LQJ-287

ULiège 287 i janvier-avril 2024 i Le Quinzième Jour Le Quinzième Jour Quadrimestriel de l’ULiège janvier-avril 2024 i 287 OMNI SCIENCES Au fil de l’eau L’INVITÉE Lisette Lombé UNIVERS CITÉ Un festival sur le campus à la UNE Un monde en bonne santé

Couverture Dessin : Fabien Denoël

Vent debout La rédaction Parce que les défis actuels, conséquences du dérèglement climatique, exigent une modification en profondeur de nos modes de vie, l’université de Liège fait évoluer ses programmes de formation. En s’appuyant sur la recherche scientifique relative aux multiples dimensions de la “durabilité”, un nouveau cours interdisciplinaire – original et unique en Fédération WallonieBruxelles – est actuellement en préparation. Dès septembre prochain, ce cours intitulé “Durabilité et Transition“ fera partie du programme de tous les bacheliers et sera obligatoire. Cet enseignement sera délivré principalement en ligne, sous la forme d’un “SPOC” (Small Privat Online Course) auquel participent une cinquantaine d’experts de l’ULiège. La première partie du cours abordera, dans une perspective systémique, les constats et les causes du changement climatique en évoquant les solutions possibles. La deuxième partie, organisée dans chaque Faculté, proposera des actions concrètes aux étudiantes et étudiants, éventuellement en lien avec le Green Office et l’ONG Eclosio. Parce que le rôle de l’Université est de former des diplômés capables de comprendre la complexité de notre monde et d’agir de façon constructive en faveur de la nécessaire mutation de la société, l’équipe rectorale a résolu de placer la transition environnementale et sociale au cœur de son action. Il est temps de hisser les voiles. Le cap est ainsi fixé pour 2024 à tous les membres de la communauté universitaire, à qui Le Quinzième Jour souhaite une année placée sous le signe du dynamisme, de l’engagement et de la transition. * contact durabilite.transition@uliege.be, information sur https://www.news.uliege.be/cours-durabilite-transition janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 3 l’édito

L’ÉDITO 3 Vent debout L’OPINION 6 Carte blanche à Alice Clarebout sur la Carte ardente À LA UNE 10 Dialogue avec le vivant UNIVERS CITÉ 16 Mobilité douce sur le campus 45 Festival Rêve général 50 La fabrique des possibles OMNI SCIENCES 18 En deux mots 21 Exposition Bill Viola 22 Exposition “enjeux humains” à la Cité Miroir 22 Corps de Texte 23 Nouveau bâtiment en Architecture 24 Plongée en immersion 28 Comprendre la décision de partir 36 Au fil de l’eau 42 Les algorithmes face au juge 58 Sorties de presse Sommaire F. Hattert ULiège 287 i janvier-avril 2024 i Le Quinzième Jour Office Kersten Geers David Van Severen janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 4 sommaire

ICI ET AILLEURS 32 Flash sur les félins 60 Fleurs de pierre 68 Textures urbaines L’INVITÉE 54 Lisette Lombé, poétesse et alumni de l’ULiège LE DIALOGUE 62 V eerle Rots et Pierre Noiret, sur les recherches en Préhistoire FUTUR ANTÉRIEUR 70 Rétrovisions 72 Les Cahiers du Grif 75 Le néolibéralisme en Belgique 76 Le plan stratégique 76 Peach 77 Musée à l’écoute 78 Petites mythologies uliégeoises MICRO SCOPE 80 Le Pacodel Le KROLL 83 Meilleurs vœux A. Lansmans Nimis group Sarah Tossens janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 5 sommaire

Alice Clarebout janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 6 l’opinion

Carte ardente En tant qu’anthropologue au Cedem, je suis immergée depuis près de cinq ans dans les questions migratoires à Liège et en Belgique francophone, y compris par un engagement dans le monde associatif et militant. J’étais déjà citoyenne bénévole avant de faire de la “Carte ardente” un objet d’étude dans le projet de recherche international “Unexpected Inclusions: Migration, Mobility and the Open City” (FNRS-FRS). Tout comme l’anthropologue Jeanne Favret-Saada, je me suis laissée absorber par le terrain, ce qui permet une compréhension profonde du phénomène observé, mais réveille la question de l’objectivité en sciences sociales. Il est heureusement admis à présent que toute science possède sa part de subjectivité. En effet, que l’on étudie le mouvement des astres, des bactéries dans une boîte de pétri, un texte ancien ou un conflit géopolitique, tout·e chercheur·e noue inévitablement une relation à son objet d’étude, laquelle influe sur sa recherche. Il importe alors de faire preuve de suffisamment de réflexivité, de prendre la distance nécessaire et d’étayer rigoureusement chaque choix et chaque analyse en se référant à la littérature existante. Cette exigence est d’autant plus importante lorsque l’étude concerne des êtres humains dans la société. Ma “carte blanche” se focalise sur la présentation du projet “Carte ardente” à Liège, qui pourrait intéresser les membres de la communauté universitaire autant sur le plan intellectuel, par son caractère innovant, que sur le plan pratique, avec une application bénéfique, notamment pour les étudiant·es de notre Université. Une carte citoyenne est, en quelque sorte, une carte d’identité délivrée par une entité communale, qui atteste de deux choses : l’identité d’une personne ainsi que sa résidence sur le territoire de la commune. Ce type d’initiative, également connue sous le nom de “carte d’identité municipale”, permet de faciliter grandement l’accès aux droits, aux services communaux et de contribuer à la reconnaissance des individus qui en bénéficient. Les publics qui bénéficient le plus de ce type d’initiative, sont ceux qui subissent le plus d’inégalités : les personnes LGBTQIA+1, les personnes sans-abris, les jeunes, les seniors et les personnes migrantes avec ou sans papiers. Afin d’éviter un usage discriminant de la carte comme dispositif uniquement destiné à un ou plusieurs groupes vulnérables, son utilisation généralisée Doctorante en sciences politiques et sociales au Centre d’études de l’ethnicité et des migrations (Cedem) à l’ULiège, Alice Clarebout suit de très près le projet de carte citoyenne communale liégeoise, baptisée “Carte ardente”. Alors que, à Liège comme ailleurs, les difficultés rencontrées par le secteur culturel et les commerces s’ajoutent aux problèmes de précarité et d’inégalité sociale, cet outil permettrait de les réduire. Mais de quoi parle-t-on ? CARTE BLANCHE ALICE CLAREBOUT – PHOTO JEAN-LOUIS WERTZ 1/ LGBTQIA+ : le sigle recouvre les termes suivants : lesbienne, gay, bisexuel·le, trans, queer, intersexe et asexuel·le. janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 7 l’opinion

