L’Université confinée

Depuis le 13 mars, les portes de l’Université sont closes, les amphis déserts, les couloirs silencieux.

Dans Univers Cité LQJ
Entretiens Patricia Janssens • Photo Quanah Zimmerman • Dessin d’après la statue d’André Dumont (Par Eugène Simonis), place du 20-Août à Liège Franck Hames

Hors les murs, l’Université garde le cap

Le Quinzième Jour : Hormis en 1914, l’Université n’a jamais été fermée. Comment vivez-vous cette décision ?

Pierre Wolper : Les bâtiments sont fermés, pas l’Université. Notre objectif principal était de poursuivre la plus grande partie de nos activités, en respectant les prescrits du confinement imposé par le gouvernement et en veillant en priorité à la sécurité de toutes et de tous.

Dès le 12 mars, alors que les mesures nationales pour contenir l’épidémie se construisaient encore, les Recteurs des universités francophones ont décidé conjointement de suspendre les cours le 13 et de passer à l’enseignement à distance dès le lundi 16. Il est en effet illusoire de parvenir à minimiser le risque épidémiologique en accueillant des milliers d’étudiantes et d’étudiants dans les bâtiments. Grâce aux outils numériques – et à la diligence du Service général de l’informatique (Segi) – nous avons très rapidement et largement étoffé les moyens techniques permettant aux enseignantes et ensei- gnants de s’adresser aux étudiants via le web.

L’éventualité d’une prolongation du confinement étant prévisible, nous avons alors rapidement opté pour maintenir l’enseignement à distance jusqu’à la fin du quadrimestre et par la suite pour l’organisation générale des examens à distance. Nous avons estimé en effet que prévoir des examens en présentiel était trop risqué et incertain et qu’il n’y avait pas d’autre choix défendable : faire réussir tous les étudiants sans évaluations ou décider de “gommer” l’année en faisant échouer tout le monde n’a aucun sens.
Certes il s’agit d’une première dans l’histoire de l’université de Liège mais la formule – cours et examens en ligne – a déjà été éprouvée ailleurs. Il va sans dire cependant que le contexte exceptionnel de la session qui implique un enseignement bouleversé, suppose des évaluations modifiées. Nous entrons maintenant dans une phase de lent “redémarrage” et nous nous organisons pour que le quadrimestre se terminera comme les année précédentes à la fin du mois de juin.

La crise a révélé des capacités hors normes dans notre Institution. L’attention des enseignants à l’égard des étudiants est vraiment remarquable. Et je tiens à souligner également la bonne volonté de tous les membres de la communauté universitaire dans ce contexte inédit. Les bâtiments sont fermés mais l’Université continue. Toutes les administrations travaillent, à distance, et les tâches sont accomplies, celles du service de Communication également...

LQJ : Les laboratoires sont-ils restés accessibles ?

P.W. : Les chercheurs poursuivent leurs travaux à distance et la présence dans les locaux a été limitée à ce qui était nécessaire à la poursuite d’expériences dont l’arrêt aurait été particulièrement dommageable, bien sûr en veillant toujours à ce que la sécurité sanitaire soit respectée.

Je ne cesse d’être impressionné par les capacités insoupçonnées que la crise sanitaire a révélé dans notre Institution ; elle a démontré tout l’intérêt d’un écosystème où les chercheurs de différentes disciplines se connaissent, où nous disposons d’équipements de pointe et où les contacts industriels sont nombreux. Grâce à la capacité d’analyses, d’anticipation et de propositions des chercheurs, le développement d’un test automatisé de détection du Covid-19 a été réalisé très rapidement. La proximité du CHU de Liège et des entreprises biotech – des spin off parfois – a également permis de résoudre de nombreux problèmes. La coopération a été exemplaire et l’université de Liège a pleinement joué son rôle à l’égard de la société.

Culture et sources premières

Jean Winand, Premier Vice-recteur

« Soumise au confinement dès le 13 mars, l’Université a rapidement pris des mesures afin de garantir la continuité de ses services envers les étudiants, les scientifiques, le personnel académique et administratif.

