LQJ-285

ULiège 285 i mai-août 2023 i LeQuinzièmeJour à La Une Architecturevivante Omnisciences Microfluidique Le parcours RaphaëlLiégeois univers cité LaFabriquedespossibles LQeuinzième Jour Quadrimestriel de l’ULiège mai-août 2023 i 285

Couverture Poster - Léna Darolles (master 1-Atelier éric Le Coguiec et Michaël Bianchi-2021)

ChatGPT La rédaction Il peut tout faire : rédiger une dissertation, résumer une conférence, résoudre des équations et répondre de manière fluide à des questions complexes. Le tout avec une rapidité déconcertante. Son nom ? ChatGPT. Cet “agent conversationnel” fondé sur l’intelligence artificielle, apparu en novembre 2022, fait le bonheur des étudiant·es et donne des sueurs froides aux enseignant·es car, même s’il n’est pas exempt de maladresses ou d’inexactitudes, il bouleverse les méthodes d’évaluation. Alors que faire ? Difficile de l’ignorer. Le censurer ? Pour le vice-recteur à l’enseignement Frédéric Schoenaers, il est préférable de l’intégrer dans l’éventail des pratiques pédagogiques tout en tenant compte de son haut potentiel. « C’est l’occasion de modifier nos attentes envers les étudiants, de réfléchir sur la façon de vérifier leurs connaissances. » Si ChatGPT peut réussir un test, alors il faut modifier le test. Sans stress. Après tout, la calculatrice n’a pas remplacé le cours de mathématiques. L’Institut de formation et de recherche en enseignement supérieur (Ifres) a proposé de l’information et des webinaires sur le sujet. 200 personnes y ont participé. La prochaine formule sera consacrée aux “retours d’expériences” en juin. mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 3 l’édito

L’Édito 3 Chat GPT L’OPINION 6 Didier Mattivi, nouveau directeur de RISE À LA UNE 10 L’architecture au pied du mur OMNISCIENCES 16 En deux mots 20 La Communication fait peau neuve 28 En flux continu 50 Sortie de presse 64 Dernier rapport du GIEC ICI ET AILLEURS 26 La force des crocs 40 En pleine terre 52 Hexapoda s’agrandit LE PARCOURS 36 Raphaël Liégeois, prochain astronaute belge Sommaire C. Delaneve N. Chatar ULiège 285 i mai-août 2023 i LeQuinzièmeJour mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 4 sommaire

L’ INVITé 46 M axime Rovere, auteur de Se vouloir du bien et se faire du mal LE DIALOGUE 56 M arie Kill, Bastien Bomans et Cyrille Prestiani, sur la journée internationale du 17 mai UNIVERS CITé 32 Parole aux mères porteuses 60 La Fabrique des possibles FUTUR ANTéRIEUR 68 Rétrovisions 72 Une brasserie à Gembloux. 74 Quelle nouvelle, citoyen? 78 Petites mythologies uliégeoises MICRO SCOPE 80 Les nouveaux Uliégeois (2022) Le KROLL 83 Un petit pas pour l’homme S. Seyen R. Akindavyi Gembloux.beer mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 5 sommaire

LQJ : Peut-être d’abord rappeler ce qui se cache derrière ce nouvel acronyme RISE ? Didier Mattivi : “Recherche, Innovation, Support et Entreprises (RISE)” est une administration qui résulte de la fusion de l’ancienne administration de la recherche (ARD) et de l’Interface-Entreprises-Université. J’ai été engagé pour opérationnaliser cette intégration qui, bien qu’amorcée en 2021, était envisagée et discutée depuis plusieurs années dans le but d’établir, à l’instar de ce qui se fait dans la plupart des universités, une interface unique. Sa vocation est de prendre en charge nos chercheurs, depuis l’entame de leur doctorat jusqu’au moment où ils et elles quitteront le giron de l’Université, et de les accompagner dans leurs recherches de financements externes (européens, communautaires, régionaux) et internes (fonds de recherche de l’ULiège), tant en recherche appliquée qu’en recherche fondamentale. L’intégration de ces deux équipes, l’une installée place du 20-Août et l’autre au “Liège Science Park” au Sart-Tilman, est d’abord passée par un exercice d’idéation pour trouver un nouveau nom qui puisse être le point de départ d’une culture commune. “Recherche, Innovation, Support, Entreprises” capturait adéquatement l’ensemble de nos services : l’aide à la recherche et en particulier son financeVoici plus d’un an que Didier Mattivi a pris la direction de la nouvelle administration “Recherche, Innovation, Support et Entreprises (RISE)”. Avec Olivier Gillieaux (chargé de la recherche appliquée), Véronique Larosa (chargée de la recherche fondamentale) et une soixantaine de collaborateurs, Didier Mattivi veut exécuter un agenda ambitieux au cours des quatre années à venir et « faire rayonner la science de l’Université ». Pour cet ingénieur civil devenu multi-entrepreneur, notamment fondateur d’une société de télécom (IPTrade, spin-off universitaire) et d’un studio incubateur de jeux vidéo, c’est l’occasion « d’impacter positivement sa région et la société en général ». Comment ? Nous lui avons posé la question. Partenaires dechoix ENTRETIEN PATRICK CAMAL- photos Sandrine Seyen mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 6 l’opinion

