LQJ-283

On n’est jamais trop prudent avec les livres qu’on laisse traîner. Heureusement, pour Veerle Rots, tout s’est bien terminé. Alors qu’elle n’a que 11 ans, dans la maison de ses parents à Leuven, elle tombe sur un ouvrage qui raconte notamment les découvertes des célèbres archéologues Louis et Mary Leakey dans les gorges d’Olduvai, en Tanzanie. Elle le dévore même si, aujourd’hui, elle avoue n’avoir pas tout compris. Sauf l’essentiel : l’espèce humaine a évolué. Un choc qui pousse Veerle Rots dans une voie qui passionne bien peu les enfants de son âge : mieux comprendre cette évolution et les manières de vivre de nos lointains ancêtres. Pour y arriver, elle découvre vite qu’il n’y a qu’un moyen : étudier l’archéologie. C’est ce qu’elle entreprend à la KU Leuven en 1992, avec une petite déception en première année car il n’est guère question de Préhistoire. Or, c’est cela qui intéresse la jeune étudiante. La suite, heureusement, sera plus conforme à ses attentes. Au cours de sa première licence, elle a la chance, grâce à l’invitation du Pr Pierre Vermeersch qui deviendra son mentor et promoteur de thèse, de participer à ses premières fouilles préhistoriques en Égypte, dans la vaste grotte de Sodmein, non loin de la mer Rouge. Une expérience de vie autant que d’apprentissage de connaissances. « Je me disais alors : tu as bien choisi, c’est vraiment cela que tu veux faire », se souvient-elle encore aujourd’hui. Une détermination qui n’allait plus la quitter. La Préhistoire donc, mais le domaine est vaste ; vers quoi se diriger ? C’est le hasard d’une rencontre – deux jeunes chercheurs qui présentent leurs résultats lors d’un séminaire – qui va déterminer son orientation vers l’analyse fonctionnelle et l’analyse des traces. Son mémoire de fin d’études analyse donc des traces d’utilisation sur un site archéologique en Flandre, à Zonhoven-Molenheide, ainsi que, déjà, quelques traces d’emmanchement, c’est-à-dire celles laissées sur un outil (un silex par exemple) par le manche en bois (disparu) auquel il était lié. Veerle Rots se rend cependant vite compte que ce domaine souffre d’un manque de méthodologie, la notion d’emmanchement par exemple étant souvent peu précise. Toujours aussi déterminée, obstinée diront certains, elle imagine alors un projet de thèse de doctorat pour étudier ces traces, certes, mais C’est le premier prix Francqui attribué à une archéologue. Pour sa lauréate Veerle Rots, directrice du TraceoLab à l’université de Liège, c’est une formidable reconnaissance pour une discipline en pleine évolution. ARTICLE HENRI DUPUIS septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 41 le parcours

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