Il a fallu s’inquiéter au plus vite du sort des étudiants en séjour Erasmus ou en stage à l’étranger. Il fallait faire vite car les frontières se fermaient, la situation sanitaire se dégradait et les compagnies aériennes réduisaient drastiquement leur offre. Les administrations concernées au premier chef, l’AEE, l’ARD et les RI ont œuvré sans relâche, avec l’aide des Facultés, pour établir des listes précises de manière à contacter les étudiants afin de connaître leur choix. Des rapatriements ont ainsi pu être organisés, parfois avec l’appui des Affaires étrangères.

En dehors des mesures spécifiques prises pour assurer les enseignements et la poursuite des activités de recherche, et répondre aux interrogations des étudiants, je voudrais épingler d’autres aspects qui montrent que l’Université, dans ses différentes missions, s’est adaptée pour continuer de fonctionner. Les divers services de la Bibliothèque, par exemple, ont rapidement pris des mesures pour continuer, sous une autre forme, l’aide aux usagers. Un service de numérisation à la demande a été mis en place pour aider, notamment, mais pas uniquement, les étudiants qui rédigent leur TFE ou qui sont engagés dans une recherche doctorale. Le personnel s’est dévoué pour assurer des permanences pendant les deux semaines de congé.

Enfin, l’Université ne se résume pas à de l’enseignement et de la recherche. J’ai souhaité qu’on puisse réfléchir à la manière dont nos collections muséales et nos entités culturelles pouvaient continuer en période de confinement. En gros, la question que je me suis posée était “qu’est-ce qu’un musée sans visiteurs ?”. On est donc en train de réfléchir à des actions spécifiques – mettre en valeur un objet, un livre rare, un tableau, organiser un débat, une conférence – et aux moyens techniques qu’on pourrait mobiliser, par exemple une plateforme numérique commune interactive. Cela permettra de mettre du lien et de la connexion entre nos diverses collections, ce qui est un des objectifs du Pôle muséal.

Il va falloir maintenant se préoccuper des différentes phases du déconfinement au-delà la première session : la période des vacances, qui n’est pas synonyme d’inactivité, la seconde session, et l’organisation de la reprise des cours. Si certaines activités pourront se dérouler en présentiel, il est illusoire d’imaginer que tout sera déjà revenu à la normale. L’Université a donc mis sur pied une Task Force chargée de piloter, avec l’ensemble des parties impliquées, le redéploiement de nos activités dans le respect des normes sanitaires. »

La recherche fondamentale ? Inestimable

Fabrice Bureau, Vice-recteur en charge de la recherche

Le Quinzième Jour : Vous êtes co-inventeur d’un nouveau test de dépistage du Covid-19...

Fabrice Bureau : Nous avons remarqué tout de suite que les pays qui parvenaient à contrôler la situation sanitaire (l’Allemagne par exemple) étaient ceux qui organisaient un dépistage à grande échelle. Or, la Belgique n’était pas en capacité de le faire par manque de tests disponibles, même les ingrédients nécessaires pour réaliser les tests allaient manquer.

Avec mes collègues* – le Pr Laurent Gillet (Farah, santé publique vétérinaire) et le Pr Michel Georges (Giga, géno- mique animale) –, nous avons compris assez vite l’importance de l’enjeu et décidé de chercher à augmenter de manière significative le volume de tests utiles pour repérer le Covid-19. En conjuguant les expertises de nos laboratoires, nous avons innové et mis au point une méthode alternative aux réactifs utilisés habituellement dans les tests. Avec le concours des laboratoires GreenMat (Pr Rudi Cloots) et du CHU de Liège notamment, nous avons conçu un réactif nouveau, basé sur quatre solutions originales couplées à des microbilles magnétiques revêtues de silice. Ce test, automatisé, permet de détecter les porteurs du coronavirus, malades ou asymptomatiques. Il ne nécessite qu’un petit nombre d’opérateurs pour sa fabrication.

