LQJ-276

Le constat étonne : selon l’OMS, un patient sur deux ne suit pas correctement son traitement – posologies, régimes, indications diverses – sur le moyen et le long terme. Dans certains cas, l’inob- servance flirte avec les 70, voire 80 %. Une attitude qui peut avoir de graves conséquences sur la santé du patient et qui a, aussi, un coût élevé pour la société. Manifestement, la prise en charge médi- cale, historiquement développée pour faire face aux pathologies aiguës, semble moins bien adaptée à la progression des maladies chroniques (diabète, hypertension, insuffisance respiratoire, etc.). La solution réside-t-elle dans une meilleure collabo- ration entre le personnel soignant et les malades ? Beaucoup d’études le laissent penser et plaident pour une plus grande implication des patients dans le système de santé : c’est ce que l’on appelle l’“approche patient partenaire de soins ” (APPS) qui recouvre l’engagement des patients dans leurs propres soins ainsi que dans l’amélioration de la qualité des soins et des services et dans la gouver- nance du système de santé. Au CHU de Liège notamment, un comité d’usagers recueille les remarques des malades sur des points concrets (le confort des sièges de dialyse, l’accueil dans le service, les repas, etc.) et apporte aux équipes médicales le point de vue des soignés, leur expérience de la maladie et de l’usage des services de santé. « Les enquêtes menées montrent que la visite chez le docteur, spécialiste ou non, est encore teintée de paternalisme, ce qui ne facilite pas toujours l’indispensable dialogue avec le prati- cien, explique Benoît Pétré, chargé de cours au département de santé publique, directeur du pro- jet et cheville ouvrière du colloque. Le patient est encore trop souvent considéré comme un béné- ficiaire des services de santé plus que comme un acteur à part entière de ces mêmes services. Or les malades manifestent leur volonté d’être considérés de manière holistique et singulière. Par ailleurs, il est avéré qu’un dialogue constructif participe à faire adhérer le patient à sa thérapie et augure d’un meilleur respect de celle-ci dans le temps. Le même constat est valable à l’échelle de l’organisation des soins de santé. Ainsi, le “partena- riat de soins” répond-il à deux impératifs. Éthique d’abord : le patient est un adulte qui veut être infor- mé et partie prenante dans sa thérapie ; d’efficacité ensuite : les travaux de recherche tendent à mon- trer que l’implication du patient donne des résultats positifs dans l’évolution de la maladie, augmente la qualité des soins et diminuerait les coûts des orga- nismes assureurs. » Un colloque (prévu fin mai et qui a dû être postpo- sé au 13 octobre) exposera les résultats du projet Interreg et dressera une liste de recommandations à l’intention des pouvoirs politiques, des managers des soins de santé, du personnel soignant, des centres d’enseignement et de recherche et collec- tifs de patients. Parmi les orateurs présents lors de cette rencontre, on devrait recevoir la chercheuse Olivia Gross (université de Paris XIII), auteure de L’engagement des patients au service du système de santé (2017). 1 Projet soutenu par l’Union européenne au moyen du programme InterregVA Grande Région et du Fonds européen de développement régional (Feder). 2 Grande Région : Wallonie, Grand-Duché du Luxembourg, Lorraine, Rhénanie-Palatinat et Sarre. Colloque “Approche patient partenaire de soins” À l’intention des médecins et équipes médicales, desmanagers d’institutions, des décideurs politiques, de lacommunauté scientifique. Le 13 octobre (lieu à préciser), consultez le site www.patientpartner.org Main dans la main L’approche “patient partenaire” fait ses preuves En 2017, un programme de recherche Interreg “Approche patient partenaire de soins” 1 a voulu questionner ce modèle dans un contexte international, celui de la Grande Région 2 . Les résultats seront présentés lors d’un colloque qui se tiendra à Liège, le 13 octobre. mai-août 2020 / 276 ULiège www.uliege.be/LQJ 39 omni sciences

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=