Au fil de l’eau
Quels seront les impacts des changements climatiques sur notre agriculture et notre élevage ? Et comment s’en prémunir ? Des questions qui réclament des réponses toutes en nuances.
Petit carnivore semi-aquatique, la loutre a une bonne tête. Fréquemment portée à l’écran dans des dessins animés et star des réseaux sociaux, elle bénéficie d’une sympathie immédiate auprès du grand public. Elle a pourtant déserté les berges belges depuis près de 60 ans (à l’exception de quelques traces sporadiques).
« La chasse intensive pour sa fourrure, le piégeage intentionnel et une détestation de la part de pêcheurs qui la considéraient comme une concurrente expliquent pour une part sa disparition en Belgique et chez nos voisins, rappelle Johan Michaux, directeur de recherche FNRS, responsable du laboratoire de génétique de la conservation à l’ULiège. La destruction de son habitat et la pollution du sol et de l’eau lui ont porté le coup fatal. »
Interpellée à cet égard, la France a adopté un plan national d’action en faveur de la loutre en 1972. Dans plusieurs États d’Europe de l’Ouest, dont la Belgique, la chasse a été interdite et l’espèce déclarée “protégée” dès les années 1980. Ces mesures ont porté leurs fruits. Avec plaisir, les biologistes se sont en effet aperçus que certains groupes miraculeusement survivants – dans le Massif central, le Limousin, le Marais poitevin, la Bretagne et les Pyrénées – recommencent à proliférer et à coloniser les cours d’eau. Le développement des méthodes moléculaires a permis un suivi très précis des populations et le constat est maintenant sans appel : la loutre gagne du terrain ! Les deux-tiers du territoire français sont reconquis : au nord, elle a laissé sa marque – sous forme d’épreintes (ses crottes) bien visibles au parfum de poisson ! – en Champagne, Bourgogne, Basse-Normandie et Alsace.
« Nous savons à présent que ces différentes populations se rencontrent, ce qui est une excellente nouvelle dans la mesure où le mixage est toujours favorable : il revitalise les populations et reconstitue leur patrimoine génétique, garant d’une meilleure résistance générale et d’une adaptation aux changements environnementaux », poursuit Johan Michaux.
Également réintroduites par l’homme aux Pays-Bas et en Allemagne, les loutres vont plus que probablement réapparaître dans les rivières belges, y compris wallonnes, pour peu qu’elles soient propres et poissonneuses et à l’environnement serein. Et ce pour le plus grand bonheur des badauds et de l’écosystème !
Photos :
N. GAIDET
Loutre mangeant un poisson : Nicolas ROBISSON-BARTHELEMY
Loutre courant sur la plage : Alexandre ROBISSON-BARTHELEMY
Loutre sortant de l'eau : Jean-Michel BOMPAR
Quels seront les impacts des changements climatiques sur notre agriculture et notre élevage ? Et comment s’en prémunir ? Des questions qui réclament des réponses toutes en nuances.
Au fil des ans, la professeure d’anthropologie de la communication Véronique Servais a tenté de comprendre comment notre rencontre avec des animaux pouvait être vectrice de changement de soi, au point parfois d’être réellement transformatrice.
Ce consortium transdisciplinaire a pour but de comprendre, auprès de populations africaines et asiatiques affectées par les effets du changement climatique, comment se prend leur décision de migrer ou de rester.