ment ; l’innovation, c’est-à-dire la transformation de cette recherche en quelque chose d’utile au monde extérieur ; le support aux chercheurs ; enfin, les relations avec les entreprises, autrement dit le rôle de porte d’entrée à l’Université pour celles-ci. La cellule RISE mène donc, en somme, une mission de facilitation : nous voulons être là pour favoriser les interactions de nos chercheurs avec le monde extérieur, bailleurs de fonds ou entreprises. LQJ : Au regard de votre passé de serial entrepreneur, de votre intérêt pour les jeunes pousses, faut-il s’attendre à ce que davantage d’attention et de moyens soient accordés aux transferts de technologies, et en particulier à la création de spin-offs ? D.M. : Il est d’abord important de souligner que la recherche fondamentale et la recherche appliquée sont interdépendantes. La première constitue une part importante de l’empreinte de notre Université dans la société qui bénéficie tous les jours de l’accroissement des connaissances et du savoir auquel nos chercheurs contribuent. Quant à la seconde, elle doit, à mon sens, correspondre aux besoins de son écosystème, sans nécessairement être dirigée par lui. C’est un exercice difficile, une sorte d’équilibre à trouver. La recherche doit tendre à la valorisation en termes de transfert de technologies et de connaissances. Il existe aujourd’hui deux manières de réaliser ce transfert. La première consiste à octroyer à des tiers des droits d’exploitation sur des résultats de recherches. La seconde manière revient à incorporer des sociétés dites spin-offs, ce qui suppose que chercheurs souhaitent prendre la direction, à tout le moins scientifique, de ces sociétés. Autrement dit, trouver des individus qui, non seulement mènent des recherches valorisables sur le marché, mais ont aussi la fibre entrepreneuriale. Certains ne souhaitent pas s’engager dans ce type de parcours, et nous respectons cette volonté. L’idée qu’il faille faire sortir les scientifiques de leurs laboratoires pour les transformer en entrepreneurs n’a aucun sens. En revanche, il faut être là pour soutenir ceux et celles qui souhaitent s’engager dans un parcours entrepreneurial. LQJ : Comment s’y prendre ? D.M. : Beaucoup de chercheurs n’imaginent pas que leurs travaux puissent être valorisés. Chez RISE, nous devons donc faire parler ces chercheurs et chercheuses de manière proactive, comprendre leurs recherches – ce qui implique d’avoir les ressources scientifiques adéquates – mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 7 l’opinion

afin d’en découvrir les potentielles applications. Autrement dit, nous devons développer une étroite proximité avec les unités de recherche, sonder leurs ambitions et les tenir à l’œil au cours des prochaines années. En plus de l’expertise juridique que nous prodiguons aux chercheurs lorsqu’il s’agit de monter la société en tant que telle ou de comprendre ce qui peut être transféré de l’Université vers la spin-off dans le suivi des règles de transfert de propriété intellectuelle, nous pouvons également leur proposer d’intégrer dans leur équipe scientifique une personne dotée d’une expérience entrepreneuriale, par exemple. Enfin, nous travaillons à créer une dynamique autour de ces chercheurs-entrepreneurs. Nous avons ainsi fondé en mars 2023 un club de spin-offs universitaires, destiné à faire se rencontrer des sociétés qui se connaissent en réalité très peu alors qu’elles font face à des enjeux similaires, essentiellement des problématiques de start-ups. Par ailleurs, nous travaillons à la mise en place d’un fonds de maturation, un petit fonds d’equity qui nous permettrait de soutenir certains projets plus longtemps, de les faire maturer davantage, en sorte qu’ils s’en trouvent, à terme, mieux valorisés. Voici donc déjà deux piliers du plan d’action de RISE, et non des moindres puisqu’on dénombre chez nous quelque 4000 personnes impliquées en recherche. LQJ : Verrons-nous alors davantage de spin-offs ? D.M. : Je pense qu’il existe un véritable potentiel pour doubler le nombre de ces nouvelles sociétés. Nous pourrions en créer quatre à cinq par an. Attention : je n’ai aucun intérêt personnel à les promouvoir ! Je constate simplement que, dans le contexte compliqué du financement de la recherche, ce type de valorisation monétaire – en recherche appliquée pour l’essentiel, mais pas seulement – est une manière pour l’Université de générer des recettes, lesquelles permettent de financer d’autres inimai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 8 l’opinion

tiatives, notamment en recherche fondamentale. C’est un message important. Nous avons tout intérêt à ce que nos spin-offs soient successful. LQJ : Justement, tous les projets de recherche ne déboucheront pas forcément sur une valorisation monétaire. Quid alors de recherches menées en sciences sociales, en linguistique, en archéologie, etc. ? D.M. : Valoriser notre recherche ne veut pas forcément dire en tirer des revenus. Valoriser, c’est en développer les impacts sociétal, économique, environnemental, etc. Mon propos n’est donc pas de délaisser des initiatives sans lien direct avec le monde de l’entreprise. Chacun a pu se rendre compte, j’espère, qu’il n’y a pas eu depuis mon arrivée quelque désinvestissement que ce soit. Nous nous préoccupons tout autant des recherches qui, lorsqu’elles se donnent à voir au grand public, contribuent au rayonnement de notre Institution. Après tout, ces recherches, qui ont été financées par de l’argent public, doivent pouvoir retourner vers la société d’une manière ou d’une autre, fût-ce sous la forme d’expositions – je pense notamment au récent “Printemps Simenon”– mais pas seulement. Je songe également à Veerle Rots, archéologue et directrice du TraceoLab à l’ULiège, lauréate du prix Francqui 2022 en sciences humaines pour ses recherches pionnières sur les outils du Paléolithique. Le Conseil universitaire de la recherche et de la valorisation de l’ULiège lui a confié une bourse pour développer un centre de compétences susceptible d’attirer des chercheurs internationaux. Je pourrais citer d’autres exemples. Cette forme de valorisation s’inscrit donc dans un effort de communication, lequel constitue le troisième pilier de notre plan d’action. Nous voulons que notre Institution multiplie ses contacts avec la société au sens large, en sorte d’y créer une appétence pour notre recherche. Je précise que, pour RISE, toute recherche a une valeur équivalente, indépendamment de la Faculté où elle est menée. Notre rôle est de trouver les meilleurs instruments pour la financer. En prenant appui sur notre connaissance pointue des bailleurs de fonds aux niveaux régional, communautaire et européen, nous pouvons définir avec les chercheurs des stratégies de candidature, ou les aider dans la rédaction de leurs réponses aux appels à projet. Nous communiquons aussi à l’ensemble des chercheurs, via une newsletter, les nouveaux programmes de recherche susceptibles de les intéresser. C’est l’activité principale de RISE : faire en sorte que chaque recherche trouve un financement. LQJ : Dans quelle mesure les acteurs du monde extérieur, en particulier les entreprises, souhaitent-ils travailler avec l’Université ? D.M. : Les contacts sont multiples et variés. Tel laboratoire et telle entreprise décident de travailler ensemble à un projet de type pôle de compétitivité. Telle entreprise nous sollicite – et nous finance – pour résoudre un problème spécifique. Telle grande société nous approche pour explorer d’éventuelles synergies. Il reste que, si ces deux mondes souhaitent travailler l’un avec l’autre, ils ne savent souvent pas comment s’y prendre. Ce sont deux mondes qui n’ont pas les mêmes logiques, temporelles notamment. Le monde de l’entreprise tend à travailler par “essai-erreur”, là où nous avons tendance à faire les choses excessivement bien. Nous rajoutons donc souvent un temps considérable à la décision, ce que le monde extérieur ne comprend pas. Le rôle de RISE est d’identifier préalablement ces “goulots d’étranglement”, de proposer des programmes structurants visant à réduire les incompréhensions, et ainsi de faire de l’Université un partenaire avec lequel il est aisé de collaborer. Je souhaite pour ma part que l’ULiège devienne, à tout le moins en Région wallonne, “le” partenaire de choix des entreprises lorsqu’il s’agit de faire de la R&D. * www.uliege.be/Rise mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 9 l’opinion