par tou·tes les résident·es d’une ville est une condition essentielle à son bon fonctionnement. Pour ce faire, la carte permet également aux utilisateurs et utilisatrices de profiter d’avantages locaux, tels que des affiliations aux bibliothèques communales, des réductions dans les institutions culturelles locales, à la piscine communale, ou encore auprès de commerces, de clubs de sport ou de parkings en tant que partenaires privés solidaires du projet. Il s’agit ainsi d’un outil de citoyenneté urbaine inclusif, ayant pour but de lutter contre les inégalités et de renforcer le sentiment d’appartenance à la ville. Le concept est né aux États-Unis dans le prolongement des “villes sanctuaires”, qui, contre les politiques répressives du gouvernement fédéral américain à l’égard des personnes migrantes, ont mis en place des actions en leur faveur. La carte d’identité municipale la plus élaborée est celle de New York : la IDNYC card existe depuis janvier 2015 et fut pensée initialement par des collectifs liés aux personnes sans-papiers et aux personnes LGBTQIA+ dans l’idée de remédier aux inégalités d’accès aux droits fondamentaux de ces publics, tout en étant bénéfique à toute la population. L’initiative a été saluée par le maire de l’époque, Bill de Blasio, qui a mobilisé toutes les strates de la population, institutions, police, services de la ville, associations et autres partenaires privés autour de l’élaboration de cette carte. Plus proche de nous, c’est à Zurich, en Suisse germanophone, qu’un groupe de citoyen·nes a convaincu la ville de s’intéresser à un projet de carte zurichoise directement inspirée de celle de New York. En mai 2022, les autorités municipales ont voté pour la création de la “Züri City Card”, libérant dans un même mouvement, un budget pour sa réalisation. À l’heure actuelle, une équipe de la Ville ratifie toutes les utilisations possibles de la carte afin de préparer sa conception2. En Belgique, un mouvement équivalent à celui des “villes sanctuaires” existe sous le nom des “communes hospitalières”, lancé par le Centre national de coopération au développement (CNCD) en 2017. Tout comme à New York et Zurich, le projet de carte citoyenne communale liégeoise émane aussi de la société civile. Plus précisément, sa réflexion a été initiée au sein d’une organisation membre du collectif “Liège Ville Hospitalière” (LVH), qui rassemble des institutions, des associations, des collectifs et des citoyen·nes autour de l’accueil des personnes migrantes. Le collectif LVH veille au respect des promesses que Liège s’est engagée à suivre au sein de sa motion “Liège Ville Hospitalière”, votée par le Conseil communal à l’unanimité le 27 novembre 2017, dans la foulée de la campagne du CNCD. En novembre 2021, ce collectif LVH a constitué un groupe de travail consacré à la carte citoyenne communale liégeoise. Celui-ci regroupe des membres d’associations et de collectifs tous publics et toutes luttes confondues, des citoyen·nes avec et sans papiers et des représentant·es de la ville de Liège. Il réalise des recherches documentaires, établit un diagnostic des besoins des différents secteurs de la vie liégeoise et opère un travail de négociation et de promotion de l’initiative auprès des autorités communales. En décembre 2022, le vote favorable du Collège communal pour la réalisation d’une étude de faisabilité juridique, financière et administrative pour la mise en place d’une telle carte à Liège a donné un nouvel élan au projet en lui conférant une légitimité renforcée. En juin 2023, une rencontre a été organisée entre de multiples organisations de la société civile (maisons de jeunes, maisons médicales, centres d’insertion socio-professionnelle, associations et services pour les personnes sans-abris, LGBTQIA+, précarisées, seniors, etc.) et des représentant·es de la ville, du CPAS, de la police et de la province de Liège. Une idée a émergé, proposant d’assortir à la carte citoyenne liégeoise une charte, reprenant les objectifs du projet, tel que la lutte contre toutes les discriminations. À ce jour, le projet “Carte ardente” est toujours en cours de réflexion. Il n’est donc pas encore question de son adoption ni de sa mise en place, bien qu’elle soit souhaitée et envisagée par une grande partie des acteurs sondés qui rejoignent le groupe de travail dans la volonté de développer une nouvelle forme de citoyenneté locale à Liège. sentiment d’appartenance Concrètement, la Carte ardente, valable exclusivement sur le territoire communal, accorderait aux résident·es liégeois·es des facilités d’accès à des services et des réductions auprès d’acteurs partenaires. En mettant en place un tel outil, Liège pourrait réactiver l’intérêt de ses concitoyens à l’égard de la vie communale, redynamiser l’attrait auprès des commerces locaux, raviver un sentiment d’appartenance locale, renforcer 2/ Liège Creative a organisé une rencontre le 1er décembre entre le chef du projet de la Züri City Card, un représentant de la ville de Liège et des chercheur·es de l’ULiège. janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 8 l’opinion

