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de ces problèmes en créant un endroit où les étudiants et membres du personnel puissent parler de ces difficultés en toute confiance, tout en garantissant à terme une analyse objective et juste des faits. Par ailleurs, une “université humaine”, c’est aussi une université soucieuse des difficultés financières de certains de ses membres. Durant la pandémie, l’ULiège – grâce au concours de l’administration des affaires étudiantes – a distribué 8000 colis alimentaires bio. Au sein du Pôle, elle s’est aussi engagée dans la création de l’épicerie solidaire “Le Kotidien”, rue des Clarisses. D’autre part, un suivi psychologique gratuit a été mis en place en faveur des étudiant·es et des membres du personnel (via la Clinique psychologique et logopédique universitaire). Nous devons maintenant envisager la poursuite de ces dispositifs. LQJ : C’est dans l’optique du bien-être que vous avez porté le dossier du “travail à distance” ? A-S.N. : En effet. Cela répondait à une demande exprimée par des membres du personnel administratif et enseignant. En 2019, j’ai lancé – avec l’aide de l’administration des ressources humaines – un projet pilote sur le travail à distance, sur base volontaire. Le but était d’offrir aux personnes intéressées la possibilité de travailler à domicile un jour ou deux par semaine. Les conclusions ont été très positives dans l’ensemble, tant pour les agents que pour les collègues, le service ou le département. Inutile de dire que cette expérience a été très profitable lorsque le confinement nous a obligés à organiser toutes les activités à distance. Cet exemple vérifie ma méthode, basée sur l’incitation plutôt que sur l’obligation. Je suis persuadée que, pour faire adopter des changements, il faut emporter l’adhésion et surtout ne pas contraindre. À l’heure actuelle, l’Université autorise le personnel à prester deux jours de travail à distance par semaine. Cela nous semble respecter à la fois l’envie de celles et ceux qui veulent limiter le temps dans les transports ou concilier plus harmonieusement leur vie familiale avec leur métier et les demandes des chefs de service qui souhaitent maintenir la cohésion de l’équipe. LQJ : Vous évoquez aussi la créativité... A-S.N. : L’Université doit être créative. Elle doit valoriser l’émulation coopérative et être, non pas un conservatoire de savoirs anciens, mais un laboratoire d’idées pour penser le présent et le monde de demain. L’université de Liège est pluraliste et attachée à la neutralité : nous devons pouvoir travailler, étudier, enseigner, chercher en dehors de toute pression. C’est essentiel. Par ailleurs, l’Université fonde ses enseignements sur la rigueur scientifique et valorise une recherche de pointe, tant fondamentale qu’appliquée. Mais sans tomber dans l’élitisme. Elle doit par ailleurs encourager l’esprit critique et la liberté scientifique dans le cadre de normes éthiques internationales. Elle doit aussi, à mon sens, veiller aux implications sociales, morales, économiques, environnementales ou politiques des recherches entreprises. LQJ : Une autre ambition est d’œuvrer à une “université durable où la transition environnementale est au cœur de nos programmes”. A-S.N. : Sans conteste. Notre monde est en mutation et la transition environnementale est un défi majeur pour notre société. Il faut l’envisager en intégrant la dimension sociale. Nous devons renforcer son approche dans nos enseignements, nos recherches mais aussi dans nos processus de fonctionnement. Un tableau de bord de notre empreinte carbone a été réalisé par la cellule du développement durable. Il doit maintenant être traduit en objectifs et ce sera l’un des axes forts de mon mandat : c’est la raison pour laquelle j’ai souhaité, à mes côtés, un vice-recteur à la mobilité, une conseillère à la transition écologique et sociale, un conseiller à la sobriété numérique et une conseillère à l’éthique et aux politiques d’égalité. Parce que l’Université se doit d’être une actrice responsable et dynamique dans sa cité, soucieuse de son utilité sociale, dotée de sens critique et d’une réflexion éthique sur les grands défis de demain. À cet égard, si l’Université doit être exemplaire quant à sa consommation (mobilité, énergie, consommables, etc.), elle doit aussi dispenser un enseignement transversal sur la transition environnementale. Depuis deux ans, nous avons mis en place “une formation au développement durable” offerte, en option, à tous les étudiants. Près de 500 étudiants la suivent. Mais il faut faire mieux et, par exemple, transformer cette offre en un cours transversal obligatoire dans toutes les Facultés, pour tous les étudiants. J’ai bien l’intention de mettre cette proposition à l’agenda des doyens, car l’adaptation de nos formations à cet enjeu majeur est crucial. Je pense également que cette question ne peut être abordée que de manière transdisciplinaire. Des initiatives en ce sens existent déjà : des cours sur une même question 8 septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ l’opinion

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