Aupieddumur Face au défi écologique, l’architecture se repolitise. Par ses modes d’intervention sur l’environnement, par le choix de ses matériaux, par sa faculté à dialoguer avec d’autres disciplines, l’architecte a plus que jamais une responsabilité centrale dans la sortie des impasses climatique, énergétique et sociale. DOSSIER JULIE LUONG N. Delmelle mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 10 à la une

East Dam Drone Architecte est un métier qui fascine et attire toujours plus. En première année, la faculté d’Architecture de l’ULiège compte aujourd’hui plus de 400 étudiants. Ce que ces étudiants ne savent pas toujours au début de leur parcours – et qui les confronte à de nombreux doutes et interrogations –, c’est que le secteur de la construction est un acteur majeur, voire principal, des dégradations environnementales. À lui seul, il est notamment responsable de près de 40 % des émissions mondiales de gaz à effets de serre, de 50 % de la consommation totale des ressources naturelles et de 35 % de la production totale des déchets. De l’extraction des ressources nécessaires pour la construction à la gestion de la fin de vie d’un bâtiment, en passant par la fabrication de ses composants, leur transport et leur utilisation, construire est bien souvent synonyme de détruire. « Il y a une forme de dissonance cognitive chez les étudiants face à cette prise de conscience », explique Julie Neuwels, chargée de cours dans le domaine de l’approche sociotechnique de la production architecturale. « D’un côté on leur apprend un métier, de l’autre on leur annonce que le secteur de la construction est largement impliqué dans les dégradations environnementales. On leur dit qu’il y a des solutions, mais qu’elles ne produisent pas toujours les effets escomptés et ne font pas consensus. » PERFORMANCE ET EFFET REBOND « Chaque concepteur de bâtiment a une responsabilité par rapport à l’environnement et par rapport aux espaces habités et à la qualité de ces espaces, estime Sophie Trachte, chargée de cours à la faculté d’Architecture. Aujourd’hui, en Wallonie, l’objectif est de ne plus offrir de nouvelles surfaces à bâtir dès 2050, rappelle-t-elle. On va donc devoir jouer avec les surfaces existantes, avec les rénovations, les réhabilitations, etc. L’idée est d’arriver à une certaine performance énergétique, mais aussi d’aller vers une économie circulaire. Au niveau européen, il s’agit aussi de réduire l’étalement urbain, une problématique environnementale et financière, puisqu’il suppose l’installation de réseaux, de routes, d’infrastructures, etc. » C’est donc tout le métier qui est appelé à évoluer. Le temps des maisons quatre façades qui poussent comme des champignons au milieu de terrains vierges semble définitivement derrière nous. S. Trachte L’architecture frugale utilise des matériaux réemployés : biosourcés (bois, paille…), géosourcés (terre crue) ou à base de déchets et sous-produits (cellulose, coton recyclé...) mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 11 à la une

Or la transition ne pourra pas se faire sans se tourner vers le passé. « Nos anciens s’inscrivaient dans cette relation avec l’environnement qui consistait à profiter de ses aspects bénéfiques et à se protéger du négatif, rappelle Sophie Trachte. Quand on démolissait, on reconstruisait en réemployant les matériaux. Puis, l’économie s’est mondialisée et il a fallu le choc pétrolier des années 1970 pour que réapparaisse une réflexion autour du bioclimatisme, de la conception énergétique des bâtiments, de l’utilisation rationnelle de l’énergie, etc. » En 1987, le rapport Brundtland donnait une première définition du développement durable qui, comme le rappelle l’enseignante, comporte trois dimensions inséparables : Chaufferie à projeter - A. Hubert l’environnement bien sûr, mais aussi l’économie et le social. Dans les années 2000, les bâtiments énergétiquement performants sont apparus comme une solution (isolation thermique importante, ventilation mécanique, pompes à chaleur, etc.). « On constate pourtant que les bâtiments de l’époque ne tiennent pas toujours leurs promesses », reprend Julie Neuwels. En cause : l’“effet rebond”, soit le fait que les consommations énergétiques réelles se situent en moyenne largement au-dessus des consommations énergétiques espérées. « Ce phénomène s’explique partiellement par le fait que les usages des habitants sont souvent éloignés de ce que les concepteurs avaient prévu. » Il n’est pas rare que les habitants ajoutent des chaufferettes électriques et/ou calfeutrent les arrivées d’air de ventilation pour améliorer leur confort thermique, oublient d’entretenir les filtres de la ventilation mécanique, etc. À cela s’ajoute le poids de notre culture moderne de l’énergie et du confort. « Quand une personne actionne un interrupteur, un thermostat, etc., elle est souvent incapable de dire quelle est la quantité d’énergie consommée, quelle en est la source et quels en sont les effets environnementaux. Qui plus est, malgré la prise de conscience des problèmes environnementaux, les usages liés à l’énergie dans les bâtiments sont souvent ancrés dans des habitudes, des gestes auxquels on ne réfléchit pas. Sans parler de la demande en confort qui ne fait que croître avec le temps : aujourd’hui, les bâtiments sont souvent chauffés à 20 degrés alors qu’en 1950, on chauffait les salons à 15 degrés l’hiver, les chambres à 12... » Sophie Trachte relève qu’à l’inverse, les personnes qui habitent du bâti considéré comme très énergivore, se sont adaptées à leur environnement de manière à réduire leur consommation d’énergie, « par exemple en rassemblant, en hiver, les activités principales dans les seules pièces chauffées du logement ». mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 12 à la une

