LQJ-284

ULiège 284 i janvier-avril 2023 i LeQuinzièmeJour à La Une Cibler lecancer Omnisciences LemondedesZalphas Le parcours NicolasVandewalle Le dialogue Lesviolencesconjugales LQ euinzième Jour Quadrimestriel de l’ULiège janvier-avril 2023 i 284

Couverture Jean-Louis Wertz

Engagement La rédaction À l’écoute de la société, l’université de Liège s’est toujours engagée en faveur de la liberté et de l’égalité des chances, dans le respect de chacun et de chacune. Récemment, elle s’est impliquée dans la défense des valeurs qui lui sont chères. Ainsi, dans le cadre de la chaire internationale Denis Mukwege qu’elle a créée, elle a reçu en ses murs l’exposition “Sakife”, reportage-photos sur les victimes de violences en République Démocratique du Congo. L’Université a collaboré au forum “Sans Transition ! Cultivons le futur”, organisé par le Théâtre de Liège. Elle a salué la colère des femmes iraniennes qui défendent pacifiquement leurs droits, en organisant en novembre une rencontre sur le thème “Iran : les aspirations de la jeunesse à la liberté”. Parmi d’autres initiatives, l’Université s’est encore mobilisée le 8 décembre lors de la Journée mondiale du climat et elle hissera le drapeau arc-en-ciel à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai prochain. En prenant part aux débats qui font l’actualité, l’Université tisse ainsi un maillage entre les enseignements qu’elle dispense, la recherche qu’elle promeut et son implication dans le développement de sa région. Le Quinzième Jour continue et continuera encore à y faire écho dans ses pages. “ La science serait-elle un art L’art de fabriquer Des possibles” (librement inspiré d’un haiku de Natsume Soseki) janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 3 l’édito

L’Édito 4 Engagement L’OPINION 6 G eoffrey Grandjean, sur le tirage au sort en politique À LA UNE 10 Le point sur la recherche oncologique OMNISCIENCES 18 En deux mots 22 Le Conseil genre et égalité 23 Darwin Day 38 Incroyables Zalphas 46 La Fabrique de l’émancipation 54 Sorties de presse UNIVERS CITé 24 La réforme fiscale 30 L’Aquarium-Muséum de l’ULiège a 60 ans 34 Le Printemps Simenon 56 La gare des Guillemins vue par Daniel Buren 66 Les archives de l’ULiège Sommaire 284 i janvier-avril 2023 i LeQuinzièmeJour J.-L. Wertz Bactériologie vétérinaire - ULiège ULiège janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 4 sommaire

LE PARCOURS 42 Nicolas Vandewalle L’ INVITÉ 50 A ly Tandian, à propos de l’immigration sénégalaise LE DIALOGUE 60 F abienne Glowacz et Jean-Louis Simoens sur les violences conjugales FUTUR ANTÉRIEUR 70 Rétrovisions 74 Tout est loin de Karel Logist 78 Petites mythologies uliégeoises MICRO SCOPE 80 La recherche à l’ULiège Le KROLL 83 Les animaux du Muséum déménagent J.-L. Deru/D. Buren J.-L. Wertz J.-L. Wertz janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 5 sommaire

Professeur de science politique à l’ULiège, Geoffrey Grandjean est également chercheur associé à l’École de droit de Sciences Po Paris. Alors qu’un sondage* sur l’état de la démocratie belge montre que 20% des Belges seraient prêts à renoncer à la démocratie, que 4 % des répondants rêvent d’un dictateur et 16 % d’un parti unique, le Pr Geoffrey Grandjean s’interroge sur notre mode de scrutin : faut-il voter pour élire nos représentants ou procéder à un tirage au sort ? * Sondage réalisé mi-novembre par l’institut de sondage Kantar en partenariat avec La Libre et la RTBF. Tirage ausort, ouiou non? carte blanche GEOFFREY GRANDJEAN photos Jean-Louis Wertz janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 6 l’opinion

