute façon pas question de victoire puisque l’équipe triomphante n’a empoché que 2,08 millions d’euros alors que, à titre de comparaison, les Italiens avaient touché, d’après le journal français L’équipe, 28,5 millions d’euros lors de leur sacre au même niveau de compétition. Mais un sacre autrement genré. Pour aller plus loin ? Actes du 5e colloque Guy Namurois. ”Le sport au féminin : sport de demain!” * https://orbi.uliege.be Boris Jidovtseff et Anne Delvaux, “Quelle est l’origine des différences sportives entre femmes et hommes ?” à paraître dans EPS Evans, A. B., et Pfister, G. U. (2021). “Women in sports leadership: A systematic narrative review” dans International review for the sociology of sport, 56(3), 317-342. F. Terlonge septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 29 omni sciences

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