RÉSILIENCE ET FRUGALITÉ Autre écueil de la performance énergétique : la tentation de détruire le vieux – jugé trop énergivore – pour construire du neuf, qu’on espère irréprochable. Une attitude que de nombreux architectes estiment non seulement intenable sur le plan patrimonial mais aussi inefficace en termes d’impact environnemental. « La question performancielle est un vrai handicap par rapport aux questions qui nous concernent », explique Benoît Vandenbulcke, chargé de cours à la faculté d’Architecture et associé-fondateur du bureau d’architecture AgwA à Bruxelles, spécialisé dans la reconversion des bâtiments. « Les pouvoirs publics nous ont souvent confrontés à des propositions de démolir pour reconstruire et atteindre ainsi les standards passifs. Mais c’est un peu étrange de détruire des bâtiments en bon état, sans compter le coût de l’énergie “grise”(stockage, transport, recyclage) de la construction et de la déconstruction... Pour récupérer ce coût, nous avons calculé qu’il faudrait environ 100 ans d’utilisation du nouveau bâtiment ! » Benoît Vandenbulcke plaide pour sa part pour la « résilience » et la « robustesse » contre la performance, par exemple en donnant une seconde vie à des bâtiments monumentaux, comme, à Charleroi, le Palais des expositions ou le Tri postal situé à côté de la gare. « Certains bâtiments – esthétiquement dépassés – peuvent avoir des qualités insoupçonnées et on ne peut pas se contenter de tout casser ! Je pense qu’il est plus intéressant de mettre les bonnes choses aux bons endroits », souligne-t-il. Le salut environnemental par la technique, beaucoup d’architectes n’y croient tout simplement pas. C’est ainsi que l’on voit émerger aujourd’hui des prises de position en faveur d’une architecture frugale ou low tech, basée sur des principes de construction bioclimatique permettant de se passer d’équipements consommateurs d’énergie et sur l’utilisation de matériaux réemployés : biosourcés (bois, paille…), géosourcés (terre crue) ou à base de déchets et sous-produits (cellulose, coton recyclé...). « C’est une architecture qui est moins problématique en termes de déchets, et qui ne remet pas pour autant en question les niveaux de confort et de qualité de vie, observe Sophie Trachte. Il s’agit de faire sienne l’idée que la Terre est notre maison commune et de voir dans quelle mesure on peut réparer cet environnement, en s’intégrant aussi davantage dans les cycles naturels de l’eau et de la matière. » Ainsi, l’utilisation des matériaux biosourcés permet non seulement de stocker sur le long terme du carbone, mais aussi de réutiliser les déchets de l’agriculture locale tout en préservant la santé des ouvriers. « Ce sont des matériaux généralement moins transformés, plus agréables à mettre en œuvre que des matériaux synthétiques qui peuvent émettre davantage de polluants dans l’air », souligne-t-elle encore. UNE DISCIPLINE RELIÉE Face à l’ampleur d’une crise climatique sans précédent, c’est aussi la figure même de l’architecte qui est appelée à se transformer. « Les architectes stars sont progressivement en train de laisser la place à des personnalités qui mettent l’humilité et la coopération au centre de leur méthode », commente le Pr Éric Le Coguiec, vice-doyen à la recherche en faculté d’Architecture. Ainsi, depuis quelques années, le prix Pritzker, considéré comme le Nobel de l’architecture, récompense des personnalités engagées dans la transition environnementale et sociale. C’est le cas, par exemple, de l’architecte germano-burkinabé Francis Kéré (Prix Pritzker 2022) ou des Français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal (Prix Pritzker 2021). L’architecte de demain ne sera plus, avance Éric Le Coguiec, « une figure masculine qui aurait le contrôle sur le processus de conception, mais une figure de médiation entre le bâtiment, l’usager et l’environnement ». Le métier est donc appelé à se mettre en lien avec d’autres disciplines et d’autres récits. Un mouvement déjà très présent dans les universités canadiennes, où Éric Le Coguiec a enseigné plus de 15 ans avant de rejoindre l’ULiège. « La question politique, celle du genre et de l’invisibilisation des femmes architectes par exemple, ainsi que la question décoloniale et postcoloniale ont irrigué l’enseignement de l’architecture et des arts au Canada à partir des années 1990. Cela favorise la porosité disciplinaire. C’est une réflexion d’une richesse incroyable et qui permet de ne pas travailler en silos », souligne ce docteur en architecture qui s’inspire des théoriciennes Donna Haraway ou Vinciane Despret (ULiège) pour repenser nos liens à l’environnement. « L’architecture n’est pas une discipline autosuffisante, hors sol. Or, longtemps, les architectes ont considéré le territoire comme étant une surface sans dimension culturelle et sans dimension historique. Les modernistes, par exemple, ont eu tendance à pratiquer la tabula rasa. Aujourd’hui, notre mission consisterait plutôt à “re-terrestrer” l’architecture, pour faire en sorte que l’architecte ne soit plus au centre du processus de conception mais partage ce rôle avec d’autres acteurs : les usagers, le non-humain, le vivant... Pour proposer de nouvelles manières d’habiter le monde », commente-t-il. mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 13 à la une

