Vers une mobilité douce

Sur le campus du Sart-Tilman

In Univers Cité
Article Patricia JANSSENS - Photo Cellule mobilité- ARI ULiège

L’équipe rectorale, emmenée par la rectrice Anne-Sophie Nyssen, a bien l’intention de réduire drastiquement les émissions de CO2 générées par les activités de L'ULiège. Des progrès ont déjà été accomplis en ce sens, avec, notamment, l’installation de la cogénération biomasse intégrée à la centrale thermique (en 2011), mais il faut à présent avoir le courage de s’attaquer aux transports. « Pour diminuer de 50 % notre empreinte écologique, nous devons mettre en place des alternatives crédibles à la voiture, note le Pr Pierre Duysinx, vice-recteur à la mobilité et aux relations internationales. Mon rêve à long terme serait de transformer la zone nord du campus du Sart-Tilman (entre les homes et les amphis de l’Europe) en un territoire sans voiture, avec des parkings de délestage et des bus confortables acheminant les étudiants et les chercheurs tout autour du périmètre. »

EN VOITURE PARTAGÉE, À PIED, À VÉLO

Encore faut-il convaincre tous les automobilistes. Depuis quelques années, l’Université favorise le covoiturage. Si la plateforme Ugo connaît un succès d’estime (surtout lors des grèves de bus !), « les voitures partagées, elles, commencent à faire partie du paysage : il y a en moyenne 80 voitures de ce type à Liège, ce qui est appréciable, note le vice-recteur. Nous avons conclu un accord avec la société Poppy Mobility (une start-up où travaillent de nombreux alumni de l’ULiège) : en échange de l’accès à nos parkings ouverts, la société nous fournit des statistiques d’utilisation de leurs véhicules afin que nous puissions évaluer l’ampleur du phénomène. »

C’est l’autre défi du vice-recteur Duysinx et de son équipe* : encourager la mobilité douce sur le campus. Un premier effort concerne les piétons et les usagers lents : « Nous rénovons les chemins en veillant, notamment, à leur éclairage dans le respect des contraintes imposées par la zone naturelle que constitue le Sart-Tilman, expose Pierre Duysinx. Mais nous allons en aménager davantage. » Le deuxième effort concerne le vélo. « L’expérience du vélo partagé a été concluante mais reste limitée. Par contre, nous constatons un engouement général – du personnel principalement – pour ce mode de déplacement. Ma volonté est donc d’établir un véritable réseau de voies cyclistes vers le campus et sur tout le plateau. Ainsi, nous rénovons celles qui existent en les prolongeant là où des jonctions faisaient défaut (près des homes, de la Botanique, de la faculté des Sciences appliquées ou encore du CHU...). Alors que ce maillage était resté inchangé pendant des années, nous venons d’augmenter de près de 50 % la longueur totale des allées cyclistes sur le Sart-Tilman. L’opération s’est terminée à Noël : les assises en béton et l’éclairage intelligent garantissent maintenant la sécurité de tous les usagers. » Notons encore l’aménagement de parkings pour vélos (avec douches) : « Il y a à présent un local fermé dans le parking de la chaufferie en ville, un espace sécurisé à HEC-ULiège et des parkings sécurisés seront implantés, en janvier, devant plusieurs Facultés au Sart-Tilman. Pour le printemps, nous poursuivons avec des locaux réservés aux cyclistes et aux joggeurs, en transformant les sous-sols de plusieurs bâtiments (B52, B37, etc.). Un projet est à l’étude à Gembloux Agro-Bio Tech. »

Au-delà des travaux sur le campus, l’objectif du vice-recteur est aussi de permettre aux amateurs de la petite reine de rejoindre le Sart-Tilman sans encombre. « Grâce au soutien de la Région wallonne, une première “cyclostrade” va être construite en 2024 entre le moulin de Colonster (et le ravel de l’Ourthe) et l’Institut de Botanique, le long du boulevard du Rectorat. Il s’agit d’une large voie réservée aux deux roues, sécurisée grâce à un talus végétalisé. Nous travaillons à faire de même à partir d’Ougrée, ainsi que sur une jonction entre le CHU et Boncelles, dans les années suivantes. » Toujours dans la même optique, la rénovation de la route du Condroz débutera au printemps. « À terme, elle comprendra deux bandes pour les bus, deux autres pour les voitures et, de part et d’autre, deux pistes cyclables, ce qui nous connectera à Kinkempois et Angleur », se réjouit le vice-recteur.

TRAM, BUS ET NAVETTE FLUVIALE

Et si on favorisait les transports en commun ? La mise en circulation du tram à liège en janvier 2025 (si, si !) modifiera, on le sait, les itinéraires des bus du TEC. lLoccasion de multiplier les lignes vers le campus ? « Nous avons intensifié nos contacts avec la direction des TEC, dans un dialogue très constructif, révèle le vice-recteur. Et les perspectives sont encourageantes : deux lignes “Busway” (lignes B2 et B3) desserviront bientôt le Sart-Tilman. »

Ces Busway – “bus à haut niveau de service” –, articulés et électriques, transporteront près de 120 personnes tout en offrant le confort d’un tram. À partir du mois de janvier 2025, la ligne B2, la première, ralliera la gare des Guillemins au CHU de liège. D’autres lignes complèteront encore les possibilités de rejoindre le Sart-Tilman. « Les TEC nous assurent que ces lignes augmenteront substantiellement la fréquence et l’amplitude des connexions pour les personnes acheminées chaque jour sur le campus », déclare, serein, le vice-recteur.

À plus long terme, l’ULiège porte le projet que les trains en provenance de verviers puissent faire un arrêt en gare de Chênée. « Cela permettrait aux étudiants de sauter ensuite dans le bus L25 pour arriver rapidement au Sart-Tilman », note le Pr Duysinx qui négocie cette possibilité avec la SNCB... tout en soutenant l’idée des navettes fluviales (entre Herstal et Seraing) émise par la ville de liège. Un arrêt près de la Grand Poste pourrait être envisagé.

Parallèlement à toutes ces initiatives, le vice-recteur Duysinx réfléchit aussi à l’organisation des cours. « Nous essayons de réduire, durant une même journée, les déplacements superflus des étudiants entre la ville et le Sart-Tilman. Une étude réalisée par les Prs Quentin Louveaux et Jacques Teller montre qu’une vingtaine de cours entraîne le déplacement de grandes cohortes d’étudiants en cours de journée. Ainsi, quelques professeurs ont aimablement accepté de “descendre à Liège” ou de “monter au Sart-Tilman” afin d’éviter à 300 étudiants de se déplacer. Mais ce n’est pas toujours possible. Par ailleurs, un groupe de travail étudie le retour de deux Facultés au centre-ville dans les années à venir, ce qui pourra également réduire le nombre de trajets entre la ville et le campus boisé. »

La faculté d’architecture, elle, s’affiche désormais comme un campus vert : elle a décidé d’exclure les voitures sur son site en Outremeuse. « Un bel encouragement à la mobilité douce et à l’utilisation des transports en commun », se réjouit le Pr Duysinx. Qui sait ? L’artiste Fernand Flausch, avec La mort de l’automobile, avait peut- être une longueur d’avance.

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