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mais Ezra et Juliette, la documentariste et la chanteuse de l’équipe, sont en train de construire une tiny house autonome sur le plan énergétique. Et de mon côté, je reste actif au sein du low-tech Lab de Concarneau qui développe et partage ses savoir-faire dans le but d’of- frir, à chacun et partout, les moyens de répondre à ses besoins dans le respect des humains et de la planète. » L’association avait notamment affrété un bateau-labo- ratoire, Le Nomade des mers qui, de septembre 2015 à janvier 2021, fait le tour du monde pour repérer, expérimenter, documenter et diffuser des innovations low-tech. À son bord : machine à pédale servant d’outil multifonctions, culture en hydroponie avec notamment de la spiruline, four solaire et insectes dans l’assiette. Depuis quatre ans, ce catamaran à voile fonctionnant en autonomie maximale et sans déchets a fait escale dans 16 pays et a permis l’étude de plus de 40 de ces low- techs. Ce petit pôle dynamique a également lancé son “Low-tech Tour France” consistant en l’expérimentation d’un micro-habitat de type tiny house combinant 12 low-techs adaptées au contexte occidental. Il permettra d’évaluer l’impact de ces solutions sur l’environnement, nos économies et notre confort avant une diffusion plus large. Un rapport scientifique sera émis, qui analysera les performances techniques, ainsi que le coût écono- mique et environnemental en comparaison avec les sys- tèmes commerciaux. Cette dynamique, on la retrouve naturellement en fili- grane du spectacle ONIRI joué pour des jauges de spec- tateurs réduites, variant entre 100 et 150 personnes. Il se tient à l’extérieur et est donc soumis aux caprices du vent qui fait quelquefois bouger l’écran, en apportant sa propre touche artistique par le biais d’aberrations vidéo. Ces dernières ne pouvant être projetées que la nuit, les horaires sont par conséquent variables, ce qui ajoute une touche de poésie vespérale. Des entretiens docu- mentaires réalisés par Juliette Guignard constituent la colonne vertébrale de ce qui est proposé au public. « On se projette dans 50 ans à partir de la date d’aujourd’hui et on ajoute un an au titre chaque année. On passera donc d’ONIRI 2070 à 2071. Côté construction, cela com- mence par la narration. La partie sonore et vidéo arrive plus tard. Puis Ezra orchestre tout cela avec les sons beatbox et des boucles. Alex, le vidéaste, filme ensuite de petits objets qui sont mis en mouvement avec des moteurs et crée des boucles vidéo. Tout cela est projeté derrière nous », explique Kévin. En tournée, le spectacle s’appuie donc sur un dispo- sitif autonome en énergie, transportable à vélo, qui consomme moins d’un kilowattheure. Cet agencement, monté en collaboration avec un certain nombre de scien- tifiques et de bricoleurs, vise à questionner le renou- vellement de nos pratiques de musique amplifiée ou de spectacle vivant, mais aussi l’expression vidéo et les arts numériques. L’intérêt est également d’ouvrir un grand champ des possibles pour les espaces de diffusion : places publiques, forêts, friches industrielles, etc. Autant de lieux insolites que la compagnie souhaite faire vivre en rapprochement avec les publics, sur des parcours ancrés dans leurs territoires. Avec cette création, Organic Orchestra s’efforce de questionner les pratiques d’une ère post-numérique naissante. « Non parce que les outils numériques disparaissent, mais parce que dans nos vies comme dans l’expérience sensible du spectacle, leur boulimie semble peu sensée, si ceux-ci prennent le pas sur notre rapport tangible aux matières aussi essentielles et puissantes que le végétal, le minéral, la pensée, les émotions... Nous ne racontons pas seulement un futur souhaité, nous tentons de le vivre, avec les paradoxes de notre culture, de nos usages, nous tentons simplement de changer la manière de produire et diffuser du spec- tacle vivant, à notre échelle, avec poésie, avec des cel- lules de récupération, et en bicyclette », conclut l’artiste. Festival Impact Du 17 au 22 novembre. Spectacle ONIRI 2070, le 17 novembre, à 19h à la Cité Miroir, place Xavier Neujean, 4000 Liège. Rencontre-débat avec Kévin Loesle et Pierre Delvenne à la fin du spectacle. * www.theatredeliege.be (rubrique saison/Impact) Questionner les pratiques de l’ère post-numérique 52 septembre-décembre 2020 / 277 ULiège www.uliege.be/LQJ l’invité

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