Le nouveau Bauhaus européen, programme lancé en 2021 par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, entend ouvrir la voie à un nouveau modèle d’innovation dans lequel l’art, les sciences, la technologie et l’écologie vont de pair. Un tel programme supposerait de sortir de la vision d’une architecture “fétichisée”, qui semble encore très présente chez les étudiants. « Les médias sociaux contribuent à véhiculer cet imaginaire d’une architecture très “désirable”, observe Éric Le Coguiec. Or ces images-là ne correspondent pas vraiment au récit que nous tentons de tisser et qui propose de nouvelles alliances. Outre l’exposition des changements nécessaires, notre rôle consiste aussi à susciter chez les étudiants ce nouvel imaginaire où il devient possible de construire des lieux tout aussi beaux, tout aussi réjouissants mais hospitaliers pour le vivant, différents en somme. » Ce type d’approches « systémiques ou holistiques », cette perspective pluridisciplinaire ne permettent pas seulement aux étudiants de mieux se situer par rapport à leur travail, mais engendrent des effets concrets, politiques. « Prenons l’exemple des remblais », illustre Éric Le Coguiec. Les opérations de terrassement, visant à surélever un terrain, touchent aux micro-organismes présents dans la terre. Et cette artificialisation des sols n’est pas sans conséquence sur les sociétés humaines. Ce choix, souvent, exposera in fine les plus vulnérables. Partout, c’est la question de la valeur de la vie qui est posée. « L’artificialisation des sols provoque le ruissellement et risque, à terme, de déclencher des inondations telles que celle de 2021 en région liégeoise. Tout est interrelié. » Pour Julie Neuwels, la construction a une « énorme incidence » sur le milieu et ceux qui l’habitent. « En même temps, c’est un secteur enraciné dans les logiques du tout à la croissance, au détriment justement de la prise en compte de l’humain et du non-humain. L’architecte est donc amené à redéfinir son rôle sociétal. C’est pourquoi le métier d’architecte doit et est en train de se repolitiser. L’enjeu étant que les architectes parviennent à repenser et mettre à profit leurs compétences de lecture et de conception de l’espace pour contrebalancer les approches technico-centrées qui, dominantes aujourd’hui, montrent leurs limites. » ÉCONOMIE DE MOYENS « Nous essayons de travailler avec les étudiants sur des questions de régénération territoriale, commente à ce sujet Jean-Philippe Possoz, responsable d’ateliers en faculté d’Architecture. Comment peut-on par exemple penser un territoire qui a été inondé, alors que l’on sait qu’il y a une corrélation entre l’urbanisation des plateaux et les dégâts de la vallée et que d’autres épisodes d’inondations sont à venir. L’idée n’est pas de faire de l’architecture de la catastrophe, mais de voir comment ce message traumatique amène à notre champ de conscience des réalités que les scientifiques sont par ailleurs très nombreux à mettre en avant. » Pour cet enseignant, une chose est en tout cas certaine : aujourd’hui, la question de l’architecte n’est plus de savoir s’il faut faire « deux chambres ou trois chambres, un immeuble ou une maison », mais bien de comprendre comment accompagner un territoire et une population confrontée au changement. « L’architecte est celui qui va proposer des stratégies d’évolution », résume-t-il. Dans ses ateliers Design&Build, Jean-Philippe Possoz et ses collègues invitent les étudiants à intervenir sur des lieux existants : le local d’une association, un espace collectif. « Ils travaillent par groupe de 20. C’est donc une conception et une construction collaborative, un processus très court et un défi. Avec 1000 euros, aujourd’hui, on rénove à peine 1 m2 et nous demandons aux étudiants de requalifier un lieu pour cette somme. Ils sont donc obligés de penser différemment : soit réduire leurs ambitions, soit trouver d’autres tactiques. Du coup, less ismore AM AgwA A. Anderson Projet Karreveld mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 14 à la une

c’est parfois le matériau qui impose le projet alors que, durant leur cursus, ils apprennent à faire l’inverse. » Faire avec ce que l’on a mais aussi apprendre à considérer le déchet ou le matériau en place comme une ressource intéressante : « L’économie de moyens est ici considérée comme une vertu d’intervention, poursuit Jean-Philippe Possoz. Il s’agit d’anoblir une forme d’acupuncture architecturale. L’architecture me semble à sa place quand elle essaie d’être au plus près de la question posée et arrive, non pas seulement à résoudre des problèmes mais à transformer le lieu, dans sa réalité physique autant que dans son usage. » Pour y parvenir, il faut d’abord apprendre à regarder les espaces de manière à la fois moins fétichiste et plus informée, moins naïve et plus “empathique”, selon le terme plébiscité par Jean-Philippe Possoz. « J’essaie d’apprendre aux étudiants non pas à construire mais à nourrir le lien entre l’architecture et sa dimension matérielle, en prenant par exemple conscience des réseaux techniques dont nous dépendons », poursuit-il. Si de l’eau coule de nos robinets par exemple, c’est bien parce que des réseaux, dérobés à la vue, le permettent. « Longtemps, l’architecture, considérée en tant que produit culturel, a eu tendance à cacher des choses plus triviales : on ne dessine pas les radiateurs, les bouches de ventilation, etc. Mais c’est probablement une erreur. Je dis souvent que c’est comme les intestins : prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de ce que l’on ne voit pas. » Selon la théorie du Pace Layering de Steward Brand, un bâtiment est constitué de couches, autrement dit d’une structure, de techniques et de parachèvements : ce sont généralement sur ces derniers que se porte notre jugement esthétique. Nous jugeons de la beauté d’un plafond, d’un revêtement de sol, d’une façade. Mais si l’on considère que l’objectif est, par exemple, de produire le moins de déchets possible, certains parachèvements apparaissent comme superflus au vu de leur coût environnemental et humain. L’architecture est aujourd’hui confrontée à cette question cruciale, qui traverse de nombreuses disciplines. « Nos propres critères de qualification – ce que nous jugeons esthétique ou non – ont des conséquences sur le réel. Et l’on peut trouver certaines réalisations d’autant plus magnifiques que nous savons qu’elles sont respectueuses de l’environnement, qu’elles ont la capacité de bien vieillir », conclut l’enseignant. Poster - Léna Darolles (master 1-Atelier éric Le Coguiec et Michaël Bianchi-2021) mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 15 à la une