Au Giga, nous produisons maintenant, chaque jour, des réactifs pour 3000 tests de dépistage déstinés aux patients admis à l’hôpital et aux personnes en maison de repos notamment. C’est encore trop peu. Nous avons alors décidé de fournir la technique à des entreprises pharmaceutiques belges engagées dans le dépistage du coronavirus, GSK et UCB, grâce auxquelles des milliers de tests sont maintenant fournis quotidiennement.

LQJ : Un tournant dans votre carrière ?

F.B. : Sans doute une parenthèse, car rien ne nous pré- disposait à cette aventure. En effet, Laurent Gillet, Michel Georges, Rudi Cloots et moi-même faisons ce que l’on appelle de la “recherche fondamentale”, sans nous préoccuper, dans le concret, de la mise sur le marché des résultats de nos recherches. Mais face à la lutte contre le Covid-19 et à l’urgence de sauver des vies, nous avons conjugué nos savoirs, nos compétences théoriques afin de résoudre un problème précis.

Rapidement, en dix jours, nous avons proposé à la fois un procédé de diagnostic performant et une infrastructure pour le fabriquer. Cet enjeu de santé publique a d’ailleurs suscité une large adhésion dans la communauté scientifique liégeoise et des dizaines de chercheurs ont offert spontanément leur aide : ils sont près de 200 à travailler à nos côtés, bénévolement. Il y a eu un véritable engouement de la part des chercheurs, une réelle solidarité dans cette course contre la montre, car pour certaines per- sonnes, c’est bien de cela qu’il s’agit.

LQJ : Et Liège devient une référence...

F.B. : Notre “coup de génie” a été d’anticiper les carences qui allaient, à l’évidence, se produire tôt ou tard et compromettre la fabrication des tests (matières premières, solutions chimiques, boîtes plastiques, plaques, etc.). Grâce au soutien financier de l’Université, nous nous sommes prémunis de toute rupture de stock et avons contribué à créer de nouvelles activités en Wallonie, et singulièrement en région liégeoise, pour garantir la pérennité de la fabrication des tests. Osons-le : Liège est devenue le centre mondial de la lutte contre le coronavirus. Et si l’Université est à l’origine de cette belle aventure scientifique, l’implication remarquable des entreprises liégeoises – Zentech, Lasea, Sirris, par exemple – l’a rendue possible. Le succès dépasse maintenant nos frontières puisque nous produi- sons des kits de dépistage pour le monde entier. Une spi- rale vertueuse est engagée pour le bien de tous.

* Et des chercheurs du Giga (Wouter Coppieters, Dimitri Pirottin et Latifa Karim) et de GreenMat (Frédéric Boschini et Jérôme Bodart)

Voir la vidéo "Mise au point d'un test automatisé grâce aux efforts des scientifiques de l'ULiège"

 

Pédagogie virtuelle

Anne-Sophie Nyssen, Vice-rectrice en charge de l'enseignement et du bien-être

Le Quinzième Jour : La suspension de tous les cours a été décidée le 13 mars...

Anne-Sophie Nyssen : Oui. Face à la crise sanitaire, le gouvernement a imposé le confinement et l’Université a dû réagir dans l’urgence. Les cours “en présentiel” ont été suspendus et nous avons choisi de préserver l’année académique en organisant un enseignement à distance.

Grâce aux ressources déjà présentes dans notre Institution – l’Ifres, le Segi, les MOOCs, e-campus, etc. – , nous avons amplifié la capacité des cours en podcasts et offert aux enseignants divers outils et aides pour faciliter ce basculement vers l’enseignement virtuel. Je pense notamment à la plateforme d’e-learning e-campus et à ses “classes virtuelles”, qui permettent une interactivité entre le professeur et les étudiants, à des systèmes de visioconférences et à bien d’autres ressources techno-pédagogiques. Les Presses universitaires, de leur côté, ont proposé d’envoyer les pdf des cours aux étudiants qui n’avaient pas encore retiré l’un ou l’autre syllabus.

