Rêve général
Au printemps prochain, trois chapiteaux conféreront un air de fête au campus du Sart-Tilman. Spectacles, concerts et un florilège de conférences et de tables rondes feront battre le cœur de la communauté universitaire.
Napoléon Bonaparte est mort le 5 mai 1821, il y a deux siècles déjà, à peine 200 ans. « C’est un passé encore assez proche, estime le Pr Philippe Raxhon, commissaire scientifique de l’exposition organisée par Europaexpo, ce qui explique, pour une part sans doute, la vitalité de sa mémoire dans des registres très variés. » Fils de la Révolution et bâtisseur d’Empire, chef militaire, Napoléon bénéfice encore d’une grande notoriété. « Il n’était pas destiné à régner, note le Pr Raxhon. C’est la première fois qu’un “non-noble” accède au pouvoir en tant que souverain, grâce à la Révolution française : sa légende est aussi liée à cela. Par ailleurs, ses victoires militaires apportent du lustre à son ascendance politique. »
Grand réformateur, Napoléon réorganise l’administration et centralise le pouvoir en nommant des préfets dans les départements, véritables fonctionnaires publics à son service (deux d’entre eux seront affectés dans le département français de l’Ourthe dont Liège était le chef-lieu). Il crée de nouvelles institutions telles que la Cour des comptes, le Conseil d’État, les universités impériales. Parmi elles, celle de Liège qui sera la matrice de l’Université fondée en 1817 par guillaume Ier des Pays- Bas. « La Cité ardente jouissait à cette époque d’une certaine prospérité économique grâce à l’ouverture du marché hexagonal, rappelle Philippe Raxhon, mais la conscription n’a pas laissé que de bons souvenirs car nombre de jeunes gens ont été mobilisés pour partir à la guerre. Notons qu’aucune bataille n’a été livrée sur le sol belge sous son règne, hormis la dernière, à Waterloo, qui précipite la fin de l’Empire. » L’image de l’empereur est évidemment ternie par ces nombreuses guerres et les pertes humaines qu’elles ont engendrées. Par ailleurs, le rétablissement de l’esclavage en 1802 (aboli par la Révolution en 1794) fait partie des aspects négatifs d’un régime despotique à bien des égards et participe de l’ambiguïté du personnage.
L’exposition s’articule autour du parcours individuel et familial de l’empereur tout en déroulant le fil rouge de la mémoire. Comment la légende s’est-elle forgée ? Comment s’est- elle enracinée dans notre culture ? Ses Mémoires rédigées par Las Cases sous la dictée à Saint-Hélène font partie des 350 pièces originales présentées. Celles-ci proviennent de collections privées, principalement de celle de l’homme d’affaires français Bruno Ledoux (vêtements, objets, armes, correspondance, iconographies) mais quelques-unes ont été prêtées par des musées belges*.
« Napoléon est-il l’héritier de la Révolution ou en est-il le fossoyeur ? », s’interroge Philippe Raxhon. Les débats sont loin d’être clos à ce propos, et, si les historiens s’affrontent, cela contribue à perpétuer sa présence dans la mémoire collective et à nourrir les discussions contemporaines.
∗ Notons que le célèbre portrait de Jean-Auguste-Dominique Ingres exposé au musée la Boverie, Napoléon Bonaparte, Premier Consul, que l’empereur offrit à la cité ardente en souvenir de son passage en 1803, n’a pas pu trouver place dans l’exposition en raison de sa taille, nous dit-on.
Exposition à la gare des guillemins
Jusqu’au 9 janvier 2022.
Ouverture 7j/7 de 9h45 jusque 19h30 (billetterie jusque 17h30).
⇒ tél. 04.224.49.38,site www.europaexpo.be
Au printemps prochain, trois chapiteaux conféreront un air de fête au campus du Sart-Tilman. Spectacles, concerts et un florilège de conférences et de tables rondes feront battre le cœur de la communauté universitaire.
Comment se nourrit la réflexion des chercheurs et des chercheuses ? Quelle est leur vision de l’avenir, leur rôle dans la transition ? Un portail fait découvrir leur contribution à ouvrir le “champ des possibles”.