En haut de l’échelle

Le mur géologique de Comblain-au-Pont

In Ici et ailleurs
Article Patricia JANSSENS Photos J.-M. JODOGNE et Patricia JANSSENS

Camille Ek, retraité depuis près de 25 ans, a gardé intacte sa passion. Après une carrière au département de géographie de l’ULiège, ce géologue incorrigible et grand pédagogue est à l’initiative d’un “mur géologique” dans la commune de Comblain-au-Pont, non loin de Liège.

« Mon idée date de 2004, explique-t-il, la voix tonique au téléphone. Je voulais établir une “échelle stratigraphique”, c’est-à-dire dresser un éventail complet des pierres de Belgique présentées dans un ordre chronologique. » Paolo Gasparotto, sculpteur et murailleur, suggère alors de réaliser cette échelle en pierres. L’idée a pris corps et, depuis l’hiver dernier, les promeneurs et promeneuses peuvent découvrir sur les hauteurs de la vallée de l’Ourthe, au détour du sentier géologique, une rampe en forme de trapèze constituée de pierres représentant le sous-sol belge au cours de son histoire.

« Les plus anciennes roches de Belgique datent de l’ère paléozoïque – autrefois dénommée “ère primaire” –, soit de 540 millions d’années, à l’époque du Cambrien, précise Camille Ek. Ces grès (plus précisément ici des quartzites) proviennent de Waimes, près de Malmedy. Ensuite viennent les argiles qui se sont transformées en schistes, puis en phyllades et datent de l’Ordovicien. Puis les roches du Silurien (dont le porphyre), du Dévonien, du Carbonifère, etc. » Sans oublier les spécimens plus jeunes du Mésozoïque (époque de l’apparition des dinosaures) et du Cénozoïque (celle de l’apparition de l’homme).

Dès que les géologues cartographes de la Région wallonne ont eu vent de l’édification de ce monument, ils ont proposé leur aide dans la recherche des pierres adéquates et quelques géologues néerlandophones ont fait de même pour la détection de formations qui n’affleurent que dans la Région flamande. Comblain-au-Pont, la commune dont on connaît les roches noires et grises, les rochers du Vignoble et les célèbres “Tartines”, paraissait idéale pour accueillir la “colonne stratigraphique”. Après avoir convaincu les édiles locaux de l’intérêt d’une telle initiative et reçu l’aide de l’ASBL “Les découvertes de Comblain” pour la gestion administrative du projet, Camille Ek et Paolo Gasparotto ont posé la “première pierre” en 2015.

Pendant sept ans, ils ont ensuite sillonné toute la Belgique, de Tournai au Grand-Duché de Luxembourg, de Diest au nord de la France, afin de dénicher, négocier et rapporter les roches naturelles intéressantes. À deux, ils ont convenu que la hauteur de chaque strate serait proportionnelle au temps écoulé pour la période concernée, à raison d’un mètre pour dix millions d’années : la rampe mesure donc 54 m de hauteur, avec une largeur de 25 m à la base et de 10 m au sommet.

Un livret, rédigé par les deux complices et disponible gratuitement auprès de l’ASBL, décrit l’ensemble de leur démarche et fournit des éclaircissements scientifiques sur les ères géologiques. Mais rien ne vaut la visite de cette oeuvre unique qui « permet d’embrasser d’un seul coup d’oeil, dans leur aspect réel, la succession des roches sur lesquelles nous vivons. »

Mur géologique

ASBL “Les découvertes de Comblain”, Maison des découvertes, place Leblanc 7, 4170 Comblain-au-Pont.
site https//decouvertes.be, tel. 04 369 26 44, courriel info@decouvertes.be

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