LQJ-283

sobriété numérique à l’Uliège Neurochirurgien et chargé de cours en faculté de Médecine, Félix Scholtes rejoindra la nouvelle équipe rectorale en tant que “conseiller à la sobriété numérique”. Son objectif ? Réal iser la transition numérique de l’ULiège dans une optique soutenable et efficace à long terme. Un premier pas sera d’informer et de sensibiliser la communauté universitaire sur le revers de la médaille numérique. Savezvous que l’utilisation de nos ordinateurs et autres tablettes est majoritairement (pour 60 %) consacrée au streaming, soit à la consultation de vidéo en ligne ? Un loisir particulièrement énergivore – de l’extraction des ressources nécessaires aux serveurs indispensables – et totalement débridé. « Il est plus que temps d’optimaliser nos usages numériques, ce qui va de pair avec la gestion de notre empreinte environnementale, observe Félix Scholtes. Et l’Université doit s’y engager ; elle doit même, à mon sens, être à l’avant-garde de cette démarche. Avec les membres d’un groupe de pilotage intégré à la Care numérique et le Segi, je chercherai à éviter les gaspillages énergétiques et matériels en visant, notamment, à une efficacité maximale des outils. » Félix Scholtes participera à la soirée de lancement de Liège Créative sur le thème de “La sobriété, un levier pour la transition”, le 5 octobre à 18h au ValBenoît, 4000 Liège. * informations et inscriptions sur https://www.liegecreative.be sont quand même des industriels qui poursuivent un objectif, le leur, et il n’est pas neutre. Alors, je suis d’accord avec vous pour dire que l’utilité du numérique est extraordinaire. Par exemple, pour mettre les gens en lien, comme le cas de cet agriculteur que vous évoquiez à l’instant. Mais tout cela, cela ne représente rien proportionnellement dans l’utilisation du numérique. L’intention majoritaire est de faire de la croissance. LQJ : Pour finir, comment voyez-vous les choses évoluer ? N.N. : Le numérique fait partie de nos vies à présent. Et je suis persuadé qu’il existe une voie noble qu’il est possible d’emprunter pour parvenir à la neutralité sur le plan des émissions. On en est loin pour le moment, car il faut bien reconnaître que ce n’est pas avec les quelques entreprises qui font des efforts et une poignée de chercheurs qui s’intéressent à cette problématique que l’on va y arriver. En Belgique, il est très peu question de numérique “écoresponsable”, même si cela évolue avec, par exemple, la création récente de l’Institut belge du numérique responsable. Par ailleurs, je ne vois pas les consommateurs s’auto-restreindre. Il faudra donc bien une intervention de l’État afin de réguler l’usage du numérique dans la sphère privée. F.B. : Il y a un problème de ressources. Si nous continuons sur la voie actuelle, le coût énergétique d’extraction va exploser. Mais avant cela, il y aura probablement des conflits pour l’eau, des conflits armés, des conflits sociaux liés à l’extraction des métaux et à l’énorme quantité de déchets générés sur la planète et que l’on collecte mal très souvent. Même en Belgique, on est à peine à 50 % de taux de collecte des déchets électriques et électroniques. Enfin, à mon sens, il y a également beaucoup à dire concernant la multiplication des écrans chez les jeunes enfants. Les études scientifiques sont unanimes sur le fait que l’usage excessif, soit une demi-heure par jour, chez les enfants avant 5 ans, a des effets durables sur leur développement cognitif, sur leur capacité à se socialiser. Cela est d’autant plus préoccupant que, dans le monde futur qui sera fortement dégradé, il faudrait que ces enfants puissent jouir de toutes leurs capacités. Or, ce ne sera pas le cas. Ils risquent de ne pas avoir assez d’esprit critique. Je trouve cela très inquiétant. * “La face obscure du numérique : ces quatre défis majeurs que notre société va devoir relever”, La Libre Belgique, 28 septembre 2021. septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 67 le dialogue

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=