LQJ-278

Un premier rendez-vous a eu lieu le mer- credi 21 octobre sur le thème “Prendre soin des solidarités”, en présence de Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wal- lon de lutte contre la pauvreté, et du Pr Édouard Delruelle, du département de philo- sophie politique à l’ULiège. Soulignant que la crise sanitaire a été un révé- lateur supplémentaire des inégalités sociales, Christine Mahy se félicite cependant de la réaction concrète des pouvoirs publics. « Des décisions politiques ponctuelles ont été prises rapidement et appliquées dans la foulée : aide directe aux ménages, enveloppe plus épaisse pour les CPAS, etc. » Mais rien n’est réglé sur le long terme. Elle observe notamment que le “numéro vert 1718” – le call center du Service public de Wallonie, élargi aux urgences sociales – a été pris d’assaut et que les centres d’aide alimentaire sont débordés, preuve, s’il en fallait une, du nombre croissant de personnes plon- gées dans la précarité. Christine Mahy espère que cette situation gravissime débouchera sur des décisions plus structurelles : « Il faut abso- lument supprimer le “statut de cohabitant” par exemple, qui freine toute solidarité familiale et revoir le principe des allocations familiales afin d’utiliser ce levier pour réduire les inégalités. C’est urgent. » Le Pr Édouard Delruelle estime pour sa part que cette crise majeure est une catastrophe pour nos sociétés, laquelle se traduit aussi par des violences sociales : « Il n’est pas étonnant que le mouvement des Black Lives Matters aux États- Unis ait pris de l’ampleur dans ce contexte. » Heureusement, il existe en Europe des méca- nismes de solidarité. « Mais la logique libérale sape petit à petit depuis plusieurs mandatures les piliers de l’État social que sont la Sécurité sociale, les services publics et le droit du travail. Depuis plusieurs années, nous observons une volonté de mettre la Sécu en faillite… afin d’ex- pliquer ensuite pourquoi il faut la réformer, voire l’enterrer. La pandémie vient de démon- trer combien cette logique de dérégulation était délétère et dangereuse. » Il est donc urgent pour Édouard Delruelle*, de « restaurer un État social fort et protecteur des citoyens, de moder- niser ses missions et de s’opposer à la “logique de sécession” qui prévaut actuellement (pour reprendre les mots du sociologue français Bruno Latour), c’est-à-dire une logique qui vise à divi- ser la population pour mieux asseoir le pouvoir des élites financières. Pour moi, la question de la santé et des soins sera au cœur du XXI e siècle comme le travail l’a été au XX e . » * Édouard Delruelle, Philosophie de l’État social. Civilité et dissensus au XXI e siècle , éd. Kimé, Paris, 2020. RENCONTRES Prendre soin La crise du coronavirus a ébranlé nos repères et lézardé des struc- tures déjà fragiles. Elle a aussi mis en évidence quelques priorités. L’ASBL Mnema et la Maison des sciences de l’homme de l’ULiège proposent cinq rencontres pour discuter de ce dont il faudra “prendre soin...” en priorité. Prochaines rencontres ӟ ṷ̂ʒ˸ʉ̭ʒ ̸̃˅˸Ӹ ʉʒ̸ ̸̃˅ʱ˸ȼ˸̸ͅӶ ȼͱʒʀ ¾ȼͅʺȼˠ˅ʒ ţȼʀʀȼˌӛ Reyners, chercheure qualitifée du FNRS à l’ULB et Alexandre Ghuysen, urgentiste au CHU de Liège, le mercredi 3 février à 20h. ӟ ṷ̂ʒ˸ʉ̭ʒ ̸̃˅˸Ӹ ʉʒ ˠȼ Ěʒ̭̭ʒӶ ȼͱʒʀ ʉʕˠȼˌʉʒ 4ʺȼ̭ˠ˅ʒ̭Ӷ coorganisatrice du mouvement “Youth For Climate” et François Gemenne, chercheur au FNRS à l’ULiège, directeur de l’Observatoire Hugo, le vendredi 19 mars à 20h. À la Cité Miroir, place Xavier Neujean, 4000 Liège. * réser vation par tél. 04.230.70.50, courriel reservation@citemiroir.be , programme complet sur le site www.msh.uliege.be 76 janvier-avril 2021 / 278 ULiège www.uliege.be/LQJ FUTUR ANTÉRIEUR

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=