LQJ-283

C’est la plus grande structure scientifique jamais déployée dans l’espace. Extrêmement sensible, elle a embarqué des caméras et des spectromètres de très haute technologie. Les images reçues sont stupéfiantes. Commentaires de Michaël Gillon (astrophysicien, maître de recherches FNRS, directeur de l’EXOTIC Lab dans l’unité de recherche en Astrobiologie)*. « Ces images démontrent de manière éclatante l’extraordinaire potentiel instrumental de JWST. Ce dernier est bien plus qu’un nième télescope spatial de plus, mais bien une toute nouvelle fenêtre sur l’Univers. Jamais l’Homme n’avait vu les cieux de cette façon. J’ai été époustouflé par l’image de l’amas de galaxies SMAC 0723, dont l’effet de lentille gravitationnelle nous permet de voir de manière saisissante des galaxies situées aux confins de l’Univers observable, telles qu’elles étaient peu après leur naissance. Les images de la “nébuleuse de l’anneau austral” – une étoile mourante ayant éjecté ses couches extérieures – et du “quintet de Stephan” – un groupe compact de galaxies – sont tout autant splendides. Mais l’image qui m’a le plus touché est celle de la nébuleuse de la Carène, une “pouponnière” d’étoiles qui nous apparaît dans toute sa splendeur. Cette image d’étoiles (et de leurs systèmes planétaires) en formation est tout simplement bouleversante. C’est une démonstration du pouvoir de l’intelligence, de la curiosité et de l’ingéniosité humaines tout autant que de la magnificence de l’Univers. Et puis, à côté de ces belles images, la NASA a révélé des mesures du flux de deux objets célestes prises à différentes longueurs d’onde, ce que l’on nomme des “spectres”. Le premier est celui d’une galaxie située aux confins de l’Univers, et sa précision et sa résolution sont étourdissantes. Ce spectre démontre que JWST pourra étudier la composition chimique des galaxies les plus lointaines, et ainsi nous donner des informations précieuses sur les premières phases de l’évolution physico-chimique de l’Univers et de ses grandes structures. Le deuxième spectre me concerne directement, car il s’agit de celui d’une exoplanète géante à la détection de laquelle mon équipe et moi avons directement participé. Cette planète, nommée WASP-96b, “transite”, c’est-à-dire qu’elle passe devant son étoile à chaque orbite. JWST a observé un de ces transits, et il a pu mesurer avec une précision inégalée et dans une gamme spectrale bien plus large qu’auparavant la filtration d’une minuscule partie de la lumière émise par l’étoile dans notre direction par l’atmosphère de la planète, nous donnant ainsi des informations précieuses sur la composition chimique de cette atmosphère. Ce spectre ne laisse aucun doute sur le fait que JWST va révolutionner notre compréhension des exoplanètes. Entre autres, il devrait nous permettre d’étudier les propriétés atmosphériques d’exoplanètes rocheuses – et même potentiellement habitables – en orbite autour d’étoiles proches de petite taille, notamment (et même surtout) les sept planètes que mon équipe et moi avons découvertes autour de l’étoile TRAPPIST-1. Ces images marquent clairement le début d’une nouvelle ère pour notre étude de l’Univers et pour la compréhension de notre place en son sein. » _______________________ * Interview publiée sur le site ULiège-Thema : “JWST : une mission spatiale scientifique ambitieuse à laquelle prend part l’université de Liège”. Avec la participation de plusieurs chercheurs de l ’ULiège : Ol ivier Absi l, Mi chaë l Gi l lon, Chr i stophe Grodent , Emmanue l l e Javaux, Gaëtan Kerschen, Yaël Nazé, Dominique Sluse * https://www.thema.uliege.be/JWST La vie ailleurs ? Le télescope James Webb remplit une mission ambitieuse NASA, ESA, CSA, and STScI septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 23 omni sciences

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