Loin d’être renvoyé aux calendes grecques, le tirage au sort est d’une étonnante actualité en Belgique depuis la publication, en 2013, de l’ouvrage de David Van Reybrouck intitulé Contre les élections. Un colloque international organisé à l’université de Liège, le 4 novembre dernier, s’est clairement inscrit dans la continuité de cet ouvrage, voire dans une certaine opposition. Posons le cadre d’emblée : il ne s’agit aucunement de sanctifier les élections en nous opposant au tirage au sort. Il s’agit d’offrir un regard critique sur le sujet pour disposer d’une palette d’arguments afin de décider en connaissance de cause s’il faut changer ou non le mode de sélection des représentants. Ceux-ci semblent en effet avoir redécouvert les grandes vertus de la sélection aléatoire permettant d’assurer une rotation des charges et de restaurer la confiance entre les gouvernés et les gouvernants. On ne compte plus les nombreux “panels citoyens” mis en place dans nos systèmes politiques, à tel point que nous assistons, en Belgique, à une institutionnalisation du tirage au sort dans les différents parlements communautaires et régionaux. Qu’il nous soit pourtant permis de porter un regard critique sur ce “nouveau” système à travers le prisme de l’égalité. En quatre étapes. La première étape consiste à questionner la représentativité recherchée par le mode de sélection aléatoire des citoyens devant siéger dans ces panels. Les experts et les élus, entrepreneurs du tirage au sort, semblent intimement convaincus que la sélection probabiliste est le meilleur moyen d’assurer une représentation descriptive permettant de garantir un effet miroir entre les représentants et les représentés. Or la sélection probabiliste sur la base de critères socio-économiques ne permet pas de représenter la diversité des opinions politiques. La Conférence sur l’avenir de l’Europe (2021-2022) en est une illustration convaincante. En effet, la présence d’individus sociologiquement différents ne conduit pas nécessairement à une pluralité de points de vue. Au contraire, les opinions très critiques sur l’Union européenne ont été très minoritaires, par exemple. Autrement dit, le présupposé selon lequel la sélection des personnes doit se faire sur la base de catégories socio-économiques, professionnelles ou géographiques (entre autres), afin de refléter la diversité des idées présentes parmi les citoyens, est erroné. Ce présupposé est fondé sur l’idée que les citoyens pensent d’une certaine manière en fonction de leurs catégories d’appartenance, ce qui n’est pas sans rappeler la société d’ordres sous l’Ancien Régime. Derrière ce préjugé, se camoufle un déterminisme majeur du procédé. Prenons un exemple. Si on souhaite que la diversité statistique soit garantie, en termes de statuts professionnels, on doit s’assurer de la présence de citoyens issus de différents milieux socio-économiques. Il faudra réunir alors des ouvriers, des indépendants, des personnes sans emploi, des employés et des patrons, notamment. Mais qui peut garantir que l’appartenance à ces catégories socio-professionnelles implique des idées politiques diverses ? Certainement pas les modèles statistiques utilisés pour désigner les citoyens au hasard. En fait, l’échantillonnage statistique enferme les citoyens dans des cases. On présuppose que l’ouvrier représente des attitudes politiques communes à son milieu et que le patron en manifeste d’autres partagées par sa “classe”. Mais est-ce le cas ? Connaît-on leurs idées ? Le mode de sélection aléatoire ne permet pas de connaître ces attitudes. Le Conseil d’État belge, en conseillant le législateur wallon, avait d’ailleurs clairement précisé en 2021 que la procédure actuelle de tirage au sort ne peut être considérée “comme garantissant la représentativité politique des habitants ”. Quand les citoyens sont choisis par hasard, les idées importent peu. Autrement dit, le tirage au sort ne favorise aucun débat d’idées, au moment de la sélection, en amont de l’exercice d’un mandat, qui doit permettre de connaître les attitudes politiques des citoyens. Dans cette perspective, il s’agit donc d’un mode de sélection apolitique qui ne garantit nullement une égale présence – et non une égale importance – des positions politiques. Il n’est dès lors pas anodin qu’Yves Sintomer, expert du tirage au sort, ait proposé d’ajouter un critère attitudinal lors de la sélection des participants à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Encore faut-il que les citoyens n’expriment pas des attitudes hésitantes quant aux questions politiques discutées et qu’ils aient conscience des inégalités qui traversent nos sociétés. Si ce n’est pas le cas, la sélection est rendue encore plus compliquée. La deuxième étape interroge la participation volontaire des citoyens dans le cadre des “panels citoyens”. Selon nous, l’absence même d’obligation de participation citoyenne fragilise la représentativité souhaitée par le mode de sélection aléatoire. En effet, l’auto-sélection des citoyens aboutit à la constitution d’une “élite participative”. Par exemple, à la suite du panel consacré janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 7 l’opinion

aux enjeux du vieillissement au Parlement de Wallonie en 2017, les citoyens ont relevé le fait que le processus fondé sur une base volontaire exclut presque automatiquement certains groupes minoritaires, culturels et/ou marginalisés. Plusieurs élus sont allés dans le même sens en constatant que les personnes les plus motivées par les mécanismes participatifs sont les personnes avec un gradient socioculturel élevé. Autrement dit, le mode de sélection aléatoire qui s’appuie sur le principe de la participation volontaire favorise le remplacement d’une élite par une autre élite. En effet, l’élection est une procédure aristocratique ou oligarchique, dans la mesure où les mandats sont réservés à des individus éminents que leurs concitoyens jugent plus compétents que les autres. Historiquement, trois types d’élite se sont succédé aux 19e et 20e siècles : les élites de notables, de partis et enfin les élites communicationnelles, pour reprendre l’analyse de Bernard Manin, docteur honoris causa de notre Université. Avec l’institutionnalisation du tirage au sort sur une base volontaire, cette élite est remplacée par celle qui manifeste de l’intérêt tout en ayant les moyens et le temps. Insistons toutefois sur une des dimensions positives de la sélection aléatoire pour un système politique : la garantie d’une meilleure rotation des charges. Mais celle-ci pourrait cependant être assurée par d’autres procédures comme la limitation temporelle du cumul des mandats. En outre, malgré leur dimension élitiste, l’élection et le tirage au sort incarnent tous deux, de manière différente, l’idéal d’égalité. D’un côté, l’élection favorise l’égalité des chances, les candidats se trouvant sur un pied d’égalité au départ de la compétition. D’un autre côté, le hasard favorise l’égalité d’opportunité prospective puisque chaque participant à une égale probabilité d’occuper une charge politique. Cette égalité est toutefois battue en brèche par le biais d’auto-sélection découlant de la participation volontaire. Autrement dit, l’égalité de participation n’est pas garantie dans les panels citoyens. La troisième étape examine la présence de facilitateurs ou d’experts dans le cadre des délibérations des panels citoyens. Le contexte belge, par exemple, prévoit de manière systématique un encadrement par un comité scientifique. Mais quel encadrement ? Les entrepreneurs du tirage au sort semblent acquis à l’idée que les experts scientifiques sont impartiaux et donc sont les mieux placés pour encadrer les délibérations. Cette impartialité doit permettre au comité scientifique de constituer un portefeuille de documents utiles aux membres des panels citoyens. Il est pourtant tout à fait illusoire d’espérer que les experts soient impartiaux, notamment dans le choix des informations utiles. Si la neutralité axiologique doit permettre aux chercheurs de suspendre tout jugement de valeur dans le cadre d’une analyse scientifique, faire délibérer des citoyens, ce n’est pas faire de la science. Accompagner et encadrer une délibération politique est loin de constituer une action anodine. Les experts des techniques d’enquête sont bien souvent les seuls à savoir comment s’est constituée l’assemblée des représentants tirés au sort. En outre, à partir du moment où ces assemblées commenceront à prendre des décisions contraignantes sur des questions de politique publique (avec de multiples parties prenantes), le poste de facilitateur sera le premier à être politisé. Avec la mise en place de panels citoyens, on assiste dès lors à un transfert de souveraineté des citoyens et des représentants vers les experts. Pourtant, à aucun moment, ce transfert n’est discuté dans les débats parlementaires, comme si la neutralité de l’encadrement allait de soi. Or il est vraiment permis d’en douter. Enfin, force est de constater que ce sont les mêmes experts qui sont sans cesse mobilisés par les représentants politiques, notamment lors des auditions parlementaires. Les opposants au tirage au sort n’ont pas souvent voix au chapitre. Aucune diversité n’est recherchée dans l’espace public. Or, les entrepreneurs du tirage au sort sont dotés de certaines caractéristiques, dont un capital culturel élevé. Pourquoi les experts ne seraientils pas également choisis au hasard ? Autrement dit, la présence de facilitateurs scientifiques, dont la posture de neutralité peut être contestée, induit une vision inégalitaire de la délibération. La quatrième étape questionne le consensus ou, au minimum, la méthode de décision consensuelle, qui est la finalité des processus de délibération des panels citoyens. La littérature scientifique a pu démontrer la dimension neutralisante du tirage au sort. Ainsi, son atout principal est de mettre en place une procédure décisionnelle dont les résultats ne nécessitent aucune justification, oblitérant ainsi les arguments (il)légitimes pouvant motiver une décision, et entraînant par conséquent une occultation des conflits politiques. Est-ce ce modèle de décision que nous souhaitons au 21e siècle ? Que se passera-t-il si de graves oppositions se manifestent durant les délibérations ? janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 8 l’opinion

