LQJ-276

42 mai-août 2020 / 276 ULiège www.uliege.be/LQJ omni sciences ment climatique, Marcel Migeotte écrit en 1951 qu’“il serait intéressant d’enregistrer systématiquement les bandes tel- luriques du méthane (CH 4 ), de l’oxyde nitreux (N 2 O) et du monoxyde de carbone (CO) en vue d’étudier ou de déceler des variations d’intensité au cours du temps” . » Marcel Migeotte ne se contente pas de formuler un sou- hait ; il va, en quelque sorte, se prendre au mot ! Et ses successeurs poursuivront fidèlement son œuvre. Dès la fin des années 1940, de retour à Liège, il perfectionne son spectromètre, puis l’installe à la station scientifique internationale du Jungfraujoch, à 3580 mètres d’altitude. De quoi réduire l’impact de l’atmosphère terrestre (c’est toujours le Soleil qu’il étudie !) et surtout de la pollution. « Il commence ses observations en 1950 , raconte Emmanuel Mahieu. Le premier spectre enregistré et conservé date du mois d’août de cette année-là. Ces observations systé- matiques du domaine infrarouge vont durer un peu plus de deux ans. C’est un travail de pionnier, les seuls relevés au monde qui soient si anciens… et qui sont toujours dispo- nibles. » Emmanuel Mahieu n’est pas peu fier de dérouler devant ses visiteurs l’un des 80 rouleaux de papier milli- métré, les fameux spectres, aujourd’hui conservés dans… des boîtes à chaussures. Fort heureusement, dans le cadre d’une collaboration avec le Pr Justus Notholt de l’université de Brême ainsi qu’avec des chercheurs de l’université de Leeds, ils vont bientôt être numérisés et ré-analysés, avec le soutien du Forschungsgemeinschaft (le FNRS allemand), pour en déduire un maximum d’informations. COUP DE TONNERRE DANS L’ATMOSPHÈRE Les observations visant plus particulièrement l’étude du Soleil se poursuivent jusqu’en 1974. Cette année-là, deux équipes vont quasi simultanément émettre l’hypothèse selon laquelle les CFC (chlorofluorocarbones) seraient responsables de la destruction de la couche d’ozone stra- tosphérique. Les chercheurs liégeois du Jungfraujoch vont alors focaliser leurs observations sur l’ozone (O 3 ) et les gaz susceptibles de jouer un rôle dans la destruction de celui-ci. Ce qui donnera l’occasion à l’équipe de s’illustrer à nouveau mais cette fois grâce au ballon stratosphérique de l’Université, lancé depuis le Texas : en détectant la présence d’acide fluorhydrique (HF), Rodolphe Zander apporte alors la preuve que les CFC migrent effectivement vers la stratosphère et y sont dissociés par les rayons UV du Soleil, ce qui permet à leurs atomes de chlore libérés de s’attaquer aux molécules d’ozone et de les détruire. Ce qui, jusque-là, était une théorie – certains d’ailleurs estimaient

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