LQJ-281

D iplômée d’un master en langues et lettres romanes, Laura Zinzius était invi- tée lors de la conférence inaugurale “Subvertir l’espace public” organisée à la Cité Miroir par la Maison des sciences de l’homme (MSH) et MNEMA. La jeune femme, qui béné- ficie d’une bourse à l’UNamur, est revenue sur les collages féminicides apparus pour la pre- mière fois à Paris en 2019, pour en analyser les stratégies et la rhétorique. Son corpus s’ins- crit dans un projet de recherche plus vaste intitulé “Littérature sauvage” et chapeauté par Denis Saint-Amand, chercheur qualifié FNRS à l’UNamur. Une thématique qui lui sied par- faitement quand on sait que, plus jeune, Laura baignait déjà dans le milieu militantiste bruxellois et qu’elle a fréquenté des adeptes du collage. « L’étude des collages féministes s’inscrit dans la continuité logique de mon sujet de mémoire. J’avais choisi d’analyser la rhétorique anti- féministe mobilisée par le magazine français Causeur . Les collages féminicides survenus en 2019 en amont du Grenelle – une réunion des membres de l’État français, des forces de l’ordre et d’autres acteurs encore autour de la question des violences conjugales – se sont imposés comme un matériau intéressant à explorer. Dans ma thèse, j’aimerais notamment interroger le langage utilisé par les colleurs et colleuses pour construire leurs messages. Étudier leur concep- tion rhétorique et appréhender leurs effets sur les passants », explique Laura Zinzius. Feux de croisement, panneaux de signalisation, passages cloutés, monuments commémoratifs ou encore zones interdites… L’espace urbain n’est pas un espace neutre. Son aménagement et sa réglementation en font un terrain miné de signaux qui dictent nos comportements. Que se passe-t-il lorsque ces injonctions sont détournées par les citoyens ? Et, plus particulièrement, lorsque les femmes s’emparent de la ville à coups de happenings, de graffs et de collages pour dénoncer les injustices et insécurités qu’elles vivent au quotidien ? Autant de questions que la doctorante Laura Zinzius explore dans sa thèse. ENTRETIEN MARJORIE RANIERI - dessin Julien ortega janvier-avri l 2022 / 281 ULiège www.ul iege.be/LQJ 53 l’ invitée

RkJQdWJsaXNoZXIy MTk1ODY=