Pour certains chercheurs, la sélection aléatoire ne serait ni rationnelle ni irrationnelle, mais viserait en fait à créer une “fenêtre aveugle” dans le processus décisionnel, moment pendant lequel aucun facteur humain n’interviendrait. Il servirait surtout à empêcher que de “mauvaises ” justifications (discriminatoires ou basées sur l’intérêt privé du décideur politique, par exemple) soient employées dans le cadre du processus de sélection. L’atout principal du recours au sort en politique ne serait par conséquent pas la réalisation d’une plus grande égalité politique, mais la possibilité de ne pas devoir justifier la sélection des gouvernants, ce qui neutralise deux phénomènes : d’une part, le processus de sélection, puisque les personnes seraient désignées indépendamment des raisons avancées pour les sélectionner et, d’autre part, les résultats du processus de désignation, puisque aucun candidat ne peut s’estimer lésé par sa non-sélection. Le tirage au sort aurait donc un effet de limitation de la concurrence entre élites, faisant ainsi écho à l’utilisation médiévale du sort dans les cités italiennes telles que Florence ou Venise, où il était principalement mobilisé en vue d’atténuer la compétition politique entre les différentes élites socio-politiques. Pourtant, à y regarder de plus près, les vertus neutralisantes et égalitaires du tirage au sort sont intrinsèquement liées. En effet, s’il permet à la notion d’égalité d’opportunité prospective de s’épanouir au sein d’un système politique, c’est en raison des attributs neutralisant de la sélection aléatoire, laquelle supprime le principe de distinction – inégalitaire – concrétisé par l’élection. Il neutralise surtout les distorsions liées aux effets des inégalités économiques sur la compétition politique. Les acteurs disposant de ressources économiques ne seraient ainsi pas favorisés lors de la sélection aléatoire des décideurs politiques, à la différence de ce que l’on peut constater dans le cadre des campagnes électorales actuelles. Une question fondamentale demeure : souhaitons-nous que notre système politique soit placé sous le sceau de la neutralité ? Si la réponse est positive, cela signifie que l’exercice du pouvoir n’aurait pour finalité que de neutraliser les multiples conflits au sein d’une société. Or, selon nous, le système politique est un espace public “agonistique” de contestation, pour reprendre les termes de Chantal Mouffe, où différents projets hégémoniques peuvent s’affronter et où les acteurs politiques ne font pas preuve de modération avant d’entrer en négociation. Dans cette perspective, le tirage au sort, par ses attributs neutralisants, se révèle apolitique. La neutralisation permanente des conflits favoriserait consécutivement l’immuabilité d’un système politique. Si la réponse est négative, cela signifie que l’exercice du politique, loin de faire taire ces conflits, chercherait à les révéler et, surtout, à s’assurer que son fondement soit la remise en cause permanente des normes que se donne une société. En définissant le système politique comme un espace public agonistique, nous espérons que la remise en cause permanente favorise le constant progrès de l’humanité. De ce point de vue, le tirage au sort n’est pas, à notre avis, synonyme de progrès pour un système politique. Vidéos du colloque sur https://www.idpublique.uliege.be/ contre-le-tirage-au-sort janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 9 l’opinion Pouraller plus loin

Institut de cancérologie Larévolutionde l’immunothérapie Au cours des dernières années, des progrès majeurs ont été réalisés dans le domaine de l’oncologie grâce à des traitements toujours plus ciblés et personnalisés. L’évolution vers une prise en charge multidisciplinaire a également contribué significativement à l’amélioration de la qualité de vie des patients. À l’ULiège, ces multiples compétences sont désormais réunies en un seul et même lieu, l’Institut de cancérologie Arsène Burny, inauguré en décembre dernier. DOSSIER JULIE LUONG Archipelago-CHU janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 10 à la une

East Dam Drone C’est un éminent chercheur en génétique et membre fondateur du Télévie qui lui a donné son nom : l’Institut de cancérologie Arsène Burny a été inauguré sur le site du Sart-Tilman le 2 décembre et a accueilli le premier patient dès le 5. Dans ce bâtiment (dont la construction fut plusieurs fois retardée) se déploient sur sept étages quelque 30 000 m2 de locaux dédiés à l’oncologie ambulatoire : consultations, hospitalisations de jour en cancérologie (chimiothérapies et immunothérapies notamment), plateaux techniques de radiothérapie et d’imagerie oncologique. À l’année, pas moins de 14 000 patients – dont 3400 nouveaux – y seront suivis. « Tout a commencé par un groupe de travail qui s’est réuni pour réfléchir à ce que nous devions modifier pour optimaliser notre organisation », se souvient le Pr Yves Beguin, hématologue et par ailleurs président du conseil de gouvernance de l’Institut. Quelles que soient les compétences et la qualité des soignants, les chiffres montrent en effet que les chances de survie et de guérison des patients augmentent lorsqu’ils sont pris en charge dans un centre important. « Rivaliser avec les gros centres d’oncologie accrédités nécessitait des améliorations dans l’organisation elle-même, ainsi que de se réunir physiquement en un seul endroit. Pour le bien des patients ainsi que pour maximaliser les interactions entre les différents acteurs, qu’il s’agisse des médecins ou des personnes qui s’occupent des soins de support. » Si la fusion avec le CHR Citadelle ne faisait pas au départ partie du projet, elle s’inscrit naturellement dans cette logique de centralisation des compétences. « Faire tout partout n’a plus de sens : mieux vaut regrouper les forces, à la fois d’un point de vue de santé publique et d’un point de vue financier. La pénurie d’infirmières et de certains types de spécialistes plaide aussi pour cette centralisation, même si l’accueil des patients doit rester proche de chez eux. » L’Institut de cancérologie Arsène Burny offre donc une prise en charge à la fois plus transversale et plus centralisée, au-delà du fonctionnement classique “par service” qui a longtemps prévalu. Une évolution rendue nécessaire par les progrès de la recherche et des traitements. J.-L. Wertz janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 11 à la une

