Une rentrée en code vert

Le changement au coeur de la cérémonie de rentrée académique

Dans
Article Patricia JANSSENS - Photo Jean-Louis WERTZ

Variant “Delta”, inondations catastrophiques, la seule certitude que l’on peut avoir sur la rentrée est qu’elle ne sera pas banale. La reprise en présentiel, à 100% (avec masque), est confirmée. Le point avec le recteur de l’ULiège, Pierre Wolper.

Une vaccination de plus en plus large permet un “retour à la normale”. De plus, à la fin du printemps, l’université de Liège a proposé à son personnel et à ses étudiants de participer à une étude scientifique afin de surveiller la diffusion du virus SARS-Cov-2, responsable de la Covid-19. « 1500 personnes font partie de l’étude, explique le recteur Pierre Wolper. Elles réalisent un test salivaire chaque semaine et un auto-test sanguin mensuel. Au début du mois de juillet, le taux de positivité dans cette cohorte avoisinait 0,5%, soit un taux très bas qui correspond à celui de la population belge. à noter tout de même l’apparition de plus en plus fréquente du variant “Delta” parmi les personnes atteintes. Suivre une population stable nous permet de surveiller de près la propagation du virus et d’identifier très rapidement les foyers potentiels – et l’évolution des variants – dans l’objectif de soutenir un retour à une vie universitaire plus normale, fêtes étudiantes comprises ! »

Code vert ne signifie toutefois pas la fin des difficultés. « Il y a d’abord les conséquences des inondations qui ont directement touché nombre de nos étudiants et de notre personnel. à quoi s’ajoutent les problèmes de logement et de mobilité qui risquent fort de persister. Sur le plan académique, les résultats de la session de juin montrent un taux de réussite comparable à celui des années antérieures, mais constaterons-nous néanmoins un retard dans les apprentissages ? Par ailleurs, les rhétoriciens qui accèdent maintenant à l’Université ont connu une dernière année dans le secondaire compliquée, c’est le moins que l’on puisse dire. Comment vont-ils aborder la transition ? Des initiatives de soutien spécifiques sont mises en place et le recours aux outils numériques s’avérera probablement très utile : beaucoup de professeurs ont fait preuve de créativité en la matière et les outils développés pourront être mis à profit pour la remédiation. »

Durant la pandémie, l’université de Liège a continué d’évoluer. Elle a aussi montré sa force et sa grande créativité. « Elle peut apporter beaucoup; il faut lui faire confiance et favoriser son développement, poursuit le Recteur. Simplifier les règlements qui régissent le fonctionnement des universités me paraît réellement indispensable. »

Après la crise, le sursaut ? « Nous sommes confrontés à des questions cruciales : le changement climatique, la transition énergétique, la sortie du nucléaire, les tensions économiques, la modification des liens sociaux, poursuit le Recteur. Le rôle de l’Université est de contribuer à ces débats, d’apporter des éléments tangibles, voire de susciter la controverse, mais dans un contexte qui permet la nuance et l’écoute. J’appelle à la modération dans les échanges : la radicalité dans les propos polarise les débats et ne permet pas d’avancer. »

De grands changements sont dès lors de mise. « Si les progrès scientifiques et techniques constituent des forces de changement régulièrement mises en évidence dans les universités, je vois trois autres leviers tout aussi importants. » Premièrement : le facteur humain. « Parmi les femmes et les hommes qui stimulent le changement, je pense aux migrants qui n’hésitent pas à tout risquer pour aller au bout de leurs possibilités. On oublie souvent à quel point ces personnes ont changé le monde et à quel point leur apport a été déterminant sur leur terre d’accueil. » Deuxièmement : les mécanismes qui font évoluer le monde économique en y intégrant les progrès scientifiques et techniques, ainsi que les préoccupations sociales, environnementales et de développement durable. Troisièmement : la liberté de penser, d’élaborer de nouvelles idées. « Le pilori des réseaux sociaux, avec l’assaut souvent violent contre les idées qui déplaisent, tue la pensée critique et le débat », estime le Recteur.

Dans cette optique, l’Université décernera les insignes de docteur honoris causa à Anna Triandafyllidou, sociologue grecque, spécialiste de l’immigration; à Pierre Aghion, professeur au Collège de France, favorable à une économie résiliente, et à Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université de Paris qui, dans son dernier ouvrage, s’interroge sur le relativisme généré par les réseaux sociaux.

La cérémonie de Rentrée académique aura lieu le jeudi 23 septembre à 16h30 aux amphithéâtres de l’Europe, campus du Sart-Tilman, 4000 Liège.
Animation musicale : Julie Mossay et Johan Dupont
Toute la communauté universitaire est invitée à cette cérémonie.

Docteurs honoris causa

Anna Triandafyllidou est une sociologue grecque. Titulaire d’une bourse de la Canada Excellence Research Chair sur la migration et l’intégration à la Ryerson University, elle fut rédactrice en chef du journal académique Journal of Immigrant and Refugee Studies en 2012, puis nommée la même année directrice de programme et coordinatrice du projet de diversité culturelle pour le Global Governance Programme. Elle est évaluatrice pour DG Home policies sur le sujet de l’intégration des migrants et a été consultante pour le Parlement européen sur des sujets d’immigration. En 2019, elle est nommée à la Canada Excellence Research Chair pour les migrations et l’intégration à la Ryerson University à Toronto, Ontario.

Philippe Aghion est titulaire de la chaire “Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance ” au Collège de France, et Centennial Professor à la London School of Economics. Ses travaux de macro-économie ont principalement porté sur les concepts d’innovation et de croissance. Il est favorable à une économie résiliente basée sur des réformes structurelles du marché du travail, du système d’éducation (mobilité sociale) et des politiques macroéconomiques contracycliques.

Gérald Bronner est nommé professeur à l’université de Strasbourg en 2007 et, la même année, est appelé au jury de l’agrégation de sciences économiques et sociales dont il assure la vice-présidence durant deux ans (2008-2010). En 2008, il est nommé membrejunior de l’Institut universitaire de France.

⇒ Programme des conférences sur www.uliege.be/ra2021

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