la fréquentation des lieux culturels dans la ville, mettre en avant la richesse de la diversité liégeoise, améliorer la cohésion sociale de la population et valoriser la solidarité inhérente à la fière identité de la cité. De façon plus spécifique, les personnes transgenres pourraient demander d’apposer leur nouveau prénom sur la carte, laquelle ne ferait pas référence au genre, leur attribuant ainsi un document officiel reconnaissant, à l’échelle locale, leur identité, en attendant la mise à jour de leur prénom au registre national. Les personnes sans-abris ou sanspapiers ainsi que les étudiant·es, n’étant pas (toujours) domiciliées à Liège, certifieraient de la sorte leur résidence sur le territoire de la commune et accéderaient aux maisons médicales, au CPAS ou aux services communaux. Ainsi, les distributions de protection hygiénique pour les 12-26 ans seraient accessibles à toutes les résidentes de la commune. Il serait également imaginable qu’une telle carte soit suffisante en cas de contrôle par la police locale (comme peut l’être une carte Mobib par exemple), dans la mesure où aucun délit n’est suspecté. Il en va de même pour un dépôt de plainte auprès de la police locale, un droit essentiel pour les victimes d’abus ou de délit. Par conséquent, les personnes sans-papiers ne risqueraient pas l’emprisonnement systématique en centre fermé lors d’un contrôle d’identité de routine ou lors d’un dépôt de plainte. En effet, en Belgique, la confusion entre identité et titre de séjour dans les documents officiels (sur une seule carte d’identité) crée un préjudice supplémentaire pour ces personnes qui doivent constamment prouver leur existence pour accéder à des droits de base. Pour ce faire, contrairement à ce que la dénomination “sans- papiers” laisse entendre, elles conservent précieusement de nombreux documents (formulaires, factures, attestations, etc.). Une carte citoyenne communale corrigerait ce préjudice, en rendant enfin l’accès aux droits fondamentaux pour toutes et tous. Pour obtenir la Carte ardente, il faudra prouver son identité et sa résidence sur le territoire liégeois au moyen d’un système de points basé sur la fiabilité des documents présentés. Ce système s’inspire des modèles américains et prend en compte divers documents tels que la carte d’identité nationale, le passeport, des factures ou des attestations délivrées par des associations locales. Afin de respecter le règlement général européen sur la protection des données, une attention particulière sera portée au traitement des données personnelles, en détruisant les données stockées après un certain délai, par exemple. De plus, aucun renseignement concernant le statut administratif, migratoire ou socio-économique ne sera requis, garantissant ainsi qu’aucune information potentiellement préjudiciable aux individus ne sera collectée au niveau communal. Les autorités de la Ville disposent pleinement des compétences pour émettre un tel document d’identification sur le territoire en vertu de la notion d’intérêt communal. Cela marquerait concrètement le souci de la ville envers ses habitant·es, envers leurs besoins, sans préjuger des dispositions légales qui ne relèvent pas de ses attributions. Une carte citoyenne communale belge ne permettrait pas l’accès au marché de l’emploi ni l’ouverture d’un droit à la nationalité, qui sont du ressort des autorités régionales et fédérales. Du coup, la Carte ardente ne conférerait aucun nouveau droit : son objectif serait de faciliter l’accès effectif aux droits fondamentaux énoncés dans la Constitution belge et les conventions internationales sur le territoire communal, notamment le droit à la dignité humaine, l’accès aux soins de santé, aux services communaux, à l’enseignement, à l’épanouissement culturel et social, à la justice, etc. Liège pionnière La ville de Liège pourrait être pionnière dans l’émission d’une telle carte en Belgique et rejoindrait les nombreuses agglomérations attentives à la citoyenneté urbaine et à la justice sociale. Fait notable : aucune commune ayant franchi le cap n’a fait marche arrière, même si des ajustements ont été effectués en fonction des besoins de la population. Au contraire, les villes revendiquent cet outil comme un symbole dans leurs campagnes de lutte contre les inégalités. Liège deviendrait ainsi un modèle d’innovation sociale inspirant pour d’autres villes belges et européennes. En 2022, l’université de Liège a adopté la déclaration de principes intitulée “ULiège Université Hospitalière“. Elle consolide son engagement et les initiatives prises en faveur de l’accueil et de l’inclusion des étudiant·e·s et chercheur·e·s étranger·ère·s au sein de l’Institution. La Carte ardente pourrait jouer un rôle positif dans cet accueil. * site consacré au projet www.carteardente.be, courriel carteardente@gmail.com janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 9 l’opinion

One Health Dialogue avec le vivant 10 janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ à la une

East Dam Drone Apparu au début du XXIe siècle, le concept “One Health” (ou “une seule santé”) est un cadre de travail transdisciplinaire qui envisage les questions de santé à l’intersection du monde humain, du monde animal et des écosystèmes. Une prise en compte des interconnexions du vivant nécessaire pour lutter contre le risque pandémique et plus généralement prendre soin de la planète et de tous ses habitants. L’université de Liège sous l’impulsion, notamment, du vice-recteur à la recherche Michel Moutschen, veut formaliser cette approche à travers une “One Health House”. DOSSIER JULIE LUONG • dessin fabien Denoël janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 11 à la une

Le concept “One Health” est apparu dans les années 2000. Il aura pourtant fallu la crise de la Covid-19 pour que le terme commence à se frayer un chemin parmi les non-initiés. Illustration un peu trop parfaite de l’interdépendance entre santé animale, santé humaine et santé environnementale, la pandémie a joué le rôle de spectaculaire piqûre de rappel : les humains n’habitent pas dans un décor – la nature – avec des personnages secondaires, les animaux, les plantes ou les micro-organismes. Au contraire, nous évoluons dans un monde interconnecté qui rassemble tous les êtres vivants. Et comme la plupart des maladies infectieuses – 58 % des 1400 pathogènes susceptibles d’infecter l’humain sont d’origine animale –, la Covid est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise par l’animal à l’humain. « Il y a beaucoup plus de risques de zoonoses aujourd’hui que par le passé, observe Simon Lhoest, enseignant-chercheur en gestion des ressources forestières à Gembloux Agro-Bio Tech, notamment à cause de l’emprise croissante des activités humaines sur les écosystèmes naturels, la déforestation en particulier, mais aussi notre présence accrue dans ces écosystèmes. Par ailleurs, l’explosion démographique crée des zones à très haut risque de nouvelles émergences dans certaines régions du monde. » Les déplacements de population, le commerce international, les voyages se chargent quant à eux de faire circuler les virus à l’échelle planétaire. En ce sens, le risque accru de pandémie, au même titre que la perte de biodiversité, peut être considéré comme un effet de l’altération fonctionnelle du réseau vivant. « Au cœur du “One Health”, il y a la notion de réseau. Or il existe une véritable science des réseaux, explique Michel Moutschen, vice-recteur à la recherche à l’ULiège. Des théoriciens comme Albert-László Barabási ont travaillé tant sur les réseaux électriques que sur les réseaux du corps humain. Et ils ont retrouvé des similitudes : pour qu’un réseau soit fonctionnel, il faut que ses nœuds soient connectés d’une certaine façon et s’il y a des attaques sur ces nœuds, le réseau s’effondre. » Pour le vice-recteur, également médecin spécialiste de l’immunodéficience, le concept de “One Health” fait écho à la théorie de l’hygiène, qui postule que l’affaiblissement de nos contacts avec les micro-organismes – diminution des accouchements par voie basse, environnements désinfectés, etc. – induit un dysfonctionnement du système immunitaire, qui explique notamment la recrudescence des allergies dans nos sociétés modernes. « C’est un exemple qui montre que quand le réseau de connexions est appauvri, on a une altération de la santé qui se traduit dans un deuxième temps par une maladie », commente-t-il. Comme le risque de pandémie virale, la résistance aux antibiotiques illustre très bien la puissance de ces interconnexions et de leur dérèglement. Directement causée par notre surconsommation ou mauvaise utilisation des antibiotiques, l’antibiorésistance pourrait devenir d’ici 2050, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la première cause de mortalité humaine dans le monde, loin devant le cancer. Or, le mésusage des antibiotiques concerne à la fois la santé humaine, la santé animale, la santé végétale et la gestion des déchets de médicaments. L’antibiorésistance est un problème lié à notre manière de nous soigner la santé en mode triade janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 12 à la une