« L’oncologie se complexifie de manière phénoménale, commente le Pr Yves Béguin. Avant, on avait besoin de bons chirurgiens et de bons radiothérapeutes. Le reste reposait essentiellement sur la chimiothérapie. Aujourd’hui, la découverte de la présence de nombreuses anomalies génétiques au sein des cancers permet de déterminer le pronostic d’un patient et d’évaluer les bénéfices de tel ou tel traitement. La prise en charge devient dès lors très spécifique, très personnelle. » Les caractéristiques génétiques du cancer (dites aussi mutations “somatiques”, par opposition aux mutations “germinales” qui se transmettent à la descendance) sont devenues à tel point prépondérantes dans le choix d’un traitement qu’un même médicament peut parfois être utilisé pour soigner un cancer du sein et un cancer du rectum. Il n’est donc plus pertinent de fonctionner strictement “par organe”, même si la localisation du cancer reste évidemment un élément déterminant. « Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus possible d’être un cancérologue général ou même un hématologue général, insiste Yves Béguin. Au sein même d’un domaine aussi spécialisé que l’hématologie, il faut aujourd’hui se sur-spécialiser si l’on veut rester au top. Et cela n’est évidemment possible que dans un grand centre. » COMPLEXIFICATION ET CENTRALISATION La centralisation de multiples compétences va bien sûr de pair avec de nouveaux modes de fonctionnement. « Il faut aller vers cette notion d’intégration et fonctionner de manière plus collégiale, notamment grâce à l’organisation de demi-journées thématiques sur tel ou tel type de cancer. Par exemple, si le lundi après-midi et le mercredi matin sont dédiés au cancer du sein, cela permettra à tous les spécialistes impliqués dans ce cancer de consulter dans des bureaux adjacents. Les infirmiers de liaison seront aussi là pour assurer un premier contact avec le patient et coordonner au maximum tous les soins. Nous avons ainsi sérieusement augmenté leur nombre. Nous organiserons aussi des consultations plurisdisciplinaires dans le même bureau, ce qui est évidemment avantageux au moment du diagnostic et de l’élaboration du plan de traitement, mais aussi en cas de rechute. » Le fil rouge : remettre le patient “au cœur” de la thérapeutique plutôt que de se concentrer exclusivement sur le cancer, sans prendre autant en compte la qualité de vie, le vécu de la maladie, les effets secondaires du traitement, etc. Au premier étage de l’Institut, le centre de bienêtre “Oasis” offrira ainsi un panel de ressources à disposi t ion des malades : kinési thérapeutes, psychologues, diététiciennes, esthéticiennes, spécialistes du traitement de la douleur, cours de yoga, de stretching, d’autohypnose, etc. « L’Institut n’est pas qu’un bâtiment : c’est un réaménagement au service ultime des patients. Toutes ces personnes de support auront aussi des consultations et des locaux dédiés, et l’intégration des soins sera aussi complète que possible », résume le Pr Yves Beguin. Le bâtiment accueillera par ailleurs tout le pôle de la recherche clinique, en rassemblant les data managers et directeurs des études cliniques, afin de renforcer encore le dialogue entre la clinique et la recherche propre à un hôpital universitaire. L’EXEMPLE DU MÉLANOME Parmi les progrès en termes de traitement, c’est sans nul doute l’immunothérapie qui a changé la donne au cours des dix dernières années. Son principe consiste à amener les cellules immunitaires à “reconnaître” à nouveau les cellules cancéreuses comme anormales et à les détruire. « Pour le moment, les données sont surtout disponibles lors de maladies métastatiques où la guérison n’est plus possible, quoiqu’aujourd’hui on pense que l’immunothérapie permettra de guérir certains patients avec des métastases », explique le PrGuy Jérusalem, professeur à l’ULiège et chef du service d’oncologie au CHU de Liège. Le mélanome est actuellement le cancer dans lequel les chercheurs possèdent le plus de recul par rapport à l’immunothérapie : 30% des patients traités pour un cancer janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 12 à la une

métastatique sont toujours en vie après dix ans. « On espère vraiment que toutes ces personnes seront guéries à long terme », poursuit le Pr Guy Jérusalem. Dans la majorité des cancers, l’immunothérapie n’est cependant pas utilisée seule mais en association avec la chimiothérapie et/ou la radiothérapie : elle est en effet d’autant plus efficace que les cellules cancéreuses, détruites par la chimiothérapie ou la radiothérapie, libèrent des antigènes qui pourront être reconnus plus facilement par les cellules immunitaires. « Il y a aujourd’hui beaucoup de recherches pour associer ces médicaments au traitement classique. Dans les cancers dits “chauds”, les cellules immunitaires sont déjà présentes mais non fonctionnelles; elles restent comme paralysées par le micro-environnement. Il s’agit donc de les activer. Dans les cancers dits “froids”, les cellules immunitaires n’existent pas et il faut les amener », précise le spécialiste. Par ailleurs, il est apparu qu’une frange de patients pouvait retirer un bénéfice très prolongé de l’immunothérapie. Car si presque tous les malades répondent à des traitements classiques ou ciblés pour une période de quelques mois seulement, la plupart développent ensuite des mécanismes de résistance. Dans l’immunothérapie, seuls 20% des patients vont répondre au traitement... mais pendant de longues années (le plus souvent) ! « Le défi est donc aussi de pouvoir identifier qui va répondre au traitement », résume le Pr Jérusalem. Certains marqueurs au niveau des cellules immunitaires (marqueur PDL1 par exemple) permettent aujourd’hui de donner une indication, même s’ils ne sont pas prédictifs pour toutes les pathologies. Ainsi, dans le cancer du sein métastatique, il faut que le PDL1 soit exprimé pour que le traitement soit efficace, mais, si on le donne dans un cancer du sein sans métastases traité par chimiothérapie et immunothérapie, le traitement est efficace avec ou sans expression du PDL1... Plus étonnant encore, dans le cancer du poumon, la réponse à l’immunothérapie sera meilleure si l’on est fumeur. « Les cellules cancéreuses des fumeurs présentent davantage de mutations au niveau génétique, ce qui va faciliter la reconnaissance d’une anomalie par le système immunitaire », observe le Pr Guy Jérusalem. Ce principe s’applique aussi à certaines formes de cancer du côlon associées à une prédisposition héréditaire : là Cellules cancéreuses du colon (HCT116). Jaune = microfilaments d’actine. Bleu = noyau. R. Peiffer, GIGA-Cancer, laboratoire de recherche sur les métastases. janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 13 à la une

