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ter un renouvellement d’ordonnances en ligne et, aujourd’hui, elle lui est envoyée ; demain, elle sera directement adressée par voie informatique à la pharmacie de son choix. Le deuxième projet, sous la forme d’un logiciel développé sur une tablette, entend susciter une meilleure communication entre toutes les per- sonnes (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, aides-familiales, enfants, etc.) qui s’occupent d’une personne âgée à domicile. LQJ : Que pensez-vous de l’intelligence artificielle en médecine ? Ph.B. : Elle sera très utile dans l’interprétation des résultats. Je suis certain qu’elle nous apportera une aide appréciable dans ce que l’on appelle la “gestion du doute”, en affinant le diagnostic et en ouvrant des pistes pour un traitement mieux ciblé au patient. LQJ : Les médecins sont-ils incités à utiliser ces nouvelles technologies ? Ph.B. : En France, la téléconsultation est validée, c’est-à-dire qu’elle est acquittée au médecin. L’objectif est notamment d’offrir une solution de première ligne dans ce que l’on appelle les “déserts médicaux” qui s’étendent. En Belgique, nous n’y sommes pas encore… mais on y vient ! Il est vrai que le territoire y est plus réduit et que tous les citoyens – sauf dans la province de Luxembourg peut-être – sont proches d’un hôpital. Mais la télé- médecine concerne aussi les personnes qui se déplacent difficilement. Je sais que l’Inami s’intéresse aux appareils connectés qui pourraient, à domicile, permettre à tout un chacun de prendre sa tension, sa tempé- rature, de vérifier son poids, de faire une prise de sang, etc., et de transmettre directement ces don- nées au médecin grâce à la téléconsultation. L’important, me semble-t-il, est de veiller à la pro- tection de toutes ces données. À qui peut-on ou ne peut-on pas les transmettre ? Qui aura accès au dossier médical ? Ce sont des questions qui doivent être appréhendées avant la mise en place d’un nouveau système. LQJ : La crise récente du coronavirus a-t-elle eu des conséquences à ce niveau ? Ph.B. : Énormément. Pendant plusieurs semaines, les téléconsultations médicales (par téléphone) sont devenues la norme, les seules, à vrai dire puisque nous ne pouvions plus être en contact avec nos patients. Le dispositif a été mis en place rapidement : l’Ordre des médecins a accepté que nous “rece- vions” des patients sans les toucher. L’Inami a admis que ces consultations soient facturées et rembour- sées. Les patients se sont pliés à l’injonction gouver- nementale. D’autre part, à l’initiative de l’incubateur liégeois The Faktory, une plateforme “Covid-19 E-monitoring First Live” a été lancée pour permettre un suivi à domicile des malades atteints du coronavirus. Inscrit par son médecin sur cette plateforme, le patient peut intera- gir avec l’équipe médicale. Il reçoit deux sms par jour et remplit un questionnaire (symptômes observés, température, paramètres respiratoires de base). Un algorithme analyse ces données et alerte le médecin généraliste si les paramètres montrent une dégrada- tion de l’état sanitaire du patient. Cela nous a permis de suivre au jour le jour les malades confinés dans leur foyer. LQJ : La profession de médecin sera-t-elle affec- tée par ces nouveautés ? Ph.B. : La pandémie due au Covid-19 a fait faire des bonds de géant à la télémédecine, tant d’un point de vue technologique que psychologique. Raisonnablement, je pense que les diverses tech- nologies vont rendre la profession plus efficace encore et, surtout, offrir aux soignants la possibilité de mieux gérer leur temps. Dans certaines mai- sons médicales, nous travaillons déjà différemment puisque nous recevons de la part de l’Inami un “for- fait” par patient. Celui-ci nous consulte quand il en a besoin, autant de fois qu’il le veut, sans être sou- mis au moindre frais. Nous ne sommes donc pas rétribués à chaque acte médical mais, au contraire, sommes incités à privilégier une approche préven- tive pour garder, le plus longtemps possible, les gens en bonne santé. Cette mission est au cœur de nos préoccupations et nous encourage à innover. La télémédecine constitue, à cet égard, un atout. 38 mai-août 2020 / 276 ULiège www.uliege.be/LQJ omni sciences

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