LQJ : La transition s’est-elle bien passée ?

A.-S.N. : Il s'agit d’une situation inédite. Les enseignants ont dû en un temps record appréhender ces outils, les étudiants aussi. Cela a été une source de stress, ne nous le cachons pas. Cela a demandé des efforts de part et d’autre, et le tout dans un contexte de crise sanitaire. Les professeurs ont dû adapter leurs cours, revoir la matière et souvent envisager une pédagogie plus en adéquation avec le format virtuel, tout cela en jonglant avec leur vie familiale. Les étudiants ont dû apprivoiser cette nouvelle forme d’apprentissage dans un contexte d’isolement social parfois. C’est difficile. Nous sommes bien conscients que les conditions sociales, inégales, des étudiants sont exacerbées dans ce contexte d’enseignement à distance. Nous avons amplifié les aides via le service de qualité de vie étudiants et le service social, également aussi via les équipes du Segi, d’e-campus. Mais l’incertitude face à la crise est telle qu’elle ne peut que générer de l’anxiété. Un numéro vert d’aide psychologique a été mis en place tant pour les étudiants que pour le personnel. Une enquête initiée par les universités de Gand et Anvers vient d’être lancée pour mesurer l’impact de la pandémie et du confinement sur le bien-être des étudiants. Plus de 50 universités dont l’ULiège y participent dans 23 pays différents.

LQJ : Les examens se dérouleront aussi à distance.

A.-S.N. : Ce choix résulte de la prolongation du confinement et des mesures de protection toujours en vigueur actuellement, et peut-être encore pour un certain temps. Notre ambition est de garantir aux étudiants la poursuite de leur cursus avec le bagage nécessaire : c’est la raison pour laquelle les sessions d’examens sont maintenues mais organisées à distance. Les oraux pourront être réalisés par visioconférences ; les écrits, se concevoir sous forme de devoirs, de QCM différenciés, ou de questions ouvertes envisagées sur le mode de la réflexion plutôt que sur celui de la restitution pure. Une semaine “blanche” sera organisée au sein de chaque Faculté avant la session pour réaliser des tests à blanc et permettre ainsi aux étudiants et aux professeurs de tester à la fois les aspects techniques et les modalités d’examens choisies.

Une précision sur le déroulement des évaluations : à la différence de certaines universités. nous avons choisi de ne pas utiliser un dispositif de contrôle numérique intrusif. Les étudiants seront invités à signer une charte de confiance.

LQJ : Un mot avant les délibérations ?

A.-S.N. : Les délibérations tiendront compte du contexte exceptionnel. Je fais confiance aux jurys et à leur bienveillance devant la situation d’enseignement difficile que nous vivons. Je tiens à remercier le corps enseignant qui s’est mobilisé pour faire face à cette situation inédite imposée, et également l’ensemble du personnel de l’Institution et les étudiants. Certains d’entre eux nous envoient des messages de compréhension et de remerciement. Nous aurons besoin d’un debriefing à la rentrée ! Cette crise, comme toutes les crises, révèle ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins bien dans une organisation. Elle nous a fait prendre conscience des ressources des dispositifs numériques mais surtout de la richesse du présentiel. Notre enseignement ne pourra qu’en sortir différent.

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À l’écoute des étudiants

Rudi Cloots, Vice-recteur en charge de la vie étudiante et des infrastructures immobilières

« Avec le service “Qualité de vie des étudiants” et le service social, nous avons, dès le premier jour du confinement, mis en place un service de veille téléphonique afin de répondre aux demandes éventuelles des étudiants. À l’heure actuelle, nous avons reçu des centaines d’appels et répondu à des questions de tous ordres. Beaucoup nous font part de leur stress, de leur inquiétude face à la solitude, avant la session d’examens ; plusieurs appels concernent des problèmes financiers et d’autres encore des soucis administratifs. Tous manifestent un besoin d’écoute et de reliance sociale. Nous travaillons avec la Fédé ; les réunions du Bureau du conseil de la vie étudiante, en ligne, sont devenues hebdomadaires. Notre objectif est d’anticiper au maximum les problèmes. À ce titre, l’enquête de la Fédé réalisée auprès de tous les étudiants nous a permis, notamment, d’identifier les principales difficultés qu’ils et elles rencontrent.

