LQJ-284

F.G. : Autre avancée très récente et fondamentale : le gouvernement belge vient d’approuver l’avant-projet de loi “#StopFéminicides” de Sarah Schlitz, secrétaire d’État à l’Égalité des genres. Cette loi définit la notion de “féminicide” et renforce les droits et la protection des victimes. Elle organise la collecte et la publication de statistiques officielles sur les féminicides et institue une formation sur les violences de genre à l’intention des policiers et des magistrats. L’époque est à la libération de la parole des femmes, dans tous les milieux (cinéma, télévision, sport, édition, Église, etc.) : elles osent maintenant s’exprimer publiquement. Le milieu estudiantin, lui aussi, est concerné : des jeunes filles dénoncent maintenant des pratiques douteuses et inacceptables au sein des institutions. D’ailleurs, la ministre Valérie Glatigny, consciente de la problématique, a lancé un marché public pour mener une étude sur le harcèlement et les violences dans l’enseignement supérieur (voir encadré). J.-L.S. : Je suis heureux que l’on sensibilise les jeunes. Car nous recevons très peu d’appels d’étudiants à la ligne d’écoute. Sans doute, l’expression “violence conjugale” est-elle associée aux vieux couples..., mais la réalité est toute autre. Je voudrais encore ajouter une chose : si notre époque est plus ouverte sur ces questions, elle est aussi plus à même de comprendre qu’il faut également s’intéresser aux hommes agressifs car ils sont aussi – de manière inconsciente souvent – victimes d’un système. Les prendre en charge, c’est sécuriser les victimes, d’autant que les partenaires intimes manifestent souvent des comportements ambigus. Beaucoup de femmes battues ne déposent pas plainte parce qu’elles ne veulent pas priver les enfants de leur père ou envoyer leur conjoint en prison. Dédiaboliser les auteurs est aussi, me semble-t-il, un enjeu crucial pour l’ensemble. F.G. : Une évaluation des besoins de protection des protagonistes, du risque de passage à l’acte violent, des besoins des victimes, des auteurs, des enfants au sein de ces familles est nécessaire, quelles que soient les décisions prises ensuite. Soit la poursuite de la relation, soit la séparation, qui est un temps particulièrement délicat, générateur de violences, voire de féminicides. Ou, cela arrive, d’agression de l’auteur par la victime, épuisée par les comportements, les injures de son ex-partenaire (on parle d’impasse psychique). Sortir de la spirale de la violence est un processus long et complexe. Mais ce qui est acquis est acquis : les violences conjugales sont maintenant prises au sérieux par les institutions publiques. Ce nouveau regard sur les inégalités de genre durant la crise amènera peut-être, je l’espère, un changement de paradigme économique et social. BEHAVES La ministre Valérie Glatigny a lancé un marché public pour mener une étude sur le bienêtre, le harcèlement et les violences dans l’enseignement supérieur (BEHAVES). Il a été attribué à l’équipe de la Pr Fabienne Glowacz. L’objectif est de dresser un état des lieux des situations de harcèlement, de violence et des dispositifs mis en œuvre au sein des institutions. Une enquête en ligne, adressée à tous les membres des établissements d’enseignement supérieur (personnel et étudiant·es) de la Fédération Wallonie-Bruxelles sera lancée en février et diffusée jusqu’à la fin mars 2023. Fabienne Glowacz janvier-avril 2023 i 284 i www.ul iege.be/LQJ 65 le dialogue

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