encore les mutations génétiques plus nombreuses favorisent l’immunothérapie. « On sait aujourd’hui que les cancers qui apparaissent dans un contexte héréditaire sont beaucoup plus nombreux que ce que l’on croyait. Or certains traitements ne sont efficients que chez des patients qui ont des anomalies mieux reconnues par le système immunitaire. Pour certains types de cancer du côlon, on se demande même si une immunothérapie seule n’est pas suffisante comme traitement, sans chirurgie puisqu’il arrive qu’on découvre qu’il n’y a plus de cancer colorectal au moment où l’on opère... » Généralement beaucoup mieux tolérée que la chimiothérapie, l’immunothérapie permet aussi de traiter des personnes plus âgées, même s’il existe aussi des risques de toxicité dont il faut informer les patients, afin d’en repérer assez tôt les premiers signes. Autre bémol : le coût de l’immunothérapie qui avoisine les 10 000 euros par mois. Et un traitement peut durer un an ou plus pour les cancers métastatiques... D’où la nécessité de progresser dans l’identification des patients à qui elle sera bénéfique. Enfin, la prochaine étape, déjà en cours, est d’évaluer si l’immunothérapie permettra aussi de guérir davantage de patients si on l’introduit tôt dans le plan de traitement, à un moment où il n’y a pas encore de métastases visibles, mais où les facteurs pronostiques indiquent un haut risque de rechute. Révolution à l’intérieur de la révolution : l’immunothérapie cellulaire par cellules CAR-T constitue une forme particulière d’immunothérapie. Ces cellules sont des lymphocytes, une catégorie essentielle de globules blancs, prélevées au patient, transformées génétiquement pour mieux les armer contre les cellules cancéreuses, et cultivées en laboratoire pour en obtenir une quantité adéquate. « Nous sommes l’un des quatre centres belges agréés pour l’utilisation de ces cellules, explique le Pr Yves Béguin. Nous utilisons des cellules CAR-T fabriquées par plusieurs firmes pharmaceutiques, mais plus récemment, en collaboration avec une biotech néerlandaise, nous en fabriquons certaines nous-mêmes, dans notre laboratoire reconnu par l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé. On prélève des cellules du patient dans lesquelles on introduit une construction génique afin qu’elles puissent reconnaître une cible très spécifique d’une cellule cancéreuse (antigène) et se fixer sur elle. Cela provoque une réaction immune extrêmement puissante qui détruit les cellules cancéreuses. » Cerise sur le gâteau : le prélèvement, la culture et la réinjection de ces cellules au sein même de l’hôpital (sans passer par l’industrie pharmaceutique) permettent de réaliser le processus en une semaine (alors qu’il en faut généralement six), tout en diminuant les coûts de production. À côté de l’immunothérapie, il faut encore signaler une autre catégorie de médicaments appelée à changer la donne dans les prochaines années : celle des immuno-conjugués, soit des anticorps monoclonaux chargés de chimiothérapie, lesquels vont la délivrer plus spécifiquement au niveau des cellules tumorales. « Le médicament se fixe sur la cible (l’antigène), reconnue par l’anticorps, détaille le Pr Guy Jérusalem. Il y a alors une internalisation de la molécule : la chimiothérapie est libérée dans la cellule tumorale, ce qui permet de la détruire. En plus, certains immuno-conjugués de dernière génération traversent la membrane plasmatique jusqu’aux cellules voisines qui, même si elles n’expriment pas la cible, peuvent être exterminées. Il s’agit donc d’une manière beaucoup plus sélective d’administrer la chimiothérapie puisqu’on peut amener en un site des doses de chimiothérapie qui, en administration intraveineuse classique, seraient beaucoup trop toxiques. » Cette nouvelle manière de procéder devrait conduire à l’apparition de nouvelles molécules disponibles dans les années à venir qui vont changer nos algorithmes de traitement et, on l’espère, permettre de guérir plus de patients et avec moins de séquelles thérapeutiques. Prélèvement, culture et réinjectiondecellulesCAR-T auseinmêmede l’hôpital janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 14 à la une

MATRICE EXTRACELLULAIRE : UNE EXPERTISE LIÉGEOISE Du côté du GIGA-Cancer, on se réjouit aussi de l’inauguration du nouvel Institut qui sera l’occasion d’accroître encore les collaborations entre les chercheurs et les cliniciens. « Ce n’est tout de même pas commun d’avoir sur le même site un hôpital universitaire et un centre comme le GIGA avec de telles plateformes technologiques, souligne la Pr Agnès Noël, biologiste au GIGA-Cancer. Si je travaille sur des cultures de cellules, avec des modèles très loin de la réalité, je peux me poser la question de la pertinence de ce que j’observe. Ici, je peux traverser le couloir et en faire part aux cliniciens. Et cela va dans les deux sens. Les cliniciens peuvent aussi me soumettre un problème qu’ils rencontrent. » Le GIGA-Cancer travaille sur de nombreux types de cancers : du sein, du col de l’utérus, du poumon, du pancréas, mélanome. « Nous essayons de comprendre comment la tumeur se développe et quelles sont les interactions entre les cellules tumorales et les cellules voisines, notamment les vaisseaux sanguins et lymphatiques, qui vont offrir des voies de dissémination aux cellules invasives et métastatiques, poursuit la Pr Agnès Noël. L’objectif est de comprendre comment la cellule se transforme et comLe centre de bien-être “Oasis“ est intégré dans le nouveau bâtiment J.-L. Wertz janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 15 à la une