ainsi qu’à celle de nous nourrir. Elle concerne en outre notre industrie et notre aptitude à innover face à des bactéries promptes à s’adapter. UNE APPROCHE SALUTOGÈNE Face à la menace pandémique et à l’antibiorésistance, l’approche “One Health” invite à agir de façon préventive. Prévenir en cherchant de nouveaux équilibres, en comprenant, réparant et prenant soin du réseau du vivant. À la gestion collaborative des risques identifiés, le concept “One Health” parle de “production de santé”, une approche dite “salutogène” selon le terme du sociologue américain, Aaron Antonovsky. « Il s’agit de travailler sur les déterminants de la santé mais aussi sur les déterminants des déterminants, toujours plus en amont, raconte Nicolas Antoine-Moussiaux, coordinateur du master de spécialisation de gestion intégrée des risques sanitaires à l’ULiège. Cette démarche appelle à toujours plus de collaborations, de plus en plus diverses, et à apprendre ensemble. » Dans ce master lui-même en constante évolution, Nicolas Antoine-Moussiaux accueille des profils très divers : médecins, vétérinaires, pharmaciens, agronomes, infirmières épidémiologistes, anthropologues, environnementalistes. « L’idée, précise-t-il, c’est que tous ces gens puissent relier leur expérience, la valoriser d’une nouvelle manière pour collaborer avec d’autres, qui conceptualisent les choses différemment, qui n’ont pas les mêmes priorités et parfois pas les mêmes valeurs. » De son côté, Simon Lhoest rappelle que « travailler chacun dans sa bulle disciplinaire a été longtemps une pratique dominante. Plus récemment, des chercheurs se sont, au contraire, intéressés à l’interdisciplinarité. Le bémol, c’est le risque de mettre ensemble des personnes aux profils tellement différents qu’ils ont finalement peu de préoccupations à partager. Le concept de “One Health” ne peut être opérationnel qu’à condition que les chercheurs se comprennent. » Pour autant, cette approche apparaît aujourd’hui indispensable au regard de la complexité des problèmes auxquels nous sommes confrontés et de leur imbrication. « La pensée systémique est importante, poursuit Nicolas Antoine-Moussiaux qui exige de voir le monde comme un ensemble de systèmes et de sous-systèmes interconnectés. Face à la convergence des crises, nous devons collationner nos analyses et nos solutions. À l’interconnexion des problèmes doit correspondre celle des disciplines, des points de vue et des modalités de savoir. » COLLECTIFS MULTI-ESPÈCES Le “One Health” s’inscrit par ailleurs dans une évolution conceptuelle majeure, qui a peu à peu laissé de côté l’idée d’une nature régie uniquement par ses propres lois, au profit de la notion de vivant. « Celle-ci nous invite à prendre au sérieux les interdépendances fortes entre humains et non-humains. Leur coévolution, au sein d’une multitude de collectifs, n’est plus considérée comme une perturbation, mais comme la norme, explique Dorothée Denayer, biologiste et socio-anthropologue, codirectrice du SEED (socioécologie, enquête et délibération) au sein de la faculté des Sciences de l’ULiège. La biodiversité diminue, tandis que certains êtres prolifèrent. Or dans le paradigme d’une nature idéale et prévisible, ces deux phénomènes sont considérés comme “à éradiquer’ sans pour autant que nous soyons en mesure de comprendre les relations humainsvivants dans ces phénomènes. La question n’est donc plus seulement : quelles pratiques pour éradiquer tel animal exotique ou tel virus ? Plus fondamentalement, nous devons nous demander comment établir des relations plus durables avec les êtres non humains. Et le chantier est immense, tant nos sociétés sont inhospitalières janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 13 à la une

