LQJ-283

traces laissées sur les outils. » Grâce à un crédit de démarrage de l’ULiège, Veerle Rots a pu acheter rapidement l’équipement de base nécessaire. Elle prend également l’initiative de déposer immédiatement un projet auprès du Conseil européen de la recherche. « Je savais que les chances de décrocher ce qu’on appelle un ERC Starting Grant, réservé aux jeunes chercheurs, étaient faibles. Alors, je me suis dit qu’il valait mieux ne pas trop penser stratégie, mais simplement décrire son rêve. » Une méthode couronnée de succès : Veerle Rots décroche le financement tant convoité en 2012… dans une ambiance un peu rock and roll. Elle vient en effet d’accoucher de son troisième fils et l’entretien final devant le jury européen à Bruxelles se déroule entre deux allaitements ! L’ERC va lui permettre de fonder un centre de recherche novateur à Liège, le TraceoLab, de l’équiper et de recruter des jeunes doctorants attirés par la “méthode Rots” qui fait école dans le domaine de l’analyse fonctionnelle. « Et aussi, complète-t-elle, de constituer une collection unique au monde d’outils en pierre (à peu près 6000 aujourd’hui) qui servent de référence pour déterminer les diverses gammes d’utilisation et de modes d’emmanchement. » PROJECTILES Mais c’est aussi l’occasion d’ouvrir ses recherches à d’autres domaines, à commencer par l’étude des projectiles. Ici aussi, Veerle Rots et son équipe vont commencer par mettre de l’ordre, développer une méthodologie qui permettra à l’avenir de mieux déterminer si un outil a bien servi (ou non) de projectile et comment il a été utilisé, quel a été son mode de propulsion. « Une pointe lithique montée sur un épieu, quand elle touche un animal, portera des traces causées par cet impact. Mais on doit être sûr que cela est seulement dû à cet impact et pas à une autre utilisation par exemple. » Et pour en être certain, il faut recourir une fois de plus à l’expérimentation. L’équipe du TraceoLab multiplie les tests. Pas sur des animaux bien sûr, mais ils vont imaginer des cibles qui ont les mêmes caractéristiques : des squelettes de poney ou de cerf, placés dans un bac rempli de gel balistique (qui a la même densité qu’un corps) et entourés d’une peau animale. Les techniciens de son équipe ont alors pu se livrer à des expérimentations aussi proches que possible de la réalité : reconstituer l’arme, la lancer à l’aide d’un propulseur ou d’un arc – les traces ne seront pas identiques ! –, puis examiner et classer les traces laissées sur les outils lithiques extraits du “corps” de l’animal. Sans oublier, car ces préhistoriens font souvent appel aux ressources des sciences dures, les études balistiques pour étudier les trajectoires. Avec comme résultat, une fois encore, la mise au point d’une méthode d’identification et d’un cadre de référence qui permettent Nous ne sommes qu’un maillon dans l’évolution Armes de chasse : cassure d’impact de la pointe suite à son utilisation comme pointe de flèche. Emmanchement avec de la colle (résine + cire d’abeille) Traceolab septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 43 le parcours

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=