LQJ-283

Depuis la nuit des temps, des milliers d’espèces de virus mènent une guerre sans merci aux bactéries. Au cours de leur évolution au voisinage du vivant, ces micro-organismes se sont spécialisés pour s’adapter à la diversité de leurs cibles. Non seulement ils ne s’attaquent pas aux cellules eucaryotes (végétaux, champignons, hommes et animaux) car leurs hôtes sont exclusivement des procaryotes (les bactéries, dont les cellules sont dépourvues de noyau), mais en plus, le spectre de leurs cibles est très réduit. Entendez qu’un virus qui pourrait s’attaquer à une souche bien précise d’Escherichia (E.) coli, par exemple, en laisserait passer d’autres sans même y prêter attention. Par commodité, la science nomme ces tueurs ultraspécialisés “bactériophages”, ou “phages“, pour les plus intimes. De par le monde, le nombre de publications sur ce que l’on nomme la phagothérapie explose littéralement. Un engouement tardif, si l’on sait que ces virus sont connus depuis plus de 100 ans. À l’ULiège, le service de bactériologie vétérinaire de Damien Thiry contribue avec enthousiasme à ce grand virage. Aujourd’hui chargé de cours, le chercheur a commencé sa carrière en virologie avant d’être engagé, en 2014, comme assistant au service qu’il dirige actuellement. « J’ai eu la chance de pouvoir me pencher sur la phagothérapie, qui devenait alors un sujet d’intérêt scientifique et sociétal de premier ordre. Des séjours post-doctoraux au sein de laboratoires de la KU Leuven et de l’Institut Pasteur de Paris mondialement influents en la matière m’ont offert de belles perspectives de collaborations pour développer cette thématique en laboratoire. » en renfort Le phénomène est connu : la surexploitation des antibiotiques contribue à rendre les bactéries de plus en plus résistantes. La recherche sur les thérapies antibactériennes explore de nouvelles pistes ou revisite des chemins abandonnés. C’est dans ce contexte que certains virus, les bactériophages, jouissent d’un retour en grâce. DOSSIER PHILIPPE LECRENIER septembre-décembre 2022 / 283 ULiège www.ul iege.be/LQJ 47 omni sciences

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