LQJ-282

Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique proposent jusqu’au mois d’août une exposition autour du chef-d’œuvre de Jean-Louis David, Marat assassiné (1793). La démarche combine regards historiques et contemporains, et fait également la part belle aux résultats d’une campagne de recherche coordonnée par Catherine Defeyt, chercheuse FED-tWIN (MRBAB-ULiège) et qui a mobilisé les chercheurs du Centre européen d’archéométrie de l’ULiège dirigé par le Pr David Strivay. Afin d’ausculter l’œuvre – et de faire la lumière sur le processus de création et la biographie artistique - les chercheurs ont fait appel à des techniques physicochimiques innovantes non invasives et à des technologies scientifiques d’imagerie multi-spectrale. « Ces techniques sont très efficaces pour révéler les dessins préparatoires, les pentimenti (de l’italien pentimento qui signifie, en peinture, qu’une partie du tableau a été recouverte par le peintre afin de modifier la toile en profondeur) et les changements de compositions, explique Catherine Defeyt. Sans oublier l’identification de la palette des pigments utilisés par David. » Les découvertes concernent plusieurs points : la genèse du tableau et ses liens avec une autre peinture emblématique de David, aujourd’hui disparue, représentant un autre martyr de la Révolution sur son lit de mort, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau ; l’utilisation de modèles comme le dessin réalisé sur son lit de mort et aussi celui de son masque mortuaire ; des modifications au niveau des mains de Marat ou de son visage, « ce qui confirme la volonté de l’artiste de renforcer la teneur politique de son œuvre » explique Catherine Defeyt. De plus, grâce aux observations réalisées, une alternative inédite a été proposée pour résoudre le mystère de la disparition du tableau lors de la disgrâce de David suite à la chute de l’Empire. Contrairement à l’idée reçue que le tableau avait été recouvert d’une couche de céruse, des indices matériels montrent que la toile a été recoupée et qu’une toile vierge a été superposée afin de la dissmuler aux regards. A noter que l’exposition présente également trois des quatre répliques connues conservées dans des musées français (Versailles, Dijon et Reims) et réalisées dans l’atelier de l’artiste sous sa supervision. Le catalogue fait mention de tous les résultats préliminaires de l’étude et l’ensemble du travail sera prochaienemtn publié dans un Cahier des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. * https://www.aap.uliege.be/marat mai-août 2022 / 282 ULiège www.ul iege.be/LQJ 23 omni sciences

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