LQJ-271

Le Quinzième jour : Quelle est l’origine de la technolo- gie des chaînes de blocs ? Louis Martin : Elle est apparue vers 2008 quand une perte de confiance s’est installée – notamment envers les institutions – suite à la crise financière. C’est à ce moment qu’est arrivé le concept de crypto-monnaie qui utilise lar- gement les chaînes de blocs. Cette technologie permet de stocker et de transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Elle ressemble à une grande base de données dont les informations, envoyées par les utilisateurs, sont vérifiées et groupées à intervalles de temps réguliers en blocs, liés et sécurisés grâce à l’utilisation de la cryptographie, d’où la notion de “chaînes de blocs”. Cette base contient l’his- torique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création. (cf. illustration ci-dessous ) LQJ : Quels sont les éléments à la base de son succès ? En quoi les chaînes de blocs constituent-elles une avancée ? L.M. : Les avantages le plus souvent cités tiennent à l’af- franchissement face aux tiers de confiance (cartes de crédit, Amazon par exemple), actuellement requis dans la majorité des transactions, surtout en ligne. C’est aussi une économie face aux tiers de confiance chargeant des frais indus et occupant des positions monopolistiques tels qu’Uber, Airbnb, etc. La plus grande rapidité et la fluidité des échanges sont également appréciées, en particulier pour les transferts de fonds internationaux. Cette tech- nologie se caractérise encore par une liberté face aux nombreuses règlementations des organismes gouverne- mentaux. De plus, par sa transparence et sa conception même, la chaine de blocs est sécuritaire et à l’épreuve des manipulations malhonnêtes. Enfin, l’immédiateté et le croisement des données apportent également une dimension supplémentaire comme l’illustre cet exemple : un contrat d’assurance (63 signes) d’un agriculteur pourrait ainsi fluctuer en raison de conditions météorologiques extrêmes ; deux des signes de la chaîne de blocs pourraient se rapporter à des relevés météo et donc faire évoluer le contrat automatiquement. LQJ : L’économie sociale et solidaire recourt-elle déjà à la technique des chaînes de valeurs ? L.M. : Comme expert, j’encourage l’utilisation de cette technique qui peut effectivement aider beaucoup de sec- teurs, y compris en effet l’économie sociale et solidaire où il y a déjà des premières expériences de plateformes. C’est un outil qui peut être structurant, mais qui ne crée pas les communautés. Il est important d’expliquer et de démysti- fier. Dans notre société, on sous-estime les changements à venir dans les dix ans. LQJ : Vous l’avez rappelé lors du colloque du Ciriec : une plateforme collaborative fondée sur les chaînes de blocs ne peut fonctionner sans une bonne gouver- nance. L.M. : Dans la pratique, les mécanismes de sécurité et de gouvernance qui s’appliquent au réseau permettent de septembre-décembre 2018 / 271 ULiège www.uliege.be/LQJ 47 !"%16%&#

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