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s’agit de notre passé profond, cette recherche est cruciale pour comprendre le monde d’aujourd’hui. » Ses découvertes sur l’emmanchement, l’utilisation de projectiles et les moyens de propulsion nous laissent entrevoir une organisation que nous ne soupçonnions pas. « Le comportement de l’Homme préhistorique est complexe. Il doit chercher des matériaux, les assembler, organiser des sites de fabrication, etc. Et produire une technologie qui nous est toujours utile aujourd’hui. Un couteau, un tournevis sont basés sur le même principe issu de la Préhistoire : un outil (en pierre pour eux, en métal pour nous) qui est un élément remplaçable d’une construction plus complexe. C’est pour cela que certains considèrent ces balbutiements technologiques comme étant la première révolution industrielle. » Est-ce cela qui nous définit en tant qu’humains ? Ce n’est qu’une partie de la réponse selon Veerle Rots : « Certains animaux utilisent des outils, d’autres ont des comportements culturels. L’Homme préhistorique n’est pas moins intelligent que nous parce qu’il utilise la pierre ou le bois ; il n’a fait que travailler avec les ressources qui étaient alors à sa disposition. Ce qui définit l’Humain, c’est sa créativité, ses innovations, ses explorations, mais également sa capacité à penser son passé, à réfléchir sur ce qui l’a fait. C’est pourquoi nous devons être attentifs à ce que notre agenda actuel n’usurpe pas ce passé. Autrement dit, il ne faut pas projeter nos stéréotypes dans ce passé : on en vient alors à affirmer que seuls les hommes chassaient et les femmes restaient “dans les grottes” parce que le statut de la femme lors des derniers siècles impose cette image, ou que l’Homme moderne était supérieur aux Néandertaliens parce que nous nous considérons comme étant à l’apogée de l’évolution, etc. » Elle espère que le prix Francqui lui permettra de stabiliser son équipe et son laboratoire, de passer peut-être moins de temps dans l’incessante quête de financements. Et d’ancrer encore davantage l’ULiège parmi les meilleurs pôles de recherche préhistorique. « Les études préhistoriques ont une longue tradition ici à Liège. Ce prix va aider à la mettre davantage à l’avant-plan. » Quels livres traînent aujourd’hui dans la maison familiale de Leuven, la ville natale de Veerle Rots, qu’elle n’a pas quittée malgré sa nomination à Liège ? La concurrence doit être rude entre elle et son mari géologue : des ouvrages sur l’évolution de l’Homme ou celle de la Terre ? Une chose est sûre : on doit souvent y parler “vieilles pierres”. La taille du silex Traceolab septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 45 le parcour

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