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maîtriser le risque. Il est essentiel de soigner la façon dont le réseau est conçu, mis en œuvre et exploité. Les partici- pants de l’écosystème doivent comprendre que ce n’est pas la technologie en tant que telle qui protège les enre- gistrements de la chaîne de blocs contre les modifications ou les malveillances. La confiance est primordiale pour assurer le bon fonctionnement d’une plateforme, d’autant qu’il n’existe actuellement pas de cadre juridique et régle- mentaire. LQJ : Le participant à une plateforme peut-il être rassuré dans ce contexte, puisque chacun a la possi- bilité d’écrire dans la base de données sans tiers de confiance ? L.M. : Comme une chaîne de blocs travaille effectivement sans organe de contrôle et peut être créée par n’importe qui, la fonction de hachage est capitale : elle transforme, par exemple, une phrase en une suite de chiffres et de lettres. Si on change un signe, c’est l’ensemble qui se modifie (cf. 2 e exemple ci-contre). Nous utilisons une fonction de hachage de la famille SHA-2 – Secure Hash Algorithm – conçue par la National Security Agency (NSA ) des États-Unis. Elle assure 1,15 77 combinai- sons possibles ! La probabilité de créer une combinaison équivalente correspond à gagner dix fois consécutivement le gros lot du Lotto. De plus, il est impossible de recons- truire le message de base à partir de son hash. LQJ : Cette technologie n’est-elle pas énergivore ? L.M. : Tout dépend en fait des algorithmes mathématiques et des méthodes de consensus. Le bitcoin est l’exemple extrême. Pour empêcher une personne très bien équipée de copier et de recréer des chaînes de blocs à son avan- tage, il a fallu multiplier le nombre d’ordinateurs comme on l’observe par exemple dans de grands halls en Islande ; une tentative malhonnête devient dès lors trop coûteuse et trop longue pour être profitable. Heureusement, ce cas de figure n’est pas représentatif des applications basées sur les chaînes de blocs. LQJ : Quel est le coût de la mise en œuvre de cette technologie et quels sont les fournisseurs ? L.M. : Au départ, la création et la gestion d’une base de données fondée sur les chaînes de blocs est plus dispen- dieuse qu’une base de données traditionnelle. Il importe dès lors de mesurer la valeur ajoutée : un cas d’utilisation doit en effet apporter une justification supplémentaire qui s’avérera rentable en réduisant par exemple une lour- deur administrative ou en supprimant le papier. Il existe plusieurs fournisseurs, à commencer par Ethereum, le pionnier des “contrats intelligents” avec un logiciel libre. Hyperledger est un projet de la fondation Linux dans lequel IBM participe activement. Microsoft Azure offre une plateforme tandis que Google et Facebook préparent leur entrée sur le marché. LES CHAÎNES DE BLOCS SONT DÉJÀ PARTOUT ! On compte déjà plus de 3000 cryptomon- naies et plus de 900 autres applications utilisant les chaînes de blocs ! Cette tech- nologie est déjà mise en œuvre principale- ment pour du transfert d’actifs (monnaie, titres de propriété, actions, etc.) comme dans les domaines des cryptomonnaies et des banques, pour une meilleure traçabilité d’actifs et produits (médicaments, aliments, diamants, etc.), ou encore pour exécuter automatiquement des contrats, notamment dans les assurances ou les douanes. L’économie collaborative et les plateformes coopératives constituent également autant de champs d’actions possibles. Les applications sont d’ailleurs presque infinies. Plusieurs universités américaines utilisent déjà cette technologie pour délivrer les diplômes, ou pour remplacer les attesta- tions cachetées. septembre-décembre 2018 / 271 ULiège www.uliege.be/LQJ 48 !"%16%&#

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