Art contemporain À l’initiative de la galeriste liégeoise Manette Repriels – qui, dans les années 1960-1970, a joué un grand rôle dans la diffusion de l’art contemporain à Liège –, l’association “Art Promotion” a constitué une collection d’une quarantaine de pièces dont le noyau s’articule autour d’artistes contemporains liégeois ou vivant à Liège. S’y trouvent également représentés des artistes étrangers de renommée internationale, tels que Sol LeWitt ou Bernd et Hilla Becher. Sous l’impulsion de son président, Willy Gordenne, l’association a légué à l’ULiège cette importante collection d’œuvres d’art contemporain dont le Musée en plein air est le principal gestionnaire. Trois œuvres font partie de l’exposition “Curiosités et voluptés” du musée Wittert, et l’on peut admirer une peinture du liégeois Paolo Gasparotto dans le “boudoir du B8” du Musée en plein air. * www.museepla.uliege.be Rêvons Liège – 2030 Créer de nouveaux imaginaires collectifs et des projets qui dessineront un futur désirable et durable pour Liège : telle est l’ambition du projet “Rêvons Liège” porté par l’ULiège et le Théâtre de Liège. Comment ? En réunissant les acteurs et actrices du territoire liégeois (entreprises, associations, artistes, chercheur·es, citoyen·nes) afin de favoriser l’émergence de représentations positives du territoire en 2030. L’objectif est d’élaborer ensemble de nouveaux récits en faveur d’une société résiliente qui se nourrit de la diversité et de l’interaction de ses composantes (espaces urbains prospères, espaces ruraux fertiles). Si le projet s’appuie sur les travaux de Rob Hopkins (les territoires en transition), il se réfère également à la “Fresque de la renaissance écologique” de Julien Dossier, une méthode visuelle d’imagination en intelligence collective d’une ville durable et bas carbone à partir de 24 composantes clés. Celles-ci constitueront le fil rouge pour imaginer les activités, synergies et infrastructures nécessaires à demain. * programme sur le site www.revonsliege2030.uliege.be En 2 mots Paolo Gasparotto, sans titre mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 16 omni sciences

Éduquer aux changements climatiques et à la biodiversité Ecotopie, laboratoire d’écopédagogie, propose une formation aux animateurs·rices et éducateurs·rices qui souhaitent travailler avec leurs publics les thématiques des changements climatiques et de la biodiversité, dans un objectif d’acquisition de connaissances, d’analyse critique et d’engagements dans la société. Cette formation permettra de s’approprier des outils concrets et de s’initier à une méthodologie pour se positionner dans une thématique vive et complexe avec ses publics. Avec les interventions de Grégory Mahy (Gembloux Agro-Bio Tech), du laboratoire de climatologie (ULiège), du département de science politique (ULiège) et de Philocité. Les 28, 29, 30 août (en résidentiel), à Waimes et le 4 septembre, à Liège. * Informations et inscription : https://ecotopie.be/formation/climat-202308/ MOOC’s et SPOC’s Interactifs et multimédias, incorporant des vidéos, des exercices, des forums, des quizz et des évaluations par les pairs, ces cours gratuits et conçus pour être suivis entièrement à distance par de très larges cohortes de participants dans le monde s’intègrent dans une démarche de démocratisation maximale des savoirs. Ils renforcent également l’insertion de nouveaux supports d’apprentissage au cœur des formations de l’ULiège, en bachelier et en master. Récemment a commencé un MOOC sur “l’économie du couple”, un cours qui s’adresse aux étudiants de 3e année de bachelier en Droit de l’ULiège, aux professions juridiques et para-juridiques et aux citoyen·nes ayant un intérêt personnel pour la matière. Huit MOOC’s sont encore annoncés pour septembre : droit romain ; égyptologie ; éducation à la citoyenneté mondiale ; maladies, ravageurs et adventices ; réduction du stress chez les médecins ; éthique et humanités médicales ; risques chimiques et biologiques de la chaîne alimentaire ; logopédie en voix. * www.digital.uliege.be/ListeMoocs Homes 810 chambres (dont 60 studios) nouvelles ou rénovées sur le campus du Sart-Tilman seront à terme accessibles aux étudiant·es, aux chercheur·es étranger/ ères ainsi qu’aux étudiant·es des programmes d’échanges internationaux. C’est deux fois plus qu’à l’heure actuelle. * www.news.uliege.be/ nouveauxLogements Etudiants Appel à volontaires Le Cyclotron recrute ! Ce centre de recherche installé au Sart-Tilman (également connu sous le nom de GIGA-CRC-In Vivo Imaging) travaille sur des thématiques très variées : les mécanismes du sommeil, la maladie d’Alzheimer, l’impact de la lumière sur le cerveau et l’humeur (y compris chez les adolescent·es, gros consommateur/ rices d’écrans la nuit), sur le phénomène de mind blanking (absence de pensée pendant l’éveil), sur la fatigue cognitive (qui contribue au burn-out), etc. Ils ont besoin de volontaires, femmes et hommes, en (relativement) bonne santé, âgé·es de 15 à 80 ans, pour participer à ces différentes recherches (avec compensation financière). * site www.gigasleep.uliege.be, tél. 04.366.32.12, courriel agitude@uliege.be Hors-champ Les membres du ciné-club Nickeolodéon de l’ULiège publient une gazette. “Hors-champ” est son titre et mensuelle sa parution. La gazette présente les films au programme du ciné-club et propose de découvrir le monde du cinéma par des analyses de films, des articles d’actualité, des portraits de réalisateurs et réalisatrices, des jeux. Fruit d’un travail collectif, elle est déjà consultable en ligne. Et sera sans doute imprimée bientôt. * https://cinea1.wixsite. com/cineclubnickelodeon TERRA Le mercredi 24 mai, l’unité de recherche Terra de Gembloux Agro-Bio Tech organise un “Terra Innovation Day 2023”, un rallye-concours pour faire montre de ses activités scientifiques et de ses projets. * courriel terra.gembloux@uliege.be, site www.terra.uliege.be mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 17 omni sciences