Dès le mois d’avril, nous avons interrogé les étu- diants pour connaître l’état de leur équipement informatique en vue de la réalisation des examens. Disposent-ils toutes et tous d’un ordinateur ? d’une connexion internet stable ? d’un local pour s’isoler ? Nous avons voulu estimer les difficultés rencontrées pour proposer, éventuellement, une alternative aux étudiants dans le besoin : l’accès à des locaux et à des ordinateurs connectés pour les examens (en ligne). Quelques lieux, place du 20-Août, à HEC Liège, au Sart-Tilman, à Gembloux, à Arlon le cas échéant pourraient y être aménagés afin d’accueillir ces étudiant·e·s, en respectant tous les prescrits de sécurité imposés.

Avec l’ARI, nous restons mobilisés pour envisager les besoins en matière de locaux et anticiper les examens d’entrée en facultés de Médecine, de Médecine vétérinaire et de Sciences appliquées. »

Intelligence collective

Éric Haubruge, Conseiller en charge de l’Innovation, du Développement régional et des Relations internationales

« Faire le lien entre l’Université et les entreprises, ainsi pourrait être résumé mon rôle », souligne le Pr Éric Haubruge, membre du groupe de travail “Medical Device Covid-19”, instauré autour des ministres Christie Morreale et Willy Borsus.

Face à la crise du coronavirus, le monde scientifique a retroussé ses manches et des coopérations spontanées entre chercheurs de disciplines différentes, entre universités et entre laboratoires de recherches se sont organisées. Le tout en collaboration avec les entreprises et les administrations de la Région wallonne. En un temps record, des chercheurs ont conçu des tests réactifs au coronavirus, mais encore fallait-il disposer des outils techniques nécessaires pour leur fabrication et leur mise en œuvre : réactifs, plaques pour l’extraction de l’ARN, écouvillons, masques, visières, etc. faisaient défaut.

« Nous avons contacté des sociétés de la région et plusieurs d’entre elles nous ont fait des propositions pour concevoir et fabriquer ces éléments. L’évaluation des nouveaux dispositifs a été effectuée dans les centres de recherche wallons, Giga et CHU de Liège en tête. En conjuguant les compétences académiques et industrielles – et grâce aux efforts et au soutien de l’Awex, de la Sowalfin et des pôles MecaTech et Biowin, entre autres –, nous avons non seulement répondu aux demandes pressantes du monde médical, mais encore innové et suscité la création de nouvelles filières de production en Wallonie. » C’est ainsi, notamment, que l’ULiège a coordonné le projet wallon de décontamination des masques chirurgicaux et de protection respiratoire FFP2, qui réunit un consortium d’entreprises wallonnes spécialisées dans la stérilisation et le recyclage des déchets médicaux – dont Sterigenics, AMB Ecosteryl et Lasea – et deux centres de recherches, Materia Nova et CentexBel. Les expertises de la faculté de Médecine vété- rinaire concernant l’inactivation virale et microbienne ont été sollicitées dans ce cadre et les résultats obtenus vont faire partie de la grande étude internationale pilotée par l’OMS.

