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station serait desservie par un parking-relais ainsi que par un arrêt de tram. Selon les calculs, les passagers d’un tram pourraient être répartis dans les capsules du téléphérique en moins de deux minutes », calcule le Pr Teller. Le projet séduit… mais n’est pas encore à l’agenda poli- tique. La dynamique reste cependant intéressante, notam- ment parce qu’elle fédère plusieurs moyens de transport. Or, pour désengorger la ville et gagner en confort et en temps de trajet, les investissements doivent favoriser les synergies des infrastructures, tout en évitant la multiplica- tion des connexions. Ce qui inclut une réorganisation du réseau des bus afin de déconstruire la logique “en étoile” autour de la place Saint-Lambert et de créer un réseau de lignes indépendantes sur la rive droite (Longdoz et Angleur). De nouvelles lignes directes vers le Sart-Tilman pourraient également être envisagées. Les questions de la voiture et des limites du stationnement ont également été abordées. « L’idée est d’éviter l’utilisation de l’automobile et son stationnement en ville, notamment en instaurant des parkings bien desservis à la périphérie. » Et le vélo ? Manifestement, poursuit Jacques Teller, il est “ten- dance” et le vélo électrique jouit d’un intérêt croissant. Mais pour encourager ce mode de transport “doux”, il faut multi- plier les pistes cyclables et les parkings sécurisés. Il faut éga- lement réfléchir aux types d’intermodalité entre les cycles et les bus ou le train, par exemple. On peut encore imaginer des formules de location bon marché pour répondre à un coût d’achat souvent dissuasif. D’autres approches témoignent aussi du souci constant pour la mobilité : « L’Université travaille par exemple sur la mise en place de deux plages horaires pour entamer les journées d’enseignement : l’une à 8h, l’autre à 9h, ce qui permettrait d’éviter un pic de fréquen- tation trop important à 8h30, d’autant que ce moment cor- respond de surcroît aux horaires des Hautes Écoles et des écoles secondaires »,fait remarquer le Pr Teller. RAMENER L’UNIVERSITÉ EN VILLE ? À l’heure des villes compactes et du rejet des trajets moto- risés, une question se pose : ne ramènerait-on pas tout le campus universitaire en ville ? « Certains le souhaitent, concède Jacques Teller. Mais les coûts seraient exorbi- tants, et ça ne résoudrait pas tous les problèmes. Depuis la fermeture d’Arcelor-Mittal, le campus est le seul pôle d’emploi situé sur la rive droite de la Meuse, pourtant den- sément peuplée. » Densifier les activités urbaines tout en préservant le Sart-Tilman ne serait pas antagoniste. « Liège pourrait sans problème doubler sa production annuelle de logements. Ils continueront néanmoins de manquer. C’est là que nous pourrions réfléchir à faire du campus boisé un véritable atout en y créant du logement, des activités éco- nomiques et culturelles, en l’urbanisant pour en faire un lieu dont on ne doit pas obligatoirement s’échapper à la fin des cours. Le Sart-Tilman est l’un des pôles les mieux desservis en bus de la région. Le matin, il y a des bus toutes les deux ou trois minutes, mais c’est presque vides qu’ils redes- cendent en ville. Ce qui pourrait être rééquilibré si des gens vivaient aux alentours du campus. Ce n’est qu’un exemple. En développant le centre et les pôles périphériques et en assurant des modes de transport structurants, on pourrait faire de la métropole liégeoise un système urbain multipo- laire efficace », affirme Jacques Teller . L’aménagement du territoire touche à une autre grande question, celle du logement. « Nous avons d’abord identi- fié la demande étudiante avant d’analyser l’offre, prévient Sophie Dawance, de la faculté d’Architecture de l’ULiège et coordinatrice de la question du logement au sein du Labville. La finalité était de centraliser toute une série de données qui sont parfois connues ou supposées, mais qui n’ont pas fait l’objet d’un recensement systématique. » Le nombre d’étudiants à Liège est estimé à 40 000, dont une moitié est universitaire. Entre 8400 et 11 000 d’entre eux habitent en “kot”. Ces logements sont disparates : chambres chez l’habitant, immeubles divisés en loge- ments, internats, colocations ou résidences d’étudiants. « En l’état, ces logements peuvent être perçus comme des inconvénients. Souvent, les étudiants n’y sont pas domici- liés, certaines charges reviennent donc à la collectivité. Ils occupent de plus en plus de logements familiaux divisés en appartements ou destinés aux colocations, ce qui diminue l’offre pour les ménages et a tendance à faire augmenter le prix du loyer ou encore à occasionner des saturations du stationnement dans les zones résidentielles. Certains quar- tiers peuvent également voir leur dynamique fortement influencée par une grande présence d’étudiants : c’est le cas du quartier Saint-Gilles, notamment », expose Sophie Dawance . Les étudiants, quant à eux, ont des critères de choix précis : coût du loyer, présence d’équipements col- lectifs, localisation. Ce qui permet d’envisager une offre spécifique, qui pour le moment a des limites : certains logements ne sont pas aux normes de qualité et de salu- brité requises et la presque totalité du parc est privée. Il n’existe donc pas de tarifs sociaux. Mais pour le Labville, la présence des étudiants doit être abordée comme une opportunité à cultiver, à la fois pour l’économie, la vie locale et même l’image de Liège à l’étranger. Quelques initiatives encore timides ont vu le jour. Les kots à projet, premièrement, qui invitent les étudiants à mai-août 2018 / 270 ULiège www.uliege.be/LQJ 32 univers cité

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