Parcours Santé & Culture Combiner art et activité physique ? C’est l’idée concrétisée par deux étudiants de master en sciences de la motricité. Ils ont balisé un parcours de marche de 3 à 4 km au musée en Plein air (SartTilman). À chaque étape de contemplation des œuvres d’art, une sélection d’exercices physiques simples et adaptés est proposée aux visiteurs et visiteuses. Une sorte de “culture physique” d’un nouveau genre à pratiquer sans modération. Sauve une vie Faire les bons gestes au bon moment. Tel pourrait être le pitch des épisodes “Sauve une vie” conçus par le Centre de simulation médicale (CSM) de l’ULiège et le CHU de Liège (réalisés par Instant Production). Après l’arrêt cardiaque et l’accident de moto, ce sont les brûlures domestiques qui constituent le sujet du 3e épisode intitulé “Retour de flammes”. L’objectif est pédagogique et le film disponible en quatre langues. * www.sauveunevie.be Aquarium-Muséum Des t-shirts et sweats sympas sont disponibles dans la nouvelle boutique textile en ligne de l’Aquarium-Muséum. * www.aquarium-museum.shop/ Curiosités et voluptés Après l’exposition “Merveilles et curiosités”, le musée Wittert propose “Curiosités et voluptés”, une sélection d’œuvres maîtresses du musée et des collections de l’ULiège. Ode au plaisir, celui de la chair à travers les œuvres exposées, et celui de contempler le beau. Ainsi, des estampes anciennes et des tableaux du XVIe siècle côtoient des réalisations contemporaines et des objets étranges, dignes des anciens cabinets de curiosités. Que ce soit au travers d’œuvres d’artistes dont les noms ont marqué l’histoire de l’art (Bruegel, Rembrandt, Rops, Ensor) ou de créateurs anonymes, cette nouvelle édition vaut le détour. Jusqu’au 23 septembre au musée Wittert, place du 20-Août 7, 4000 Liège * www.wittert.uliege.be/ expo-curiosites-voluptes Pot’Ingé Le Pot’Ingé est une association qui promeut l’alimentation durable et locale. Depuis quatre ans, il est à l’initiative de projets intégrés pour les ingénieur·es, d’un système de gestion collective des récoltes, de cultures en tout genre (pleurotes, shiitakes ou kiwanos). • Il organise, en partenariat avec Stéphane Mostenne, formateur du service agriculture de la province de Liège, une formation gratuite de maraîchage bio. Ateliers et visites de terrains au programme. * https://potinge.be/fr-be/ projects/formation- maraichage • Il invite à la première édition de l’Expot’Ingé le 28 juin sur le thème “ La transition alimentaire, quel rôle pour l’Université ?”. Séminaires, posters, surprises au programme. Anonyme flamand, diptyque satirique, XVIe siècle Musée Wittert ULiège - Guy Focant mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 18 omni sciences

Le vol du pigeon La faculté de Médecine vétérinaire, avec l’aide de la Royale fédération colombophile belge (RFCB), vient de se doter d’un pigeonnier. Et pas n’importe lequel ! Un pigeonnier connecté qui va permettre aux étudiant·es et aux chercheur·es de récolter de nombreuses données en vue de mieux comprendre les performances et les habitudes de vol de ces oiseaux dont l’élevage et les concours continuent de mobiliser des centaines de milliers d’individus dans le monde. L’outil, géré conjointement par le Pr Didier Marlier et Ludovic Martinelle, attaché de recherche, est situé sur le site de la CARE FePEx, le Centre d’appui à la recherche et à l’enseignement-ferme pédagogique et expérimentale de l’ULiège, et accueille déjà quelques dizaines de pensionnaires. * www.care-fepex.uliege.be #SaveEnergy Les usages numériques font désormais partie intégrante de notre quotidien, mais leurs impacts environnementaux restent sous-estimés. Or l’empreinte des activités numériques en termes d’émission de gaz à effets de serre est sur une trajectoire croissante : elle dépasse celle de l’aviation depuis plusieurs années et, très prochainement, elle atteindra a priori celle du trafic routier planétaire. L’ULiège s’est engagée à prendre la responsabilité de sa propre empreinte à travers la signature de la “Charte du numérique responsable” en 2022 et mène un travail de fond pour optimiser sa maturité numérique en proposant des outils performants, efficaces à long terme, avec l’empreinte la plus minimale possible. À cet effet, sous l’impulsion du Pr Félix Scholtes, conseiller de la Rectrice à la sobriété numérique, l’ULiège vient de s’affilier à l’Institut belge du numérique responsable. Dans le cadre du troisième volet de notre campagne #SaveEnergy, quelques gestes, faciles à mettre en place dans le cadre professionnel, peuvent être reproduits dans nos vies quotidiennes. * www.durable.uliege.be/ numerique-responsable Master européen Le master “REPIC” (Redesigning the Post-Industrial City) débutera à la rentrée 2023-24. Il s’agit du premier master délivré par UNIC, l’université européenne composée de la Ruhr-Universität Bochum (Allemagne), l’University College Cork (Irlande), l’Universidad de Deusto (Espagne), l’Erasmus Universiteit Rotterdam (Pays-Bas), l’Université Koç (Turquie), l’Université de Liège (Belgique), l’Université d’Oulu (Finlande), l’Université de Zagreb (Croatie), l’Université de Lodz (Pologne) et l’Université de Malmö (Suède). Organisé en deux ans et dispensé en anglais, le master est axé sur une recherche qui concerne l’héritage post-industriel des villes. Le programme prévoit une mobilité obligatoire entre les universités afin que les étudiant·es puissent découvrir la diversité des défis urbains dans deux ou trois villes européennes. Il abordera des sujets tels que la superdiversité dans les contextes urbains, l’innovation et la numérisation de l’administration publique, l’économie du patrimoine et le tourisme, les tendances qui remodèlent le climat et l’énergie, les mouvements sociaux urbains et le “droit à la ville“, notamment. L’objectif est de construire une communauté dynamique autour de connaissances et d’innovations capables de repenser l’avenir urbain “durable”. Le programme débutera à l’automne 2023. Le dépôt des candidatures doit se faire avant le 31 mai. * https://unic.eu/en/repic#all Islamologie pratique L’université de Liège a accueilli du 18 avril au 12 mai 2023 la Chaire interuniversitaire d’islamologie pratique, initiée par l’Institut de promotion des formations sur l’Islam. La Chaire est organisée chaque année alternativement par deux des six universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle vise à mieux comprendre le fait islamique et à stimuler une analyse réflexive de la pensée arabo-musulmane dans ses dimensions historiques et contemporaines. Pour l’année académique 20222023, l’ULiège a reçu, sous la responsabilité de Mohamed Nachi (faculté des Sciences sociales) et de Philippe Swennen (faculté de Philosphie et Lettres), Amor Cherni, professeur émérite aux universités de Tunis et de Clermont-Ferrand et intellectuel militant tunisien, ainsi que Guillaume Dye, islamologue et orientaliste français, professeur à l’ULB. La conférence inaugurale s’est tenue le 18 avril et avait pour thème “Religion et politique dans la pensée arabe classique et moderne”. Elle a été suivie d’un cycle de 11 cours ouverts à notre communauté universitaire et au grand public. * www.chaire-islamologie.uliege.be J. Louis mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 19 omni sciences

