LQJ-283

Tout a commencé en 1992 par un cycle de conférences sur l’immigration et les minorités en Europe, organisé par Marco Martiniello et Marc Poncelet. Mais l’acte de naissance officiel du Cedem date de 1995. Ses membres auraient voulu fêter ses 25 ans d’existence, mais la pandémie en a décidé autrement. Qu’à cela ne tienne : le 5 octobre prochain, une après-midi d’étude réunira les chercheur·es d’hier et d’aujourd’hui en l’honneur du Cedem “25+2”. Le Cedem, Centre de recherche de la faculté des Sciences sociales – porté sur les fonts baptismaux par Marco Martiniello –, effectue des recherches dans les domaines des migrations humaines, des relations ethniques et du racisme. « Au départ, se souvient Marco Martiniello, directeur de recherches au FNRS, l’accent était mis sur l’immigration en Belgique. Puis, nous avons élargi notre champ d’investigation à l’Europe et plus loin encore. » Petit coup d’œil dans le rétro : après la chute du mur de Berlin (1989) et la réunification allemande (1990), les membres fondateurs de l’Union européenne s’effrayent d’un potentiel afflux d’immigrés venant “de l’Est”. Les débats sur l’identité européenne se multiplient, la thématique de l’inclusion des populations étrangères s’invite en politique. « L’immigration est alors essentiellement européenne, italienne, espagnole, marocaine, turque et française, reprend Marco Martiniello, directeur du centre. Les migrants de l’Afrique sub-saharienne viendront dans les années 2000. » Dix ans plus tard, la liberté de circulation est offerte à tous les ressortissants d’un État membre de l’Union agrandie et l’on assiste, côté occidental, à l’arrivée de Polonais et de Roumains. Plus récemment, ce sont les réfugiés syriens et ukrainiens qui frappent à nos portes. Ainsi, depuis un peu plus de 30 ans, assiste-t-on régulièrement en Belgique et chez ses voisins à des mouvements de populations. « Cela ne va pas sans questionnements ni sans heurts, résume Marco Martiniello. Les discriminations raciales, qui sont hélas vives aux États-Unis, sont aussi très fortes en Europe et si l’accueil des réfugiés ukrainiens se passe plutôt bien aujourd’hui, qu’en sera-t-il à long terme ? » Le Cedem – 22 chercheur·es à l’heure actuelle, principalement des doctorant·es et des post-docs – a l’ambition de comprendre les phénomènes migratoires et d’expliquer les dynamiques à l’œuvre. Sa recherche – totalement libre, non soumise à un parti politique ou à une quelconque organisation – concerne notamment la protection sociale dont bénéficient (ou pas) les migrants, la culture, les arts, le sport comme vecteurs d’intégration ainsi que la spécificité de l’islam. Le centre collabore avec les communes, les ASBL, les médias, etc. « Au début, les préoccupations concernaient très souvent les flux migratoires et leur intégration, poursuit Marco Martiniello. Mais, ensuite, on a assisté à l ’émergence de questions autour de la citoyenneté et de la participation à la vie politique, par exemple. » Depuis 27 ans, les thèses de doctorat, articles scientifiques et ouvrages publiés sous la plume des membres du Cedem apportent ainsi un appui scientifique aux débats académiques, publics et aux décisions politiques. Preuve de sa reconnaissance internationale, le Cedem (et singulièrement Jean-Michel Lafleur et Daniela Vintila) dirige actuellement IMISCOE, l’International Migration Research Network, le plus grand réseau de recherche interdisciplinaire d’Europe dans le domaine des études sur la migration, l’intégration et la diversité. 25 ans du Cedem et célébration de la nouvelle coordination d’IMISCOE Programme 15h : Table ronde sur “The evolution and future of migration research” 16h45 : Table ronde : “La progression des connaissances sur les migrations parallèle à la progression du rejet des migrations. La place de la recherche pour les acteurs politiques et de terrains” Le mercredi 5 octobre à 14h, sa l l e académique, place du 20-Août, 7, 4000 Liège * site www.cedem.uliège.be Cedem 25 ans d’observation des flux migratoires ARTICLE PATRICIA JANSSENS septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 73 futur antérieur

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