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constituée de citoyens tirés au sort et représentatifs de la société française, s’est penchée pendant plusieurs mois sur les preuves du réchauffement et sur les moyens à mettre collectivement en œuvre pour limiter la hausse des températures. « La Convention a fait la démonstration qu’il existe d’autres moyens de pratiquer la démocratie, estime-t-il. À mon sens, le tirage au sort et la délibération citoyenne sont une des voies indispensables pour résoudre nos problèmes, car il est impossible pour un pouvoir politique de prendre des décisions qui vont à l’encontre des intérêts économiques qu’il défend. La seule solution passe par les citoyens, qu’ils se saisissent eux-mêmes du problème. Personne n’aime se voir imposer des contraintes. En revanche, les gens sont prêts à essayer de résoudre le problème lorsqu’on leur en offre la possibilité. » La Convention a formulé 149 propositions, regroupées en cinq thématiques, afin de changer nos modes de vie, d’aller vers plus de sobriété. Ces propositions ont été largement approuvées par ses membres ainsi que par le public (cf. des sondages effectués auprès de la population). « Des citoyens éduqués ont élaboré un plan qui va plus loin que tout ce que les gouvernements ont fait ces 30 dernières années. Ce n’est pas neutre, surtout lorsqu’on entend les politiques dire que les gens ne sont pas prêts », assène Cyril Dion. Les propositions de la Convention ont notamment choisi de ne faire aucun pari technologique, comme la capture de carbone, largement débattue à l’heure actuelle. « Ils ont été très conservateurs au sens noble du terme, sourit-il. D’ailleurs, le troisième volet du rapport du GIEC ne dit pas autre chose : nous savons ce qu’il faut faire et pour une bonne partie, nous sommes capables de le faire. Ce dont nous manquons avant tout, c’est d’une volonté politique. » Cette absence a culminé avec la loi Climat. Censée retranscrire les propositions de la Convention, nombre d’entre elles ont été éludées ou édulcorées. « Aller au bout de la logique aurait consisté à soumettre les propositions à un référendum, soupire le militant. Mais comme le président Macron en a décidé autrement, les intérêts privés ont pesé de tout leur poids sur les différents ministères pour transformer et amoindrir les propositions. Notre problème est là : à la fin, ce ne sont pas les populations qui décident, mais ce qu’on a coutume d’appeler les lobbies. 80 % des décisions publiques sont orientées par des intérêts privés. Nous avons fondamentalement un problème démocratique. Pour résoudre la question écologique, il est indispensable de s’y atteler. » « L’écologie, ce n’est pas construire des voitures électriques ou des éoliennes. C’est comprendre comment l’ensemble des systèmes vivants peuvent fonctionner de façon harmonieuse et s’équilibrer, et donc in fine comprendre comment la vie peut se perpétuer sur cette planète. En réalité, c’est une science de la survie ! Malheureusement, ce n’est pas encore assez évident pour tout le monde », conclut Cyril Dion. Go Transition.s Durant l’année académique 2021-2022, le campus Arlon Environnement, qui abrite le département des sciences et gestion de l’environnement, a saisi l’occasion de son 50e anniversaire pour se transformer en un “laboratoire ouvert pour les transitions écologiques du territoire”. Rassemblées sous la bannière du projet “GO Transition.s”, des activités multiples (rencontres, débats, ateliers) ont rythmé le calendrier et permis de prendre la mesure des enjeux à l’heure où l’urgence climatique exige une accélération de la transition écologique. Afin de clôturer en beauté cette année riche de réflexions et d’échanges où expert·es et citoyen·nes se sont rencontré·es, le campus présentera, le 4 octobre prochain, ses ambitions pour développer la transition écologique. Programme du mardi 4 octobre : 18h30 : conférence de Cyril Dion, réalisateur des documentaires Demain et Animal, “Le rôle du cinéma dans la création des imaginaires”. Puis débat animé par Pascal Claude sur les transformations vitales qu’appelle la transition écologique en présence de Cyril Dion, de Jacques Crahay, président du l’Union wallonne des entreprises (2018-2020), et de la Pr Sybille Mertens (économie sociale). À la Maison de la culture, Parc des expositions 1, 6700 Arlon. * https://www.gotransitions-arlon.uliege.be/ septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 55 l’ invité

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