Flash sur les félins

Les recherches de Sarah Tossens

In Ici et ailleurs
Article Hadrien RENCK - Photos Sarah TOSSENS

Dans les forêts tropicales d’Afrique centrale, Sarah Tossens est sur la piste des félins. Diplômée en “Gestion des forêts et espaces naturels” de la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech, cette jeune chercheuse s’est spécialisée en écologie et conservation des forêts tropicales. Son projet de doctorat, mené en collaboration avec l’ONG Panthera, s’intéresse au rôle écologique du léopard et du chat doré dans les forêts du sud-est du cameroun et du nord de la république du Congo.

Les recherches de Sarah Tossens visent, premièrement, à améliorer nos connaissances sur le léopard et le chat doré en estimant leur densité et en étudiant leur régime alimentaire au sein de trois zones forestières et, deuxièmement, à évaluer les effets indirects de leur présence sur l’ensemble de l’écosystème. « On parle souvent des effets écologiques associés à la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone*, dit-elle. On sait que, dans certains contextes, les félins peuvent avoir un impact écologique important sur leurs écosystèmes, mais c’est rarement quantifié, parce que particulièrement complexe. » Afin d’y remédier, la chercheuse a mis en place, in situ, une impressionnante quantité de pièges photographiques : une grille composée de 126 pièges a été installée dans chacune des trois zones d’étude. « C’est un nombre important mais essentiel pour inventorier des espèces élusives telles que les félins, précise la chercheuse. Ces appareils photos se déclenchent automatiquement dès qu’un animal passe dans leur champ et permettent d’inventorier, à distance, la grande diversité de mammifères vivant dans ces forêts. Tous les pièges restent en place durant quatre mois. »

Pour implanter son dispositif, la jeune chercheuse a effectué deux missions de terrain : trois mois au Nord-Congo, puis deux mois au Cameroun. Elle a pu compter sur le soutien des équipes locales pour la guider à travers ces écosystèmes méconnus. « Dans la forêt, ce sont des pisteurs indigènes qui nous apprennent les bons réflexes : courir quand il le faut, être silencieux quand il le faut, etc. ! » Mission accomplie : plus de 300 000 photos ont été collectées dans les deux premières zones d’étude au Nord-Congo. À l’heure actuelle, la chercheuse entame la phase d’identification des espèces sur les premiers clichés (l’inventaire au sud-est du Cameroun étant toujours en cours).

Si elle espère préciser le rôle écologique du léopard et du chat doré au sein des forêts tropicales d’afrique centrale, Sarah Tossens entend aussi sensibiliser le public à la conservation de ces espèces et clarifier le potentiel de conservation des sociétés forestières certifiées FSC avec lesquelles elle travaille.

* En 1995, la réintroduction du loup dans le parc national de Yellowstone aux eÉtats-Unis a participé à la transformation de l’ensemble de l’écosystème du parc : en régulant à nouveau les populations de leurs proies, le loup a indirectement contribué à réduire la pression exercée sur la végétation, allant jusqu’à modifier le paysage du parc. Ce phénomène est appelé “cascade trophique”.

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