« En peu de temps, des réponses adéquates à une urgence sanitaire ont été apportées, se félicite Éric Haubruge. Quelque chose a changé : l’impérieuse nécessité a donné lieu à une réaction opérationnelle rapide, efficiente ; le dispositif administratif a été simplifié, ce qui a permis un gain de temps considérable. Les résultats engrangés sont à la mesure des efforts fournis. »

Expertise

Philippe Hubert, Conseiller en charge de la Gestion institutionnelle de la Qualité et de l'Évaluation

« Dès l’annonce du confinement, toutes les visites menées par l’Agence pour l’évaluation de la qualité de l’enseignement ont été suspendues. À l’ULiège, la prochaine évaluation aurait dû concerner la filière de Médecine, laquelle s’est trouvée en première ligne dans la crise du coronavirus. Un ajournement du rapport d’auto-évaluation a été négocié avec l’AEQES. Les étudiants de la Faculté, ceux de master 2 et master 3 en Médecine, ont continué leurs stages au sein des hôpitaux. Néanmoins, ceux-ci ont été modifiés car ils ont été affectés en priorité dans les unités de Covid-19 du CHU de Liège et des hôpitaux de son réseau. Si le service de dentisterie a dû restreindre ses activités aux seules urgences, les stagiaires en santé publique et en pharmacie ont poursuivi leur cursus, quand d’autres étudiants se sont portés volontaires : je pense aux futurs kinésithérapeutes par exemple. »

Membre du Centre interfacultaire de recherche sur le médicament (Cirm), le Pr Hubert a également apporté son aide sur les aspects réglementaires liés aux exportations des kits de dépistage conçus au Giga « car les expéditions de ce type de matériel doivent répondre aux directives européennes relatives aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro ».

Étroites collaborations

Vincent d’Orio, Conseiller en Charge de la Santé et des Affaires médicales et hospitalières

Jamais sans doute la place d’un conseiller à la santé dans l’équipe rectorale n’aura été à ce point justifiée. Alors que le Conseil national de sécurité réfléchissait aux premières mesures à prendre, le Recteur interpellait le collège rectoral, dont son conseiller à la santé le Pr Vincent D’Orio, pour fixer la politique universitaire en matière de déplacement du personnel ou de nos étudiants à l’étranger.

« À la fin du mois de janvier, lorsque le Covid-19 provoqua la mise en quarantaine de la ville de Wuhan en Chine, personne en Europe n’envisageait sur une base réaliste le risque d’une pandémie. D’une part parce que si d’autres épidémies avaient ébranlé l’Asie – le SARS-1 en 2003, le H1N1 en 2009 par exemple –, elles y étaient largement restées circonscrites (les infrastructures mises en place en 2009 dans les hôpitaux européens s’étaient avérées, fort heureusement, superfétatoires) ; d’autre part, parce qu’aucune étude n’avait révélé le caractère hautement contagieux de ce virus. Au début du mois de mars cependant, au vu de la situation sanitaire en Italie, et de l’état des admissions Covid-19 au CHU, le collège rectoral a pris la décision lourde de conséquences de suspendre les cours en présentiel, de fermer les bâtiments et de favoriser le télétravail. »

Doyen de la faculté de Médecine, Vincent D’Orio se félicite des liens particulièrement forts qui unissent l’hôpital et le monde académique, les structures hospitalières et les centres de recherches tels que le Giga par exemple, ce qui rend les transferts de technologies rapides et efficients. « Les relations très étroites entre la recherche fondamentale et la recherche appliquées en Médecine constituent d’ailleurs le socle du Pôle Santé, lequel par l’entremise de la cellule “Brigde 2 Health” (B2H) a aussi joué un rôle entre les chercheurs, les cliniciens et les entreprises dans la lutte contre la pandémie. La politique de management très proactive du CHU, le déploiement d’un centre de dépistage à l’initiative de son service des urgences, les réaffectations des médecins et des stagiaires ont permis, avec le confinement de la population, de réduire considérablement le risque de saturation des salles d’hospitalisation dont les unités de soins intensifs.

Aujourd’hui, nous abordons la phase progressive de déconfinement. Cette mesure est entreprise à un moment où les indicateurs du niveau de l’infection au sein de la population et de son niveau d’immunisation font défaut. Ici encore, la capacité de dépistage à grande échelle et la montée en puissance des unités d’analyses universitaires permettront de monitorer les effets du déconfinement sur la poursuite éventuelle de la contamination virale. Dans cette phase d’incertitude, le maintien des examens à distance pour les étudiants est une sage décision. »

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