pour eux, et tant elles ont délaissé ces questions du vivre ensemble… » C’est à partir de ses terrains auprès des gestionnaires de la faune sauvage – les tortues marines au Congo-Brazzaville ou les ours bruns dans les Pyrénées – que Dorothée Denayer s’est intéressée au “One Health”. « Je me suis beaucoup intéressée au “Care”, qui vient des sciences médicales, des infirmières et des courants féministes et qui est remobilisé aujourd’hui dans le “care” environnemental pour analyser un ensemble de démarches visant à préserver, réparer, faire durer des espèces ou des milieux naturels... Ces démarches trop souvent considérées comme purement techniques soulèvent de nombreux dilemmes éthiques. Quelles sont les relations qui lient les acteurs prenant part à ces activités destinées à leurs protégés ? Les animaux sauvages dont on prend soin, dans quelle mesure sont-ils toujours sauvages ? Parfois, prendre soin de la nature signifie pour eux détruire des animaux problématiques et la passion se mêle alors bien souvent à la souffrance. Mais, dans ces pratiques de soin, le bien-être des humains et le bien-être des animaux sont intimement liés. » Simon Lhoest, qui coordonne le lancement d’un projet de recherche sur la prévention des zoonoses en périphérie de Lubumbashi en République démocratique du Congo, souligne également l’importance pour le scientifique de ne pas pratiquer de “science parachutée”, mais au contraire de prendre le temps de s’imprégner du contexte local et de tenir compte de l’expertise de terrain des différents acteurs. Une approche transdisciplinaire favorisée par le “One Health” qui prône l’inclusivité et la collaboration à tous les niveaux. « Nous allons suivre les populations de faune sauvage pour les caractériser et connaître leur distribution, explique le chercheur. Dans un deuxième temps, nous allons étudier les habitudes locales d’utilisation de viande de brousse, depuis la chasse en forêt jusqu’à la consommation, en passant par la vente sur les marchés. En prenant aussi en compte la dimension du genre au sein de la filière : qui manipule la viande ? À quelle étape ? Et quel est le risque de transmission de maladie à chaque étape, pour chaque public ? On sait que ce sont principalement les manipulations qui augmentent les risques de transmission (et non pas la consommation proprement dite), notamment lors du dépeçage, généralement réalisé par les femmes. Parallèlement, nous allons faire un suivi des potentiels pathogènes colportés par les rongeurs et les primates. » Avec comme objectif de dégager des lignes directrices pour la prévention des risques. DIVERSITÉ DES POSSIBLES Aujourd’hui, l’approche “One Health” suscite donc un intérêt croissant au sein du monde scientifique et des grandes organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). En Belgique, c’est l’institution publique Sciensano, issue de la fusion entre l’ancien Centre d’étude et de recherches vétérinaires et agrochimiques et l’ex-Institut scientifique de Santé publique, qui incarne cette approche, en assumant des missions conjointes de santé publique et animale. « Disposer d’une agence de recherche scientifique nationale avec cette orientation est presque unique au monde, rappelle Nicolas Antoine-Moussiaux. C’est aussi le cas de notre Service public fédéral santé publique, sécurité de la chaîne alimentaire et janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 14 à la une

environnement, qui défend cette approche One Health. » Dans ce contexte belge favorable, l’ULiège affirme aujourd’hui sa volonté de promouvoir et formaliser cette approche, notamment à travers une “One Health House”, un espace collaboratif sur le modèle de la “Health House” de la KUL. « L’ULiège a une posture engagée, souligne Michel Moutschen. De toute la Fédération WallonieBruxelles, elle est la seule université à former à la fois des vétérinaires, des médecins et des agronomes. C’est un atout non négligeable. Par ailleurs, le concept implique des notions de santé des environnements. Or, nous sommes une ville post-industrielle particulièrement concernée par ces questions. » Toutes les disciplines, toutes les Facultés sont potentiellement concernées par ce nouveau cadre de travail. Pour Guénaël Devillet par exemple, directeur du Service d’étude en géographie économique fondamentale et appliquée (Segefa), il s’avère pertinent pour de nombreuses problématiques liées à la géographie et aux territoires. « Je travaille beaucoup sur la transition alimentaire avec les étudiants. L’approche “One Health” permet de mesurer comment la transition dans le monde agricole peut directement influencer la santé humaine, par exemple. Et d’évaluer comment conserver notre résilience alimentaire qui va de pair avec le fait d’invalider certaines techniques d’agriculture intensive qui annihilent la biodiversité, qui proviennent parfois de contrées lointaines, avec des normes et des contrôles moins stricts. Ces produits standardisés moins riches en nutriments, voire gorgés d’additifs pour la conservation, favorisent à leur tour les pathologies comme certains cancers. » Idem concernant l’aménagement du territoire : l’arrêt de la périurbanisation permettrait à la fois de réduire les risques pour les habitants (les inondations et les coulées de boue dans certains cas) et d’engendrer des bénéfices pour la santé écosystémique de la faune et de la flore. « L’approche “One Health” nous invite à explorer avec les acteurs concernés la diversité des trajectoires possibles, plutôt que d’imposer une expertise sous la forme d’une solution unique, bonne partout, tout le temps, résume Dorothée Denayer. Cela mobilise notre créativité, notre capacité à nous projeter et surtout à délibérer. » Une posture qui permet non seulement de soulever de nouvelles questions de recherche, mais aussi d’apporter de nouvelles réponses, multiples, évolutives, loin du simplisme, du dogmatisme et du “y a qu’à”. « Aujourd’hui, en Wallonie, le piégeage des animaux sauvages se redéveloppe. Il a été utilisé pour éradiquer les sangliers dans le cadre de la lutte contre la peste porcine. Son efficacité incite maintenant à l’utiliser pour lutter contre les espèces exotiques telles que le raton-laveur, illustre la chercheuse. Nos recherches doivent encourager et soutenir un débat de société nécessaire sur la place du piégeage et plus largement sur les processus qui visent à éradiquer des êtres vivants. Le raton-laveur est tellement proliférant que de nombreux riverains sont aujourd’hui concernés. D’autres citoyens protègent, nourrissent ou abritent ces animaux, au risque d’être considérés comme de mauvais citoyens. Je considère que ces attachements doivent être pris au sérieux, car ils ont des choses à nous dire sur la convivialité inter-espèces et sur les possibles manières de réparer notre monde. » Parce qu’elle prône l’inclusivité et la négociation avec l’ensemble des acteurs, l’approche “One Health” appelle ainsi à nouer un nouveau dialogue, une nouvelle relation au vivant. « Le postulat est quasi philosophique, ajoute encore le Pr Michel Moutschen. C’est l’idée qu’il est impossible pour les humains d’être heureux et en bonne santé si cela se fait au détriment du bonheur et du bienêtre des autres vivants, animaux et plantes. » Un humain sain dans un monde sain : telle est l’ambition de cette approche où tout se tient. J.-L. Wertz one health house espace collaboratif Voir le podcast de Nicolas Antoine-Moussiaux sur www.uliege.be/fabrique-des-possibles janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 15 à la une

