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Simenon – il l’a dit dans une interview – a retenu le conseil de Colette : “Pas de littérature mon petit Sim !”. Son vocabulaire est simple, son style fluide et sobre. S’il ne recourt pas volontiers à la métaphore ni aux figures de style en général, il varie la construction des phrases, ce qui donne à l’ensemble une musicalité singulière. Par ailleurs, il émaille ses récits de nombreux dialogues. « Et la langue utilisée par chaque personnage sert de marqueur social, ajoute Laurent Demoulin. Accessible sans être grossière, sa prose qui répugne aux longues explications est facile à traduire. En examinant ses manuscrits, on est frappé par la qualité du “‘premier jet”. Il fait très peu de ratures et les corrections vont toujours dans le sens de la simplification. » L’exposition au musée Grand Curtius évoquera le Simenon des années 1930, sillonnant en bateau l’Europe, l’Afrique, la Méditerranée et le reste du monde pour une série de reportages et de rencontres photographiques. « Il parcourt l’Europe durement touchée par la crise, explique Benoît Denis, et, comme dans ses romans, s’intéresse aux visages, aux gens. Ses photos témoignent par exemple de l’Afrique coloniale, un régime sur lequel il pose un regard critique.» LIÈGE TOUJOURS Même s’il l’a quittée à 19 ans, Simenon a offert à Liège ses lettres de noblesse littéraire. Non seulement il a puisé dans sa biographie pour composer son œuvre, mais la Cité ardente, décor principal de Pedigree, irrigue toute sa production. « Le nouveau “parcours Simenon” sous forme numérique, inauguré lors du festival, revisitera ainsi les lieux de son enfance, ainsi que les quartiers décrits dans ses livres », détaille Benoît Denis. Reconnaissante, l’université de Liège lui a décerné les insignes de docteur honoris causa en 1973. La même année, l’écrivain décida de confier ses archives au Pr Maurice Piron, qui sera à l’initiative de la création du Centre d’études d’abord, • 200 romans populaires publiés sous divers pseudonymes • 192 romans signés de son nom (dont 74 Maigret) • 12 recueils de nouvelles • 1000 articles de presse • 30 reportages (dans les années 1920-1930) • 21 Dictées (“lettres ouvertes” enregistrées, dont Lettre à ma mère) • des Mémoires intimes Son œuvre est traduite dans 46 langues et est adaptée au cinéma (40 films), à la télévision (belge, française, allemande, italienne, israélienne et japonaise), au théâtre et en bande dessinée. Une trentaine d’ouvrages lui sont consacrés ; la revue Traces, publiée par les Presses universitaires de Liège et dirigée par le Pr Jean-Louis Dumortier au Centre d’études Georges Simenon, lui est dédiée. Et on ne compte plus le nombre de journées d’étude et de colloques à son sujet. Simenon, c’est : janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 36 univers cité

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