ment elle évolue au fil du traitement car on se rend compte aujourd’hui qu’au fur et à mesure que se développent de nouvelles thérapies, un certain nombre de patients récidivent parce que la tumeur s’est adaptée. La question est de savoir si elle était déjà résistante ou si elle est devenue résistante au cours du traitement. » Cette résistance pourrait être liée aux cellules tumorales et aux cellules alentour : l’étude de ce micro-environnement tumoral – qui comprend les cellules inflammatoires, les cellules immunitaires, les cellules endothéliales qui forment les vaisseaux sanguins et lymphatiques, et les fibroblastes – est l’un des domaines de spécialité du GIGA-Cancer. On y étudie en particulier la matrice extracellulaire, un ensemble composé essentiellement de protéines comme le collagène et qui forme la charpente de support des cellules. « Quand les cellules migrent et quittent l’organe d’origine, elles empruntent des espèces de rails sur lesquels elles peuvent se déplacer. La matrice extracellulaire joue un rôle dans ce processus. Au GIGA, nous essayons de comprendre comment elle influence les propriétés des cellules tumorales mais aussi des cellules immunitaires. Car on sait que dans l’immunothérapie, dans certains cas, la cellule immunitaire n’arrive pas à atteindre les cellules tumorales à cause de certains obstacles. La matrice extracellulaire peut en être un. En effet, quand un cancer se développe, la matrice est sensiblement modifiée au niveau qualitatif et quantitatif. » À noter que l’ULiège a joué un rôle pionnier dans la connaissance de cette biologie de la matrice extracellulaire, suite aux travaux, dans les années 1980 et 1990, de Charles Lapierre, ancien chef de service de la dermatologie, et de Jean-Michel Foidart, professeur de gynécologie- obstétrique. « Je suis une descendante de cette filière, raconte la Pr Agnès Noël. Et aujourd’hui, ces recherches sur la matrice un temps laissées de côté reviennent en force grâce aux nouveaux outils de microscopie et d’imagerie qui nous permettent des analyses beaucoup plus précises en trois dimensions, d’autant que nous avons au GIGA la chance d’avoir une batterie de microscopes et de plateformes technologiques à la pointe et puissantes. » L’étude du micro-environnement peut concerner la tumeur primaire mais aussi d’autres organes ou les ganglions lymphatiques, par lesquels certains cancers comme le mélanome ou le cancer du col de l’utérus passent pour se métastaser. Parce que les recherches ont montré que des modifications pouvaient s’y développer avant même que les cellules tumorales ne soient là. « Avant, on pensait que les cellules tumorales quittaient la tumeur primaire, empruntaient les vaisseaux sanguins ou lymphatiques et arrivaient par la route anatomique normale jusque dans le poumon, le foie ou les ganglions. Mais depuis une dizaine d’années, on se rend compte que la tumeur primaire envoie bien avant des messages partout dans l’organisme tels que des protéines solubles ou des exosomes, ces sortes de “capsules spatiales” expulsées hors de la tumeur. C’est ainsi que vont se former des niches pré-métastatiques, sorte de petits nids douillets reposant sur des modifications tissulaires complexes (inflammation, activation de fibroblastes, dépôt de matrice extracellulaire, etc.). Donc, quand la cellule va former une métastase, elle arrive en fait dans un endroit qui est déjà “préparé” et favorable à sa prolifération. » Malgré des progrès thérapeutiques majeurs, le cancer, on le voit, est encore très loin d’avoir révélé toute la complexité de ses processus... Plus que jamais, rassembler les compétences cliniques et de recherche semble primordial. janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 16 à la une

17 janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ à la une

Éclosio La nouvelle campagne de solidarité d’Éclosio bat son plein. Cette année, l’ONG de l’ULiège souhaite soutenir les agriculteurs et agricultrices du Sénégal, victimes des effets du changement climatique qui assèche et appauvrit leurs terres. Pour y faire face, Éclosio les accompagne dans leur transition vers l’agroécologie, afin qu’ils puissent améliorer leurs revenus et leur production, dans une approche respectueuse des écosystèmes. Cette campagne s’appuie notamment sur un projet de recherche-action novateur mené entre Éclosio et Ludivine Lassois de Gembloux AgroBio-Tech, lequel vise à soutenir une filière locale de biofertilisants, dans le bassin arachidier du nord du Sénégal. * vidéo du projet sur www.eclosio.ong/ campagne-de- solidarite-senegal Éco-gestes L’ULiège s’engage à réduire sa consommation d’énergie. Elle préconise quelques gestes simples et efficaces à mettre en œuvre sur tous les campus, dans tous les bureaux, les labos, etc. Chaque “éco-geste” compte ! * www.uliege.be/energie En 2 mots Finance soutenable L’ULiège devient la première université belge à faire partie de “Global Research Alliance for Sustainable Finance and Investment”, une alliance mondiale de recherche universitaire pluridisciplinaire en finance durable fondée en 2017. Elle réunit 26 universités de réputation internationale qui, en recherche et enseignement, témoignent d’une solide expertise dans le domaine de la finance durable. Étudiant·es engagé·es Assumer des responsabilités à la Fédé, être représentant·e au sein du conseil d’administration de l’Université, s’engager activement dans une ONG, etc., tout en menant des études, relève de l’exploit. Afin de favoriser l’engagement des étudiant·es dans la société civile, l’ULiège a mis en place un statut spécifique à leur intention. à ce jour, 87 étudiant·es l’ont obtenu le statut. Groupe Sitoe janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 18 omni sciences