* Le vice-recteur à la mobilité travaille en étroite collaboration avec la cellule mobilité de l’Administration des ressources immobilières, composée de Véronique Loiseau, Patrick Jacquemin et AnneFrançoise Baijot. janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 16 univers cité L’équipe rectorale, emmenée par la rectrice AnneSophie Nyssen, a bien l’intention de réduire drastiquement les émissions de CO2 générées par les activités de l’ULiège. Des progrès ont déjà été accomplis en ce sens, avec, notamment, l’installation de la cogénération biomasse intégrée à la centrale thermique (en 2011), mais il faut à présent avoir le courage de s’attaquer aux transports. « Pour diminuer de 50 % notre empreinte écologique, nous devons mettre en place des alternatives crédibles à la voiture, note le Pr Pierre Duysinx, vice-recteur à la mobilité et aux relations internationales. Mon rêve à long terme serait de transformer la zone nord du campus du Sart-Tilman (entre les homes et les amphis de l’Europe) en un territoire sans voiture, avec des parkings de délestage et des bus confortables acheminant les étudiants et les chercheurs tout autour du périmètre. » EN VOITURE PARTAGÉE, À PIED, À VÉLO Encore faut-il convaincre tous les automobilistes. Depuis quelques années, l’Université favorise le covoiturage. Si la plateforme Ugo connaît un succès d’estime (surtout lors des grèves de bus !), « les voitures partagées, elles, commencent à faire partie du paysage : il y a en moyenne 80 voitures de ce type à Liège, ce qui est appréciable, note le vice-recteur. Nous avons conclu un accord avec la société Poppy Mobility (une start-up où travaillent de nombreux alumni de l’ULiège) : en échange de l’accès à nos parkings ouverts, la société nous fournit des statistiques d’utilisation de leurs véhicules afin que nous puissions évaluer l’ampleur du phénomène. » C’est l’autre défi du vice-recteur Duysinx et de son équipe* : encourager la mobilité douce sur le campus. Un premier effort concerne les piétons et les usagers lents : « Nous rénovons les chemins en veillant, notamment, à leur éclairage dans le respect des contraintes imposées par la zone naturelle que constitue le Sart-Tilman, expose Pierre Duysinx. Mais nous allons en aménager davantage. » Le deuxième effort concerne le vélo. « L’expérience du vélo partagé a été concluante mais reste limitée. Par contre, nous constatons un engouement général – du personnel principalement – pour ce mode de déplacement. Ma volonté est donc d’établir un véritable réseau de voies cyclistes vers le campus et sur tout le plateau. Ainsi, nous rénovons celles qui existent en les prolongeant là où des jonctions faisaient défaut (près des homes, de la Botanique, de la faculté des Sciences appliquées ou encore du CHU…). Alors que ce maillage était resté inchangé pendant des années, nous venons d’augmenter de près de 50 % la longueur totale des allées cyclistes sur le Sart-Tilman. L’opération s’est terminée à Noël : les assises en béton et l’éclairage intelligent garantissent maintenant la sécurité de tous les usagers. » Notons encore l’aménagement de parkings pour vélos (avec douches) : « Il y a à présent un local fermé dans le parking de la chaufferie en ville, un espace sécurisé à HEC-ULiège et des parkings sécurisés seront implantés, en janvier, devant plusieurs Facultés au Sart-Tilman. Pour le printemps, nous poursuivons avec des locaux réservés aux cyclistes et aux joggeurs, en transformant les sous-sols de plusieurs bâtiments (B52, B37, etc.). Un projet est à l’étude à Gembloux Agro-Bio Tech. » Au-delà des travaux sur le campus, l’objectif du vice-recteur est aussi de permettre aux amateurs de la petite reine de rejoindre le Sart-Tilman sans encombre. « Grâce au soutien de la Région wallonne, une première “cyclostrade” va être construite en 2024 entre le moulin de Colonster (et le ravel de l’Ourthe) et l’Institut de Botanique, le long du Les parkings du Sart-Tilman seront-ils bientôt obsolètes ? Peut-être, mais pas tout de suite du moins… Le vice-recteur à la mobilité et aux relations internationales, Pierre Duysinx, étudie les offres alternatives à la voiture. ARTICLE PATRICIA JANSSENS Campus du Sart-Tilman Vers une mobilité douce

janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 17 univers cité boulevard du Rectorat. Il s’agit d’une large voie réservée aux deux roues, sécurisée grâce à un talus végétalisé. Nous travaillons à faire de même à partir d’Ougrée, ainsi que sur une jonction entre le CHU et Boncelles, dans les années suivantes. » Toujours dans la même optique, la rénovation de la route du Condroz débutera au printemps. « À terme, elle comprendra deux bandes pour les bus, deux autres pour les voitures et, de part et d’autre, deux pistes cyclables, ce qui nous connectera à Kinkempois et Angleur », se réjouit le vice-recteur. TRAM, BUS ET NAVETTE FLUVIALE Et si on favorisait les transports en commun ? La mise en circulation du tram à Liège en janvier 2025 (si, si !) modifiera, on le sait, les itinéraires des bus du TEC. L’occasion de multiplier les lignes vers le campus ? « Nous avons intensifié nos contacts avec la direction des TEC, dans un dialogue très constructif, révèle le vice-recteur. Et les perspectives sont encourageantes : deux lignes “Busway” (lignes B2 et B3) desserviront bientôt le Sart-Tilman. » Ces Busway – “bus à haut niveau de service” –, articulés et électriques, transporteront près de 120 personnes tout en offrant le confort d’un tram. À partir du mois de janvier 2025, la ligne B2, la première, ralliera la gare des Guillemins au CHU de Liège. D’autres lignes complèteront encore les possibilités de rejoindre le Sart-Tilman (voir encadré). « Les TEC nous assurent que ces lignes augmenteront substantiellement la fréquence et l’amplitude des connexions pour les personnes acheminées chaque jour sur le campus », déclare, serein, le vice-recteur. À plus long terme, l’ULiège porte le projet que les trains en provenance de Verviers puissent faire un arrêt en gare de Chênée. « Cela permettrait aux étudiants de sauter ensuite dans le bus L25 pour arriver rapidement au Sart-Tilman », note le Pr Duysinx qui négocie cette possibilité avec la SNCB… tout en soutenant l’idée des navettes fluviales (entre Herstal et Seraing) émise par la ville de Liège. Un arrêt près de la Grand Poste pourrait être envisagé. Parallèlement à toutes ces initiatives, le vice-recteur Duysinx réfléchit aussi à l’organisation des cours. « Nous essayons de réduire, durant une même journée, les déplacements superflus des étudiants entre la ville et le Sart-Tilman. Une étude réalisée par les Prs Quentin Louveaux et Jacques Teller montre qu’une vingtaine de cours entraîne le déplacement de grandes cohortes d’étudiants en cours de journée. Ainsi, quelques professeurs ont aimablement accepté de “descendre à Liège” ou de “monter au Sart-Tilman” afin d’éviter à 300 étudiants de se déplacer. Mais ce n’est pas toujours possible. Par ailleurs, un groupe de travail étudie le retour de deux Facultés au centre-ville dans les années à venir, ce qui pourra également réduire le nombre de trajets entre la ville et le campus boisé. » La faculté d’Architecture, elle, s’affiche désormais comme un campus vert : elle a décidé d’exclure les voitures sur son site en Outremeuse. « Un bel encouragement à la mobilité douce et à l’utilisation des transports en commun », se réjouit le Pr Duysinx. Qui sait ? L’artiste Fernand Flausch, avec La mort de l’automobile, avait peutêtre une longueur d’avance. Nouvelle liaison entre la rue de Sordeye et la rue des Homes Cellule mobilité- ARI ULiège

