2021 la course aux étoiles

Un·e Européen·e foulera-t-il (elle) le sol lunaire avant 2030

Dans Ici et ailleurs
Article Patricia JANSSENS – Photos NASA, NASA/JPL

Le saviez-vous ? La National Aeronautics and Space Administration (NASA) prédit le retour de l’homme sur la Lune vers 2026 : six femmes astronautes figurent déjà sur la liste des candidat·e·s au programme “Artemis”1. Première étape : en novembre prochain, l’agence américaine lancera une gigantesque fusée de 110 m de haut − le “Space Lauch System” (SLS) − qui placera la capsule Orion en orbite autour de la Lune.

L’ambition est de construire ensuite, en collaboration avec l’agence européenne (ESA), le Canada et le Japon, la station spatiale “ Lunar gateway ”, qui hébergera les futurs astronautes autour de la Lune. « Un·e Européen·e foulera peut-être le sol lunaire avant 2030 », se réjouit Emmanuël Jehin, maître de recherches au FNRS au sein du STAR Institute en faculté des Sciences. Mais dans quel but ? « Pour aller sur Mars, nous devons d’abord maîtriser les techniques de base sur la Lune : il faut être autonome en eau, en oxygène, en électricité. Dans cette optique, l’eau est absolument essentielle, non seulement parce qu’elle est vitale pour les humains mais parce qu’elle peut fournir de l’oxygène pour respirer (en cassant la molécule H2O) et, avec l’hydrogène, apporter le carburant nécessaire à tous les véhicules roulants ou “volants” (en combinant hydrogène et oxygène liquide). »

La Lune redevient ainsi un objectif stratégique de premier plan, « d’une part, parce que l’exploration future de l’espace en dépend et, d’autre part, parce qu’on y trouve à la surface de l’hélium 3, un élément indispensable à la fusion nucléaire propre, notre énergie du futur. Jugez-en : une seule tonne d’hélium 3 suffirait à combler les besoins énergétiques du monde entier pendant un jour ! »

Ce qui ne freine pas l’exploration de Mars... à distance. Le 18 février dernier, la NASA a déposé un imposant rover sur la planète rouge, un véhicule autonome d’une tonne et de trois mètres de long baptisé “Perseverance”. Bardé d’instruments scientifiques et de caméras, il évolue à présent dans le cratère Jezero (45 km de diamètre) autrefois inondé. « Il s’agit d’effectuer des prélèvements du sol martien (une trentaine de carottages) qu’une autre mission sera chargée, dans une dizaine d’années, de rapatrier sur Terre à des fins d’études poussées, reprend Emmanuël Jehin. L’ambition est en effet de détecter des traces de vie passée, peu après la formation de la planète à une époque (il y a trois ou quatre milliards d’années) où elle comportait des océans et était peut-être habitable. Par ailleurs, Perseverance a emmené dans son coffre un mini-hélicoptère, Ingenuity qui, le 19 avril, a été le premier engin volant dans l’atmosphère d’une autre planète que la Terre. Un exploit technologique et historique! » De nombreuses mesures, des photos et des vidéos sont envoyées chaque jour à la NASA.

Deux autres sondes sont entrées en orbite autour de la planète rouge en février dernier, profitant de la “fenêtre de lancement” qui ne se produit que tous les trois ans. L’une, envoyée par l’Arabie Saoudite, est un satellite météo et l’autre, expédié par la Chine, très ambitieuse, emporte un orbiteur et même un rover et cherchera l’eau sur Mars. « La Chine s’affirme de plus en plus sur la scène spatiale, continue Emmanuël Jehin. En 2019, elle a fait alunir un robot sur la face cachée de l’objet céleste. L’année prochaine, elle commencera la construction d’une station spatiale en orbite basse de la Terre avec la volonté, dès 2030, d’envoyer des “taïkonautes”2 sur la Lune. »

Last but not least, en 2021, l’arrivée tant attendue du James-Webb Space telescope (JWSt) qui prendra la succession de Hubble (HSt). « Ce nouveau télescope spatial infrarouge de 6,5 m va révolutionner l’astronomie, s’enthousiasme Emmanuël Jehin, car il permettra d’étudier les atmosphères des exoplanètes, de distinguer les premières galaxies (il y a 13 milliards d’années), les premières étoiles et de voir en direct l’expansion de l’Univers. C’est une véritable machine à remonter le temps ! »

1 : Artemis, du nom de la déesse liée à la lune dans la mythologie grecque, son frère apollon étant associé au soleil.
2 : L’astronaute est américain ; le spationaute, européen ; le cosmonaute, russe, et le taïkonaute, chinois !

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