Économie sociale Afin de contribuer au developpement du modele wallon de l’economie sociale, la ministre de l’Economie sociale, Christie Morreale, a decidé de renforcer l’enseignement et la recherche en la matière. Trois nouvelles chaires universitaires – à l’UCLouvain, l’UMons et l’ULB – viennent d’etre lancees sous la coordination du Centre d’économie sociale de l’ULiège, dirigé par la Pr Sybille Mertens. L’objectif étant aussi d’assurer une meilleure articulation entre les acteurs de terrain de l’economie sociale et les acteurs academiques. * www.ces.uliège.be Micromobilité Depuis septembre dernier, des trottinettes et des vélos électriques sont disponibles sur le campus du Sart-Tilman. L’ULiège a en effet accepté – pour des trajets intra-campus – que les opérateurs ayant ratifié la charte de cyclo-partage de la ville de Liège installent une flotte sur le domaine pour une phase test d’un an. Leur utilisation est réservée aux étudiant·es et aux membres du personnel. * https://www.campus. uliege.be/mobilite- electrique sedeplacer@uliege.be Musique et sciences Les plantes sont fascinantes. Au cours de l’évolution, elles ont acquis un ensemble de caractéristiques morphologiques et physiologiques complexes qui leur permettent de survivre dans les conditions – quelquefois extrêmes – de leur environnement naturel. Les jeunes compositeurs du cours de Michel Fourgon ont pu découvrir un certain nombre de ces adaptations lors d’une visite de l’Observatoire du monde des plantes. Le 16 mars prochain, chaque compositeur présentera une pièce courte de quelques minutes inspirée par ce monde merveilleux. En guise d’introduction, Sophie Pittoors, responsable des collections, donnera quelques courtes informations sur les surprenantes caractéristiques de la plante qui ont inspiré la composition. Le jeudi 23 mars à 20h, salle académique de l’ULiège, place du 20-août 7, 4000 Liège. Entrée libre. Patrick Motte Telescope Le Pr Jean Surdej donnera une conférence intitulée de “De la camera obscura … au télescope à miroir liquide de 4 m : le ILMT» à la Société astronomique de Liège. Ce télescope international à miroir liquide de 4 m. ( 4m International Liquid Mirror Telescope) utilise un miroir rotatif, recouvert d’un mince film de mercure liquide, pour collecter et focaliser la lumière. Installé dans la chaîne centrale de l’Himalaya en Inde, le télescope sera officiellement inauguré le 21 mars 2023, jour du début du printemps indien. Le 27 janvier à 19h30 Institut de physiologie 17, Place Delcour 4020 Liège App-elles La ville de Liège – avec le soutien de l’Association générale des étudiants liégeois (Agel) –propose une application destinée aux victimes et aux témoins de violences sexistes et sexuelles. Déjà utilisée dans une trentaine de pays, “App-Elles” permet d’alerter facilement des proches ou la police face à une situation de détresse, de danger ou d’urgence. * toutes les infos (y compris le lien sur le téléchargement) sur https://www.student. uliege.be/appelles janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 19 omni sciences

Festival de Liège Fidèle à son ADN, le Festival de Liège propose une 12e édition à l’image des précédentes : novatrice et engagée. Véritable plongée dans notre époque, la programmation entend porter un regard critique sur notre monde. Et si des artistes confirmés sont à l’affiche – Fabrice Murgia, Junior Mthombeni, Joël Pommerat –, le Festival fait aussi la part belle aux visages nouveaux – Janaina Leite, Sottorraneo, Pantelis Dentakis – et aux jeunes pousses de la Fédération Wallonie-Bruxelles comme Céline Beigbeder, Nicolas Bruno ou Sophie Linsmaux. Spectacles, concerts, expos, rencontres avec les artistes : pendant trois semaines, le cœur de la Cité ardente battra au rythme du Festival de Liège. Du 27 janvier au 18 février au Manège Fonck, rue Ransonnet 2, 4020 Liege. * informations et réservation, www.festivaldeliege.be, tél. 0497.606.402 (de 12 à 17h), billetterie@festivaldeliege.be Rotary La Fondation du Rotary international et le District 2160 du Rotary proposent aux jeunes diplômé·es et aux chercheur·es, des bourses pour effectuer une formation, de la recherche ou un perfectionnement dans une institution d’enseignement supérieur à l’étranger. Dans ce cadre, le district 2160 organise un concours pour l’année académique 20232024. La date limite pour l’introduction des dossiers est fixée au 31 mars, mais il est indispensable de se manifester avant le 1er mars afin de bénéficier d’une aide pour constituer le dossier. * renseignements auprès de Willy Zorzi, responsable pour la coordination des bourses Rotary à l’ULiège, Willy.Zorzi@uliege.be 15km de Liège Métropole La prochaine édition des 15km de Liège Métropole se déroulera le dimanche 16 avril. Cette année encore, l’ULiège est partenaire de l’événement organisé par l’ASBL Zatopek. Sept tracés différents sont proposés (3 km, 7 km, 15 km, 21 km et 48 km). En 2022, la manifestation a rassemblé plus de 8000 participants, dont 729 aux couleurs de l’ULiège. Rejoignez la Team ULiège ! Un t-shirt running vous sera offert et vous pourrez bénéficier de tarifs préférentiels. Inscriptions jusqu’au 13 avril. * informations et inscriptions pour l’ULiège sur www.15kmdeliege.uliege.be Serre urbaine Le 20 décembre a été inaugurée la serre urbaine basse énergie située sur le toit du Centre TERRA à Gembloux. Le projet (porté par le Centre de recherches en agriculture urbaine de Gembloux Agro-Bio Tech et GROOF, projet Interreg) a pour but de montrer la valeur ajoutée des serres sur toit dans l’agriculture et l’immobilier de demain. Ces serres de nouvelle génération pourront récupérer la chaleur produite et non consommée par le bâtiment de manière active. Elles bénéficieront de l’énergie produite par des panneaux photovoltaïques et réduiront les émissions de CO2 générées par les transports en produisant des plantes localement. * https://www.news.uliege. be/serrure Festival de Liège janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 20 omni sciences