Enzyme L’Europe invite les organisations à respecter les “objectifs de développement durable” (ODD), et à les atteindre avant 2030. Afin d’aider les PME dans cette transition, HEC Liè ge Executive Education propose un nouveau certificat d’université intitulé “Enzyme”. Ce cursus entend former des travailleurs competents conscients des enjeux nouveaux : il se concentrera sur l’optimisation énergetique, la protection du climat, les productions, la finance et la gestion des ressources humaines durables, et d’autres domaines encore. * informations et inscription via https://enzyme.hecexecutiveschool.be/ Futuristement vôtre Le Trinkhall Museum fait place belle à Serge Delaunay durant tout l’hiver. Né en 1956, Serge Delaunay intègre les ateliers du centre Reine Fabiola, à Neufvilles, à l’âge de 22 ans. Il y assemble des dynamos, mais un des responsables du centre s’aperçoit que Serge Delaunay recouvre de dessins les bords de son établi. Ces dessins retiennent l’attention au point qu’un atelier arts plastiques est mis en place. Serge Delaunay le fréquentera jusqu’à son décès, en 2021. Pendant plus de 40 années, l’artiste a tenu le journal de ses émotions, de ses éblouissements, de ses obsessions. Ce sont des milliers de dessins et de pages lentement calligraphiées, des statues de terre, la chronique au quotidien du monde tel qu’il va, tel qu’il sera, tel qu’il conviendrait qu’il soit et tel que l’artiste, à sa table de travail, en reçoit l’écho – les mots, les promesses, la musique, les figures, les alignements mystérieux. Exposition jusqu’au 22 mars 2024 au Trinkhall Museum, parc d’Avroy, 4000 Liège. * https://trinkhall.museum/ MSH La Maison des sciences de l’homme lance un deuxi me appel à projets intitulé “Sciences ouvertes, arts et cultures”. Conformement a sa vocation de soutenir et favoriser l’echange de savoirs entre l’Universite et la societe civile, l’appel vise en priorite a stimuler et a encourager des processus d’enquê te ou de partage de savoirs bases sur des dynamiques d’ouverture et de collaboration avec le “monde exterieur”. L’ouverture ici envisagee par la MSH comprend – de maniere non exhaustive – des interventions de recherche et/ou pedagogiques assumant des tentatives d’hybridation avec les arts, des actions de developpement avec des citoyens, des connexions a des experiences sociales ou cooperatives, ou encore toute autre demarche visant a se relier a de nouveaux points de vue ou a d’autres perspectives. Le dépôt des projets doit tre réalisé avant le 15 mars 2024. * www.msh.uliege.be, tél. 04.366.48.71, courriel msh@uliege.be En 2 mots Décarboner Pourrait-on créer un méthane synthétique neutre en carbone (on parle d’e-NG) dans les régions ensoleillées du Maroc afin de le consommer en Belgique ? C’est pour répondre à cette question que TES, une entreprise mondiale d’énergie verte (et notamment d’e-NG) s’est associée au Smart Grids, le groupe de recherche dirigé par le Pr Damien Ernst à l’ULiège, dans un projet intitulé “ Méthane synthétique pour la fermeture de la boucle carbone : étude comparative de trois sources de carbone pour la synthèse de carburant neutre en carbone dans des pôles d’énergie renouvelable éloignés”. L’e-NG est un carburant renouvelable, combinant de l’hydrogène vert avec du CO₂ recyclé. Chimiquement, il est indiscernable du gaz naturel, mais il provient de sources renouvelables. Il est compatible avec les infrastructures existantes et offre un moyen efficace de réduire les émissions dans des secteurs traditionnellement difficiles à décarboner. Les résultats intéressants de l’étude permettent aux deux partenaires de poursuivre cette collaboration fructueuse, qui aura un impact significatif sur l’accélération de la transition mondiale vers une énergie renouvelable et neutre en carbone. * www.news.uliege.be/e-ng janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 18 omni sciences