Le département médias, culture et communication s’adonne à un jeu d’équilibriste constant pour coller à son époque. Mettre en critique les médias et les cultures, garantir la recherche et la transmission du savoir tout en répondant au besoin de professionnalisation des étudiant·es, tels sont ses principaux enjeux. DOSSIER PHILIPPE LECRENIER dessins fabien denoël Communication Vivre avec son temps mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 20 omni sciences

mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 21 omni sciences

En 2022, la “Commu” soufflait ses 50 bougies. Sans une ride, elle s’offrait même avec la Grand Poste* une cure de jouvence spectaculaire. Ce n’est pas tout, pourtant. Les nouveaux équipements s’inscrivent dans une vision plus large, et le virage copernicien amorcé il y a une dizaine d’années percole aujourd’hui aux quatre coins du département, jusque dans son intitulé. Ne parlons plus d’“information et communication”, mais bien de “médias, culture et communication”. Les médias et la culture au sens le plus large, en tant que liant d’une société, sont progressivement devenus les objets d’attention principaux. « C’est peut-être le phénomène de société qui a le plus évolué depuis la création du département au début des années 1970, reconnaît le Pr Dick Tomasovic, président du département. À l’époque, les grandes théories de la réception, de l’information et de la communication questionnaient les médias de masse et leur influence. Aujourd’hui, non seulement les médias sont devenus plus interactifs, mais tout le monde peut devenir auteur, et ce jusque dans la sphère privée. La critique des médias, l’observation sur les manières de produire et de diffuser la matière sont fondamentales et traversent la médiation culturelle comme le journalisme et les arts du spectacle. » UNE PRATIQUE AU SERVICE DU SAVOIR L’enseignement universitaire est réputé pour former des citoyennes et citoyens forts d’un esprit critique aiguisé et d’une culture générale robuste. « Pourtant, les générations actuelles d’étudiants réclament de l’université une approche plus professionnalisante. On s’y refuse. Par contre, cultiver différentes manières d’ancrer un savoir, d’y accéder nous paraît pertinent. » Cette velléité de pragmatisme n’est pas neuve. Depuis une quinzaine d’années, le journalisme a progressivement basculé du statut d’objet d’étude à une pratique à laquelle on se prépare. La Grand Poste signe ainsi l’aboutissement de cette mutation. Depuis 2021, les étudiant·es en journalisme y évoluent dans une structure multimédia de niveau professionnel. 1100 m2 aménagés sur deux étages abritent la radio 48FM, une newsroom, un studio télé et multimédia de 50 places, une salle de rédaction, plusieurs unités de montage et studios de face-cam, un studio data pour se former à la gestion des données numériques, une classe, etc. Plongée au milieu d’un espace entièrement alloué aux entreprises baignant dans le numérique et les médias, cette plateforme pédagogique innovante et performante offre aux étudiant·es les outils les plus pointus pour apprendre, expérimenter, inventer, se former et réfléchir sur le métier de journaliste. Cette hybridation progressive a dans le même temps percolé en médiation culturelle, dans les métiers du livre et en arts du spectacle. « Confier certains cours à des professionnels a eu un impact sur l’enseignement, sur les possibilités de stage et sur des orientations plus ciblées vers le marché du travail, admet le Pr Dick Tomasovic. Aujourd’hui, en conservant la qualité universitaire de la formation, les étudiants bénéficient de plus de passerelles et d’un meilleur accompagnement dans le début de leur carrière. » Pratique et théorie s’entrecroisent et favorisent ainsi de nouvelles ouvertures intellectuelles. Dans cette optique, le laboratoire d’information et de communication audiovisuelle et multimédia (Licam) a été entièrement renouvelé. Situé place du 20-Août, il met à disposition des caméras, du matériel d’éclairage et de prise de son haut de gamme ainsi que cinq bancs de montage optimisés pour les formats longs. Engagée il y a trois ans comme logisticienne audiovisuelle, Fanny Pluymers y dispense également un cours de techniques audiovisuelles au terme duquel les étudiant·es réalisent le remake d’une scène de film. « Ces évolutions portent leurs fruits : les étudiants font maintenant preuve d’une grande maîtrise des outils numériques. Par ailleurs, certains ateliers ont été confiés à deux cinéastes reconnus, Christophe Hermans et Karima Saïdi, qui les placent face à la réalité du métier. Se retrouver derrière la caméra, éprouver soi-même le processus cinématographique (scénario, production, * voir l’article “Métamorphoses” paru dans le LQJ de janvier 2021 : https://www.lqj.uliege.be/GrandPoste mai-août 2023 i 285 i www.ul iege.be/LQJ 22 omni sciences

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