Nouvelles formes

La Faculté d’Architecture se reinvente

Dans Univers Cité
Article Patricia JANSSENS - Photos Hélène ERPICUM

La faculté d’Architecture s’installe définitivement sur un site unique, celui de la Caserne Fonck. Un mouvement qui accompagne les profondes évolutions de ses activités d’enseignement et de recherche.

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Progressivement, les 900 étudiant·e·s inscrit·e·s en faculté d’Architecture fréquenteront le même campus au boulevard de la Constitution. Progressivement parce que, si de gros chantiers s’achèvent, des travaux sont encore nécessaires pour les accueillir tous et toutes en même temps. « Totalement restauré, le bâtiment situé près de l’entrée offre de grands espaces lumineux pour les ateliers de bachelier, explique Jacques Defer, directeur de la faculté d’Architecture. En outre, la réhabilitation d’une aile située au coeur de l’îlot permet maintenant aux chercheurs et à l’administration de disposer de bureaux adéquats et, en attendant l’élévation d’un nouvel immeuble, les bureaux d’accueil ont pris place au coeur du site. »

Un aménagement significatif qui sous-tend l’affirmation de l’identité de cette jeune Faculté et qui épouse les ambitions de la réforme des programmes, un chantier tout aussi déterminant. « Conçu dans les années 2000, les cursus de bachelier et de master devaient être réévalués, relève Jacques Defer. Si les trois années de bachelier s’articulent toujours autour d’un “tronc commun”, quatre axes de réflexion transversaux irrigueront l’ensemble des cours théoriques ainsi que les ateliers de projet : la durabilité, l’art, le numérique et la société. La connaissance de l’anglais sera également une autre exigence requise. »

Quant à la refonte des programmes de master, elle a été soudainement confortée par l’actualité récente. « Les mois de confinement nous ont montré à quel point nos comportements évoluent rapidement. Nous avons besoin d’échanges avec les autres, d’espaces verts et de sécurité, reprend Jacques Defer. Plus encore qu’hier, les questions de territoire, de manières d’habiter et de réutiliser de l’existant doivent faire partie de la réflexion sur l’habitat et l’urbanisme. Et ces notions doivent être au coeur de la formation des architectes. En master, les étudiants choisiront désormais l’une des trois filières proposées : “Territoire, Espace, Lieu”, “Habitat/Habiter”, “Réécritures”. »

Archi-V-2 Ces mutations ont été soutenues par l’arrivée progressive, depuis 2016, de huit nouveaux enseignant·e·schercheur·e·s et, cette année, de six enseignant·e·s d’ateliers. Parmi les récentes recrues, Martina Barcelloni Corte, architecte et urbaniste – docteure en urbanisme de l’université IUAV de Venise et Visiting Scholar à la Columbia University de New York – arrive à Liège après un post-doc à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Ses recherches s’inscrivent en particulier autour du concept de “Métropole horizontale” sur lequel elle vient de terminer une longue recherche à l’EPFL avec Paola Vigano.

« Depuis les années 1960, explique-t-elle, des changements structurels affectent la ville. De moins en moins “centrée”, celle-ci a tendance à s’étendre dans les territoires environnants, souvent agricoles. Il s’agit d’une dynamique spontanée, liée aux besoins des habitants, et qui modifie de manière structurelle la forme de la ville contemporaine, de plus en plus diffuse et hybride. On parle souvent de “ville-territoire”. » “Métropole horizontale” – proche de l’oxymore ! – exprime ce mouvement, conjuguant l’idée traditionnelle de la ville dense et organisée de manière hiérarchique et celle d’un système étendu, à tendance isotrope. Cette nouvelle forme de ville est en train de s’imposer et doit être étudiée soigneusement afin d’articuler, au mieux, son projet. « Pour l’instant, je m’intéresse beaucoup aux sols urbains, vivants, ressource fondamentale pour la ville du futur. Intégrer les connaissances de l’écologie, la pédologie, par exemple, dans la réflexion sur l’habitat, sur la durabilité et sur la construction d’une ville “en santé”, respectueuse tant des humains que des non-humains (en relation avec le concept “One Health”) me paraît primordial. Et je témoigne de cela dans mes cours, bien évidemment. »

La Faculté parie maintenant sur une synergie plus tangible entre les enseignant·e·s-chercheur·e·s et les enseignant·e·s d’ateliers, afin de lier les pratiques aux réflexions théoriques pour le plus grand service aux étudiant·e·s, aux chercheur·e·s, aux praticien·ne·s et à la société. Le nouveau bâtiment, prévu par le plan stratégique immobilier de l’Université, qui viendra compléter les travaux réalisés depuis peu, sera un atout particulièrement important pour réaliser les ambitions. Un appel à projets est en effet lancé pour héberger les salles de cours et accueillir les étudiant·e·s de master. « Nous pensons l’inaugurer en 2026 », se réjouit déjà Jacques Defer.

LECONS INAUGURALES

Martina Barcelloni Corte et Susan Galavan présenteront leur leçon inaugurale le jeudi 28 octobre à 17h30 à la faculté d’Architecture.

Martina Barcelloni Corte est architecte et urbaniste. Après quelques années passées en tant que designer dans plusieurs bureaux internationaux, elle a effectué son doctorat au sein de l’université de Venise et de la Columbia University de New York. En post-doctorat à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, elle a étudié le concept de “Métropole Horizontale”. Elle a participé à une série d’expositions internationales, notamment à la Biennale d’architecture de Venise en 2016, à BOZAR à Bruxelles en 2018 et à la Biennale d’urbanisme et d’architecture à Shenzhen en 2019. Son domaine d’expertise, en enseignement et en recherche, est celui du Landscape Urbanism.

Susan Galavan est architecte et historienne de l’architecture. Elle a réalisé sa thèse (Architecture and Aspiration : Building Dublin’s Victorian Suburbs) au Trinity College à Dublin. Elle a ensuite réalisé une formation en pédagogie au Griffith College avant de débuter, en 2017, un séjour de recherche postdoctoral à la KULeuven en 2017. Ses recherches portent sur l’architecture domestique du XIXe siècle en Europe et plus particulièrement, en Irlande et en Belgique. Elle assure une charge dans le domaine de l’Histoire, critique et culture architecturales de la période contemporaine.

Aurélie de Boissieu et Sophie Trachte donneront leur leçon au début de l’année 2022.

⇒ www.archi.uliege.be/leconsinaugurales-2021

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