Prix Georges Collignon Le Lions Club Liège Val mosan organise un concours de peinture à la mémoire de son ancien membre Georges Collignon, décédé en 2002. L’événement est destiné à encourager un(e) jeune artiste (moins de 40 ans au 1er avril 2023), domicilié(e) en Belgique, à poursuivre sa carrière en lui attribuant une somme d’argent (3000 euros) et en lui offrant une participation à l’exposition au Centre wallon d’Art contemporain en avril 2023. La 9e édition du prix Georges Collignon, organisée en collaboration avec le Centre wallon d’Art contemporain “La Châtaigneraie” et le Musée en Plein Air du Sart-Tilman, se tiendra en avril-mai 2023. Date limite d’inscription : 10 mars 2023. * p.henrion@uliege.be \ ULiège à Verviers L’ULiège et la ville de Verviers proposent des “Grandes Conférences” et des modules de cours sur des thématiques variées, au deuxième quadrimestre (du 20 mars au 2 octobre 2023) : • La Pr Marie Lambert de HEC Liège donnera une conférence intitulée “Perspectives académiques sur les enjeux et les défis de la finance responsable”, le lundi 13 février à 20h. • Le directeur de l’Aquapôle, Jean-François Deliège, quant à lui donnera une conférence sur “La gouvernance de l’eau : enjeux et perspectives”, le lundi 13 mars 2023 à 20h. Cette conférence introduira le module de cours consacré à “ L’eau pour le meilleur et pour le pire ?”, en collaboration avec le Hub Créatif de Verviers. • Bjorn-Olav Dozo, directeur de la Care Digital Tools, donnera une conférence sur la “Transition numérique. Des utopies techno-futuristes aux réalités contemporaines, ou qu’est-il arrivé aux voitures volantes ?”, le lundi 17 avril à 20h. Les conférences ont lieu au Centre culturel de Verviers-Espace Duesberg, boulevard des Gérarchamps 7c, 4800 Verviers. Les modules de cours (à 14h) ont lieu au Conservatoire de Verviers, salle Guy-Philippe Luypaerts, rue Chapuis 6, 4800 Verviers. * programme complet sur www.ccverviers.be ImagéSanté La 15e édition du festival ImagéSanté aura lieu du 27 mars au 1er avril prochains. Cinq jours durant, le grand public – y compris les étudiants – aura la possibilité de découvrir des émissions et des films relatifs à la santé. Les retransmissions d’opérations en direct du bloc opératoire du CHU font toujours bien partie de la programmation (leur succès ne se dément pas : 55 000 spectateurs les ont suivies en 2021), comme la sensibilisation à la santé des étudiants et des élèves de l’enseignement secondaire lors d’un “campus ImagéSanté” organisé à la faculté de Médecine. Quant à la compétition de films, elle suscite toujours autant d’engouement. Un jury proposera une sélection de 22 d’entre eux qui seront projetés aux cinémas Les Grignoux et suivis de débats. La remise des prix aura lieu le 1er avril. Forte du succès de l’édition 2021, organisée totalement en digital, la prochaine manifestation sera hybride, en présentiel et en digital. * programme complet sur www.imagesante.be/fr/ mars 2023 Liège 15ème edition 27 mars > 1er avril janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 21 omni sciences

Depuis quelques années, l’université de Liege a developpé de nombreuses actions en matiere de genre et d’egalité, mais sans les intégrer véritablement dans une politique structuree. Sensibilisée à ce sujet – voir notamment la campagne #Respect qu’elle avait mise en place en 2020 –, la rectrice Anne-Sophie Nyssen a soutenu récemment la création d’un “Conseil genre et égalité” piloté par la Pr Florence Caeymaex, conseillère à l’éthique et aux politiques d’égalité. « Promouvoir l’egalité entre hommes et femmes à l’Université fait partie des objectifs de la nouvelle équipe rectorale, explique Florence Caeymaex. La création d’un “Conseil genre et égalité” en est la preuve la plus immédiate. » Mais rendons à César ce qui lui appartient : le Conseil est la forme officielle du “Groupe de travail GenreÉgalité” (GT) qui a vu le jour dans le cadre des actions liées à la stratégie “Human Ressources Strategy for Researchers” (HRS4R) que l’ULiège développe depuis 2011. Ouvert et accessible à tous et toutes, membres de l’ULiège sans aucune distinction, ce groupe s’est réuni à plusieurs reprises depuis 2020, afin de faire des propositions aux autorités universitaires en matière d’égalité. « Aujourd’hui, le Conseil s’inscrit dans cette même démarche participative et reste ouvert à tous ceux et toutes celles – étudiants compris – qui se sentent concernés par le sujet. Nous avons décidé de travailler par petits groupes thématiques, formés sur la base des compétences disponibles et des intérêts des membres, lorsqu’il s’agira d’aborder des questions complexes (comme le rédaction d’une charte “Égalité de genre” destinée à rappeler régulièrement à l’ensemble de la communauté les principes et les obligations de tous en la matière, par exemple). Cela permettra à certaines personnes de s’investir de manière ponctuelle sur une question précise, sans sacrifier ni sa vie de famille ni sa carrière professionnelle », détaille Florence Caeymaex. Les réflexions du GT ont débouché sur la rédaction d’une liste de dix actions prioritaires, une synthèse que le Conseil compte bien faire sienne. Parmi les pistes proposées : la mixité des organes décisionnels et consultatifs, le soutien à la parentalité, la formation au biais de genre (notamment lors des recrutements) et la communication des décisions prises. « Sans oublier l’amélioration de la prise en charge des situations de harcèlement sexiste et sexuel. Les attentes sont fortes. L’Université doit adopter une attitude claire et la faire connaître, tout en se donnant les moyens d’agir. » Un bureau du Conseil chargé de l’opérationnel vient d’être constitué. Aux côtés de Florence Caeymaex, y siégeront la rectrice Anne-Sophie Nyssen, la conseillère en développement durable Sybille Mertens, cinq membres du Conseil et une “personne de contact”, cheville ouvrière du dispositif, à savoir Elena Chane-Alune de la cellule Radius. « Elle sera en charge de la sensibilisation à la thématique et de la communication en interne; elle sera aussi notre relais avec l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares) et en contact suivi avec ses homologues dans les universités et les Hautes Écoles. » Le Conseil a l’ambition de présenter prochainement au conseil d’administration le plan d’action “Égalité de genre”, un plan d’autant plus attendu qu’il répond aux injonctions de l’Union européenne en faveur de l’égalité des sexes. La conservation du label européen HRS4R, qui concerne l’amélioration des conditions de travail et de développement des carrières des chercheurs et chercheuses, en dépend. * https://www.durable.uliege.be/ ConseilGenreEgalite et https://www.uliege.be/genre Alma mater Conseil genre et égalité Quena Scs janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 22 omni sciences Florence Caeymaex

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