Repair Café Depuis le 3 octobre, un “Repair Café” est ouvert sur le campus du Sart-Tilman, au B8 (Maison des étudiants et exèdre Dick Annegarn), dans le quartier Agora. Cette initiative vise à encourager le développement durable en prolongeant la durée de vie des objets, tout en permettant d’apprendre à les réparer. Le service – qui concerne le matériel informatique, le smartphone et le petit électroménager – est entièrement gratuit, à l’exception des pièces de rechange. Afin de garantir une prise en charge optimale, il est demandé de se limiter à un seul objet par passage. Ouverture les mardis et jeudis, de 8h30 à 13h30. * repair.cafe@uliege.be, https://www.campus.uliege.be/repair-cafe Ensemble ! L’Association latine pour l’analyse des systèmes de santé (Alass) et le Giseh (Gestion et ingénierie des systèmes hospitaliers) organisent leur premier congrès conjoint à Liège du 4 au 6 juillet sur “Les enjeux du travail en réseau dans le domaine de la santé”. L’appel à soumission de communications scientifiques est lancé et ouvert jusqu’au 15 février. * informations et soumissions sur le site alass-giseh.org Rotary La Fondation du Rotary international et le District 2160 du Rotary proposent aux “jeunes” diplômés et aux chercheurs, des bourses pour effectuer une formation, une recherche ou un perfectionnement dans une université ou une institution d’enseignement supérieur à l’étranger. Dans ce cadre, le District 2160 du Rotary organise un concours pour l’année académique 2024-2025. La date limite dans le cas d’une demande de bourse du District est fixée au 4 mai, et il est conseillé de prendre contact deux mois à l’avance pour bénéficier d’une aide dans la constitution du dossier. * courriel Willy.Zorzi@uliege.be, site https://foundation.rotary Pour enfants Christophe Mallet, assistant au service de géologie en faculté des Sciences, publie un ouvrage de vulgarisation scientifique adressé aux enfants : Estelle et Noé à la découverte de la Préhistoire. Les protagonistes, Estelle et Noé, sont deux enfants en visite au Musée de l’homme à Paris. Ludique, le livre propose de découvrir la science sous la forme d’une aventure passionnante. Il aborde les questions du climat, du régime alimentaire au temps de la Préhistoire, de l’utilisation du feu, de l’apparition de l’art rupestre, etc. Sans esquiver certains concepts comme la phylogénie ou le cycle de Milankovitch, notamment. * Christophe Mallet, Estelle et Noé à la découverte de la Préhistoire, Millepages, Vincennes, 2023. Pôle muséal Le Pôle muséal et culturel de l’ULiège, qui produit désormais une newsletter, publie sur son site une série de “petites histoires”, des curiosités liées aux objets des collections. Un exemple ? L’œuvre de Widart devant la faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l’éducation, a profité d’une erreur d’un ouvrier. La suite sur le site ! * www.musees.uliege.be/ (onglet ressources et médias/ curiosités) R. Hespel-ULiège janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 19 omni sciences

GCLg Les Grandes Conférences liégeoises organisées par la ville et l’université de Liège ont repris. Au programme, le jeudi soir : - 1er février, Éric Sadin : “L’Intelligence artificielle : de quoi ChatGPT est-il le nom ?” - 14 mars, Sylvain Tesson : “Fées, sur les chemins du merveilleux” - 18 avril, Cédric Villani : “Histoire de la créativité. Naissance des idées” À 20h15, au Palais des congrès, esplanade de l’Europe 2, 4020 Liège. * réservations sur le site www.gclg.be Avortement En Belgique, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, la realisation des IVG est exclusivement assignee aux medecins. Mais l’extension de la pratique de l’IVG a d’autres groupes professionnels – en particulier, aux sages-femmes (comme en France) – ne serait-elle pas une solution pour remédier au manque de médecins avorteurs ? Le FER-ULiège – avec le concours de Mona Claro, chargée de cours en faculté des Sciences sociales – organise une rencontre pour discuter de ce sujet très actuel. La table ronde, animee par Camille Maes, doctorante en faculté des Sciences sociales, reunira trois invitees : une sage-femme liégeoise, Murielle Conradt, et deux sociologues, Aurelie Aromatario (ULB) et Myriam Borel (Observatoire regional de la sante de Bourgogne-Franche-Comté). Le lundi 12 février à 18h dans la salle Wittert, place du 20-Août 7, 4000 Liège. * courriel camille.maes@hotmail.com 2014-2024 La Cité Miroir fête ses 10 ans ! En janvier 2014, les bains et thermes de la Sauvenière devenaient un espace citoyen et culturel. Ce dixième anniversaire, La Cité Miroir veut le célébrer avec vous. Rendez-vous du 25 au 28 janvier, pour un programme culturel et festif (spectacles, concerts, animations). Avec, le jeudi 25 janvier, une carte blanche à Titiou Lecoq. * https://www.citemiroir.be/fr/ Verviers L’ULiège et la ville de Verviers proposent un cycle de conférences aux thématiques variées. Au programme, le lundi soir : - 19 février : “ Le Grand Théâtre de Verviers dans tous ses états ”, par Olivier Bastin, architecte Bureau L’Escaut, PaulPhilippe Hick, collaborateur à la faculté de Droit, Science politique et Criminologie, Guénaël Devillet, professeur associé à la faculté des Sciences, directeur du Segefa, et Audrey Bonhomme, directrice du CCV - 18 mars : “Réchauffement climatique et transition énergétique : le projet Katabata”, par les Prs Xavier Fettweis, de la faculté des Sciences, et Damien Ernst, de la faculté des Sciences appliquées - 15 avril : “Crues de la Vesdre de juillet 2021”, par le Pr Michel Pirotton et le Pr associé Pierre Archambeau, de la faculté des Sciences appliquées À 20h, au Centre culturel de Verviers-Espace Duesberg, boulevard des Gérardchamps 7c. * programme complet sur www.uliege.be/verviers, tél. Centre culturel de Verviers, 087.39.30.60 AMLg L’Association royale des médecins diplômés de l’ULiège organise un programme de formation continue pour les médecins, le vendredi : - 26 janvier 2024 : “Les drogues sous toutes les formes”, par la Dr Marie-Eve Janssen - 23 février : “Albert, pourquoi tu trembles ?», par les Drs Haroun et Zayd Jededi - 22 mars : “Maison de repos, maison de vie ?”, par le Pr Stéphane Adam - 26 avril : “Quand globules, plaquettes et anticorps se jouent de nous”, par le Dr Adrien De Voegh Les conférences seront retransmises en direct. À 20h (accueil à 19h30) à la Clinique ISoSL (hôpital du Valdor), salle 44, rue Basse-Wez 145, 4020 Liège. * inscription auprès de l’AMLg https://app.livestorm.co/amlg-efc Ed Alcock / M.Y.O.P. Titiou Lecoq janvier-avril 2024 i 287 i www.uliege.be/LQJ 20 omni sciences

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